L’éclectisme de rigueur

Se renouveler. Voilà ce qu’il y a sans doute de plus difficile lorsque la culture est votre cœur de métier. C’est à ce défi que s’est attelée l’équipe de L'Arc qui propose un copieux programme jouant la carte de l’innovation tout en s’appuyant sur quelques valeurs sures et autres têtes bien connues du côté du Creusot. On pense à la danseuse, comédienne et maintenant metteur en scène Antonella Amirante avec Du piment dans les yeux. Mais aussi à Frédéric Cellé qui viendra le temps d’un Coup de foudre. Sans oublier Camille Rocailleux qui aura carte blanche pour inventer, jouer, partager et livrer des idées bien à lui, le temps d’une soirée unique.

Maintenant ou jamais

A côté de ces trois familiers de L'Arc, il y aura aussi des artistes tels que Christian Duchange qui arrivera le 20 janvier avec Sous l’armure, un conte inspiré de l’univers médiéval, porteur de bien des questions d’aujourd’hui. On notera la présence très remarquée mi-décembre de Robin Renucci avec L’avaleur, d’après Other People’s Money de Jerry Sterner. Le public découvrira une satire du processus de fusions-acquisitions. Se confrontent un prédateur compulsif et un PDG d’entreprise familiale aux allures de capitaine bienveillant. Dans cette pièce plane l’ombre de nombreux businessmen sans scrupules. Le spectacle Dans la peau d’un magicien verra, le 27 janvier, Thierry Collet mêler magie mentale, effets de manche, grandes illusions et tours de cartes. Le prestidigitateur invitera à basculer du côté obscur de la force en partageant l’expérience, parfois troublante, de la manipulation.
Par ailleurs, il y aura treize spectacles à voir en famille, faisant la part belle aux marionnettes. Parmi ce large choix, on retiendra en priorité Maintenant ou jamais proposé du 30 septembre au 2 octobre. Les spectateurs seront immergés dans une atmosphère au parfum de fête foraine. Une bande de joyeux lurons inventera un cirque fanfare généreux, à l’imagination débridée et à l’humour indiscipliné. La piste sera leur espace de liberté qu’ils investiront à coup de figures acrobatiques les plus abracadabrantes les unes que les autres. À vélo, à la bascule, au trapèze, ils créeront un joyeux bazar festif et musical.

Deux têtes d’affiche

Parmi les temps forts, on pense bien évidemment au one woman show de Sophia Aram 18 novembre intitulé Le fond de l’air effraie. Une plume cinglante, un rire engagé et un sens aiguisé de la formule sont les principaux atouts de cette humoriste qui jongle entre la revue de presse, le stand-up et les sketchs. Cette croqueuse d’actualité peste contre les absurdités de ce monde tout en brossant le portrait grinçant de notre époque et de nombreux personnages publics qui se débattent tant bien que mal dans l’air du temps. L’autre tête d’affiche, le 17 mai, ne sera autre que Thomas Fersen. Chanteur, poète, musicien et conteur, il navigue toujours avec humour et malice sur la fantaisie de la vie. Son humeur joyeuse et vagabonde tire les fils de petites histoires à croquer qu’il chante de sa voix élégamment éraillée en s’accompagnant au piano lors de cette première tournée en solo.
Tél. : 03.85.55.13.11.

Plusieurs curiosités

Pour sortir des sentiers battus, L'Arc proposera trois soirées de musiques actuelles. On pense aussi à la journée autour de langue des signes française le 22 mars avec deux spectacles parlés-signés, un "café signe" et un atelier de sensibilisation à la langue des signes et la culture sourde. On signalera également l’installation de deux expositions exceptionnelles. Avec, d’une part, les œuvres du Belge Félicien Rops, d’autre part les installations de Bob Verschueren, artiste phare du mouvement art-nature. Aujourd’hui, Félicien Rops est considéré de manière unanime comme l’une des grandes figures du dix-neuvième siècle. Il navigua à cette période charnière entre le mouvement Romantique, le courant Symboliste et le mouvement littéraire dit Décadent. L'Arc lui consacre une exposition monographique d’envergure avec une centaine d’œuvres exceptionnellement réunies entre gravures, dessins, aquarelles et huiles. Pour sa part, Bob Verschueren est un défricheur autodidacte, en prise directe avec la modernité. Il offre une relecture éphémère de L'Arc tout en conservant en filigrane ce qui fait l’histoire et la subtile originalité du Creusot. Cette expérimentation s’inscrit ainsi dans le droit fil du Land Art.