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Effeuillage

L'effeuillage, des vertus pour la qualité de la récolte

Qu’il soit manuel ou mécanique, l’effeuillage présente de nombreux intérêts pour la récolte. A condition de l’appliquer au bon moment.

Par Publié par Cédric Michelin
L'effeuillage, des vertus pour la qualité de la récolte

L’effeuillage est devenu une pratique courante en viticulture. Elle consiste à supprimer toutes ou une partie des feuilles de la zone fructifère et ainsi mettre les grappes à jour. Cette pratique, dont la mécanisation s’est largement développée depuis plusieurs années (lire encadré), est utilisée dans un souci d’améliorer la qualité de la vendange, en favorisant l’aération des grappes. L’effeuillage possède d’autres vertus, notamment celle d’améliorer la synthèse des polyphénols (tannins, anthocyanes) sur les raisins rouges et la stabilité du potentiel polyphénolique au cours du vieillissement des vins rouges. Selon l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), elle augmente les notes fruitées et diminue les arômes végétaux (pyrazine).

De 2007 à 2010, la chambre d’agriculture du Rhône a mené des essais sur l’effeuillage, en mesurant l’état sanitaire de la récolte (fréquence et intensité de botrytis, pourriture acide et sec) et ses caractéristiques (poids et nombre de grappes, degré, acidité). Ces données ont été comparées selon quatre modalités mises en place (témoin, suppression entre-cœur, effeuillage précoce, effeuillage tardif) et ont permis de confirmer tout le bien que les professionnels pensent de l’effeuillage.

Sans qu’il n’y ait de différences significatives entre chaque modalité, des tendances positives se sont pourtant dégagées. En 2009, malgré une année de faible pression en botrytis et pourriture acide, une nette différence a été observée entre le témoin (modalité 1) et les autres modalités. Lors de la saison suivante, les résultats issus des trois modalités ont confirmé cette impression au sujet du botrytis. Concernant la qualité de la récolte 2009, les responsables de l’essai ont noté un degré significativement inférieur pour le témoin (12,75) par rapport aux modalités effeuillées, précoce (13,36) et tardive (13,31).

Et de tirer comme conclusion : « toute action en vert, qu’il s’agisse d’effeuillage précoce ou tardif, ou d’enlèvement des entre-cœurs, présente un bénéfice qualitatif au niveau sanitaire ». Un effeuillage tardif permet aussi d’abaisser significativement le temps de récolte (64 h/ha) par rapport à une vigne non effeuillée (102 h/ha).

A la nouaison, et avant ?

Pour autant, l’effeuillage précoce n’est pas à exclure, selon Nina Chignac, conseillère viticole à la chambre d’agriculture du Rhône. Car la suppression des feuilles de la zone fructifère favorise la pénétration des produits phytosanitaires lors d’un traitement localisé, mais également lors d’un traitement de couverture générale. Selon les observations effectuées sur le terrain par l’IFV, la quantité de produit retrouvée sur les grappes est supérieure d’environ 50 % à celle déposée sur les grappes d’un rang non effeuillé. « Il est préférable de réaliser l’effeuillage précoce au moment de la nouaison », ajoute la conseillère viticole.

Cette absence de feuillage peut également avoir une incidence sur le potentiel photosynthétique, surtout si un effeuillage sur les deux faces est consenti. D’ailleurs, dans ce cas, la suppression de la surface foliaire du cep s’élève jusqu’à 36 %. Selon l’IFV, il importe alors de compenser cette perte par une élévation de la haie foliaire pour conserver un rapport feuilles/fruits suffisant. Quant aux risques d’échaudage, ils sont plus limités avec un effeuillage précoce que tardif.

Et avant nouaison, un effeuillage est-il conseillé ? Pendant ces six dernières années, les chercheurs de l’Agroscope en Suisse ont évalué l’impact sur la qualité de la vendange d’un effeuillage aux stades boutons séparés, floraison ou fermeture de la grappe. Trois à six premières feuilles des rameaux ont été retirées manuellement sur cinq cépages différents : chasselas, doral, gamay, merlot et pinot noir. L’intervention avant floraison est préconisée pour les rouges, car elle entraîne une baisse de l’acidité et une concentration des polyphénols. Néanmoins, ôter les feuilles avant la fleur implique une baisse du rendement, liée à une diminution du poids des grappes tandis que la fertilité est peu impactée, tout comme la vigueur de la vigne. Enfin, le millerandage et l’échaudage sont moins fréquents si l’effeuillage est effectué plus tôt.

David Duvernay

L'effeuillage, des vertus pour la qualité de la récolte

L'effeuillage, des vertus pour la qualité de la récolte

L’effeuillage est devenu une pratique courante en viticulture. Elle consiste à supprimer toutes ou une partie des feuilles de la zone fructifère et ainsi mettre les grappes à jour. Cette pratique, dont la mécanisation s’est largement développée depuis plusieurs années (lire encadré), est utilisée dans un souci d’améliorer la qualité de la vendange, en favorisant l’aération des grappes. L’effeuillage possède d’autres vertus, notamment celle d’améliorer la synthèse des polyphénols (tannins, anthocyanes) sur les raisins rouges et la stabilité du potentiel polyphénolique au cours du vieillissement des vins rouges. Selon l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), elle augmente les notes fruitées et diminue les arômes végétaux (pyrazine).

De 2007 à 2010, la chambre d’agriculture du Rhône a mené des essais sur l’effeuillage, en mesurant l’état sanitaire de la récolte (fréquence et intensité de botrytis, pourriture acide et sec) et ses caractéristiques (poids et nombre de grappes, degré, acidité). Ces données ont été comparées selon quatre modalités mises en place (témoin, suppression entre-cœur, effeuillage précoce, effeuillage tardif) et ont permis de confirmer tout le bien que les professionnels pensent de l’effeuillage.

Sans qu’il n’y ait de différences significatives entre chaque modalité, des tendances positives se sont pourtant dégagées. En 2009, malgré une année de faible pression en botrytis et pourriture acide, une nette différence a été observée entre le témoin (modalité 1) et les autres modalités. Lors de la saison suivante, les résultats issus des trois modalités ont confirmé cette impression au sujet du botrytis. Concernant la qualité de la récolte 2009, les responsables de l’essai ont noté un degré significativement inférieur pour le témoin (12,75) par rapport aux modalités effeuillées, précoce (13,36) et tardive (13,31).

Et de tirer comme conclusion : « toute action en vert, qu’il s’agisse d’effeuillage précoce ou tardif, ou d’enlèvement des entre-cœurs, présente un bénéfice qualitatif au niveau sanitaire ». Un effeuillage tardif permet aussi d’abaisser significativement le temps de récolte (64 h/ha) par rapport à une vigne non effeuillée (102 h/ha).

A la nouaison, et avant ?

Pour autant, l’effeuillage précoce n’est pas à exclure, selon Nina Chignac, conseillère viticole à la chambre d’agriculture du Rhône. Car la suppression des feuilles de la zone fructifère favorise la pénétration des produits phytosanitaires lors d’un traitement localisé, mais également lors d’un traitement de couverture générale. Selon les observations effectuées sur le terrain par l’IFV, la quantité de produit retrouvée sur les grappes est supérieure d’environ 50 % à celle déposée sur les grappes d’un rang non effeuillé. « Il est préférable de réaliser l’effeuillage précoce au moment de la nouaison », ajoute la conseillère viticole.

Cette absence de feuillage peut également avoir une incidence sur le potentiel photosynthétique, surtout si un effeuillage sur les deux faces est consenti. D’ailleurs, dans ce cas, la suppression de la surface foliaire du cep s’élève jusqu’à 36 %. Selon l’IFV, il importe alors de compenser cette perte par une élévation de la haie foliaire pour conserver un rapport feuilles/fruits suffisant. Quant aux risques d’échaudage, ils sont plus limités avec un effeuillage précoce que tardif.

Et avant nouaison, un effeuillage est-il conseillé ? Pendant ces six dernières années, les chercheurs de l’Agroscope en Suisse ont évalué l’impact sur la qualité de la vendange d’un effeuillage aux stades boutons séparés, floraison ou fermeture de la grappe. Trois à six premières feuilles des rameaux ont été retirées manuellement sur cinq cépages différents : chasselas, doral, gamay, merlot et pinot noir. L’intervention avant floraison est préconisée pour les rouges, car elle entraîne une baisse de l’acidité et une concentration des polyphénols. Néanmoins, ôter les feuilles avant la fleur implique une baisse du rendement, liée à une diminution du poids des grappes tandis que la fertilité est peu impactée, tout comme la vigueur de la vigne. Enfin, le millerandage et l’échaudage sont moins fréquents si l’effeuillage est effectué plus tôt.

David Duvernay

L'effeuillage, des vertus pour la qualité de la récolte

L'effeuillage, des vertus pour la qualité de la récolte

L’effeuillage est devenu une pratique courante en viticulture. Elle consiste à supprimer toutes ou une partie des feuilles de la zone fructifère et ainsi mettre les grappes à jour. Cette pratique, dont la mécanisation s’est largement développée depuis plusieurs années (lire encadré), est utilisée dans un souci d’améliorer la qualité de la vendange, en favorisant l’aération des grappes. L’effeuillage possède d’autres vertus, notamment celle d’améliorer la synthèse des polyphénols (tannins, anthocyanes) sur les raisins rouges et la stabilité du potentiel polyphénolique au cours du vieillissement des vins rouges. Selon l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), elle augmente les notes fruitées et diminue les arômes végétaux (pyrazine).

De 2007 à 2010, la chambre d’agriculture du Rhône a mené des essais sur l’effeuillage, en mesurant l’état sanitaire de la récolte (fréquence et intensité de botrytis, pourriture acide et sec) et ses caractéristiques (poids et nombre de grappes, degré, acidité). Ces données ont été comparées selon quatre modalités mises en place (témoin, suppression entre-cœur, effeuillage précoce, effeuillage tardif) et ont permis de confirmer tout le bien que les professionnels pensent de l’effeuillage.

Sans qu’il n’y ait de différences significatives entre chaque modalité, des tendances positives se sont pourtant dégagées. En 2009, malgré une année de faible pression en botrytis et pourriture acide, une nette différence a été observée entre le témoin (modalité 1) et les autres modalités. Lors de la saison suivante, les résultats issus des trois modalités ont confirmé cette impression au sujet du botrytis. Concernant la qualité de la récolte 2009, les responsables de l’essai ont noté un degré significativement inférieur pour le témoin (12,75) par rapport aux modalités effeuillées, précoce (13,36) et tardive (13,31).

Et de tirer comme conclusion : « toute action en vert, qu’il s’agisse d’effeuillage précoce ou tardif, ou d’enlèvement des entre-cœurs, présente un bénéfice qualitatif au niveau sanitaire ». Un effeuillage tardif permet aussi d’abaisser significativement le temps de récolte (64 h/ha) par rapport à une vigne non effeuillée (102 h/ha).

A la nouaison, et avant ?

Pour autant, l’effeuillage précoce n’est pas à exclure, selon Nina Chignac, conseillère viticole à la chambre d’agriculture du Rhône. Car la suppression des feuilles de la zone fructifère favorise la pénétration des produits phytosanitaires lors d’un traitement localisé, mais également lors d’un traitement de couverture générale. Selon les observations effectuées sur le terrain par l’IFV, la quantité de produit retrouvée sur les grappes est supérieure d’environ 50 % à celle déposée sur les grappes d’un rang non effeuillé. « Il est préférable de réaliser l’effeuillage précoce au moment de la nouaison », ajoute la conseillère viticole.

Cette absence de feuillage peut également avoir une incidence sur le potentiel photosynthétique, surtout si un effeuillage sur les deux faces est consenti. D’ailleurs, dans ce cas, la suppression de la surface foliaire du cep s’élève jusqu’à 36 %. Selon l’IFV, il importe alors de compenser cette perte par une élévation de la haie foliaire pour conserver un rapport feuilles/fruits suffisant. Quant aux risques d’échaudage, ils sont plus limités avec un effeuillage précoce que tardif.

Et avant nouaison, un effeuillage est-il conseillé ? Pendant ces six dernières années, les chercheurs de l’Agroscope en Suisse ont évalué l’impact sur la qualité de la vendange d’un effeuillage aux stades boutons séparés, floraison ou fermeture de la grappe. Trois à six premières feuilles des rameaux ont été retirées manuellement sur cinq cépages différents : chasselas, doral, gamay, merlot et pinot noir. L’intervention avant floraison est préconisée pour les rouges, car elle entraîne une baisse de l’acidité et une concentration des polyphénols. Néanmoins, ôter les feuilles avant la fleur implique une baisse du rendement, liée à une diminution du poids des grappes tandis que la fertilité est peu impactée, tout comme la vigueur de la vigne. Enfin, le millerandage et l’échaudage sont moins fréquents si l’effeuillage est effectué plus tôt.

David Duvernay

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