L’avenir des vins de Bourgogne au coeur de Vinosphère
Le 14 février dernier avait lieu à Beaune la troisième édition de Vinosphère. L’occasion de se pencher sur l’avenir des vins de Bourgogne.

En seulement deux ans, Vinosphère est devenu un rendez-vous absolument incontournable de la profession. Pour preuve un Palais des Congrès qui affichait complet au moment d’évoquer, lors de cette journée de travail, une thématique qui ne peut laisser personne indifférent. A savoir « 2017 – 2018 : quels enseignements pour l’avenir des vins de bourgogne ? ». Rien de tel, en effet, pour la filière vitivinicole de comprendre le passé pour inventer le futur. Président délégué du BIVB, Louis-Fabrice Latour a estimé « qu’en cette période bénie et prospère, il faut prendre de la hauteur et réfléchir. Il faut être en capacité de se projeter ». Et de conclure son propos en se félicitant des 250 participants à cette journée, signe d’ « un vrai succès. »
Investir sur la recherche
Cette matinée a permis, dans un premier temps, de faire le point sur le dépérissement. Jean-Philippe Gervais, directeur technique du BIVB, a rappelé qu’il s’agissait d’une notion complexe. « Il n’y a pas un mais plusieurs types de dépérissement. Il y a plus de 70 facteurs identifiés ». Et de constater une disparition chaque année de 4 à 5 % du vignoble et une diminution des rendements de 4.6 hectolitres par hectare. Plus de dix millions d’euros ont été investis sur trois ans pour traiter du dépérissement. « C’est un plan ambitieux ». Avec, à la clé, plusieurs actions engagées. « Le viticulteur est acteur de la lutte ». A partir notamment de remontées d’informations nationales, un travail important a été mené sur les certificats de qualification des ouvriers viticoles ainsi que sur l’engagement des lycées sur la formation initiale. On citera également la création d’une web formation qui devrait ouvrir ces derniers jours. Quant au matériel végétal, « c’est un point clé. » On évoquera ainsi la création d’une marque collective de certification des bois et des plans de vigne portée par la fédération des pépiniéristes de France. En parallèle, a été réalisée un "benchmark" (étude) des pratiques des pépinières à l’international. Pour ce qui est de la surveillance du vignoble, est née une infrastructure de données géographique de réseaux d’observation, effective dans quelques mois. A noter, enfin, qu’il y a cinq nouveaux programmes de recherche qui s'ajouteront aux neuf précédents.
Pour sa part, Christine Monamy, du BIVB, s’est intéressée au changement climatique. L’occasion de faire un retour sur les deux dernières années calendaires 2017 et 2018. Ainsi, 2018 aura été tout simplement l’année la plus chaude du siècle. Pour Christine Monamy, les températures moyennes de l’air vont continuer à augmenter au cours du XXIème siècle. Par contre, côté précipitations, difficile de prévoir l’avenir du fait de fortes incertitudes. A souligner que la variabilité inter-annuelle sera toujours présente. « 2018 est l’exemple du futur moyen. »
La complexité grandissante de la transmission
Par la suite, Philippe Longepierre, du BIVB, et Sarah Perie-Frey, ingénieur de recherche, se sont intéressés à la transmission. Pour Philippe Longepierre, il s’agit « d’une problématique importante pour préserver le modèle bourguignon. » Le sujet fait partie des priorités du BIVB. Pour preuves les études réalisées suite à la demande de la commission développement durable du BIVB.
Sarah Perie-Frey a livré les résultats d’une étude menée sur une année. Selon elle, il y a absence d’un modèle bourguignon unique. Il n’y a pas un mais plusieurs modèles, très diférents selon les départements. Car chaque département a ses particularités comme la Saône-et-Loire qui compte 1.616 exploitations viticoles pour 12.800 hectares. Soit une moyenne de 8 hectares par exploitation, 50 % étant entre 5 et 30 hectares. A noter aussi que, dans notre département, la valeur des vignes en AOP a finalement assez peu augmenté si l’on compare avec la Côte d’Or. Laquelle valeur est très dépendante de l’appellation. L’arrivée de nouveaux investisseurs résulte de différentes stratégies. La vigne est aussi bien perçue comme une valeur refuge que recherchée pour une question d’image ou encore par choix du peu de risque de cette activité économique. Néanmoins, l’envolée des prix dans certains vignobles entraîne une vraie difficulté de transmission d’exploitation, surtout en Côte d’Or. A noter de fortes disparités entre régions viticoles bourguignonnes. Les trajectoires de transmission sont conditionnées par les appellations.
Par ailleurs, Sarah Perie-Frey a remarqué une mutation de l’image du vigneron, passant de technicien à manager. C’est un professionnel de mieux en mieux formé avec une hausse du niveau de diplôme. En Saône-et-Loire, la forme d’entreprise qui prédomine demeure l’entreprise individuelle dans 57 % des cas. Non seulement parce que cela est plus simple au niveau administratif mais aussi du fait de l’avantage de la fusion de l’exploitation et du foncier. Quant à la régulation du foncier, elle est plutôt compliquée, pas toujours bien vécue, avec des sentiments de conflit d’intérêt sur le terrain. « Il y a moyen de faire mieux ». Mais peut-être aussi de faire pire...
L’avenir des vins de Bourgogne au coeur de Vinosphère

En seulement deux ans, Vinosphère est devenu un rendez-vous absolument incontournable de la profession. Pour preuve un Palais des Congrès qui affichait complet au moment d’évoquer, lors de cette journée de travail, une thématique qui ne peut laisser personne indifférent. A savoir « 2017 – 2018 : quels enseignements pour l’avenir des vins de bourgogne ? ». Rien de tel, en effet, pour la filière vitivinicole de comprendre le passé pour inventer le futur. Président délégué du BIVB, Louis-Fabrice Latour a estimé « qu’en cette période bénie et prospère, il faut prendre de la hauteur et réfléchir. Il faut être en capacité de se projeter ». Et de conclure son propos en se félicitant des 250 participants à cette journée, signe d’ « un vrai succès. »
Investir sur la recherche
Cette matinée a permis, dans un premier temps, de faire le point sur le dépérissement. Jean-Philippe Gervais, directeur technique du BIVB, a rappelé qu’il s’agissait d’une notion complexe. « Il n’y a pas un mais plusieurs types de dépérissement. Il y a plus de 70 facteurs identifiés ». Et de constater une disparition chaque année de 4 à 5 % du vignoble et une diminution des rendements de 4.6 hectolitres par hectare. Plus de dix millions d’euros ont été investis sur trois ans pour traiter du dépérissement. « C’est un plan ambitieux ». Avec, à la clé, plusieurs actions engagées. « Le viticulteur est acteur de la lutte ». A partir notamment de remontées d’informations nationales, un travail important a été mené sur les certificats de qualification des ouvriers viticoles ainsi que sur l’engagement des lycées sur la formation initiale. On citera également la création d’une web formation qui devrait ouvrir ces derniers jours. Quant au matériel végétal, « c’est un point clé. » On évoquera ainsi la création d’une marque collective de certification des bois et des plans de vigne portée par la fédération des pépiniéristes de France. En parallèle, a été réalisée un "benchmark" (étude) des pratiques des pépinières à l’international. Pour ce qui est de la surveillance du vignoble, est née une infrastructure de données géographique de réseaux d’observation, effective dans quelques mois. A noter, enfin, qu’il y a cinq nouveaux programmes de recherche qui s'ajouteront aux neuf précédents.
Pour sa part, Christine Monamy, du BIVB, s’est intéressée au changement climatique. L’occasion de faire un retour sur les deux dernières années calendaires 2017 et 2018. Ainsi, 2018 aura été tout simplement l’année la plus chaude du siècle. Pour Christine Monamy, les températures moyennes de l’air vont continuer à augmenter au cours du XXIème siècle. Par contre, côté précipitations, difficile de prévoir l’avenir du fait de fortes incertitudes. A souligner que la variabilité inter-annuelle sera toujours présente. « 2018 est l’exemple du futur moyen. »
La complexité grandissante de la transmission
Par la suite, Philippe Longepierre, du BIVB, et Sarah Perie-Frey, ingénieur de recherche, se sont intéressés à la transmission. Pour Philippe Longepierre, il s’agit « d’une problématique importante pour préserver le modèle bourguignon. » Le sujet fait partie des priorités du BIVB. Pour preuves les études réalisées suite à la demande de la commission développement durable du BIVB.
Sarah Perie-Frey a livré les résultats d’une étude menée sur une année. Selon elle, il y a absence d’un modèle bourguignon unique. Il n’y a pas un mais plusieurs modèles, très diférents selon les départements. Car chaque département a ses particularités comme la Saône-et-Loire qui compte 1.616 exploitations viticoles pour 12.800 hectares. Soit une moyenne de 8 hectares par exploitation, 50 % étant entre 5 et 30 hectares. A noter aussi que, dans notre département, la valeur des vignes en AOP a finalement assez peu augmenté si l’on compare avec la Côte d’Or. Laquelle valeur est très dépendante de l’appellation. L’arrivée de nouveaux investisseurs résulte de différentes stratégies. La vigne est aussi bien perçue comme une valeur refuge que recherchée pour une question d’image ou encore par choix du peu de risque de cette activité économique. Néanmoins, l’envolée des prix dans certains vignobles entraîne une vraie difficulté de transmission d’exploitation, surtout en Côte d’Or. A noter de fortes disparités entre régions viticoles bourguignonnes. Les trajectoires de transmission sont conditionnées par les appellations.
Par ailleurs, Sarah Perie-Frey a remarqué une mutation de l’image du vigneron, passant de technicien à manager. C’est un professionnel de mieux en mieux formé avec une hausse du niveau de diplôme. En Saône-et-Loire, la forme d’entreprise qui prédomine demeure l’entreprise individuelle dans 57 % des cas. Non seulement parce que cela est plus simple au niveau administratif mais aussi du fait de l’avantage de la fusion de l’exploitation et du foncier. Quant à la régulation du foncier, elle est plutôt compliquée, pas toujours bien vécue, avec des sentiments de conflit d’intérêt sur le terrain. « Il y a moyen de faire mieux ». Mais peut-être aussi de faire pire...