L’élevage entre résignation et colère face à la sécheresse…
Cette semaine, la profession a organisé quatre rencontres sécheresse sur le terrain en présence des élus et de l’administration. Vécue comme la crise de trop, la sécheresse 2019 n’est en fait que la partie visible de l’iceberg dans une profession en pleine asphyxie. Dans l’indifférence quasi-générale.

Lundi, les premières rencontres avec les élus sur la sécheresse ont eu lieu à Montcenis et Etang-sur-Arroux. Organisées dans deux exploitations sévèrement impactées, les deux réunions ont rassemblé une centaine personnes chacune dans une ambiance lourde. Cette seconde sécheresse consécutive que beaucoup jugent pire que 2018 est vraiment vécue comme celle de trop. Comme le décrivait à Montcenis, Stéphane Comeau, responsable FDSEA local, « dans les campagnes, le quotidien, ce sont des tracteurs qui courent partout pour donner à manger ou charrier de l’eau. Ce sont des vaches qui gueulent parce qu’elles ont soif ou faim. Ce sont des factures qui arrivent posant de graves problèmes de trésorerie… ».
Si l’alimentation des animaux parvient à être assurée grâce aux fourrages récoltés au printemps, en revanche le phénomène nouveau et inquiétant est le problème de l’abreuvement. Depuis la sécheresse de 2018, on voit se tarir des sources que les anciens n’avaient jamais vues à sec. La pénurie d’eau est devenue la grande hantise des éleveurs qui sont souvent contraints de prélever de l’eau potable coûteuse. Cela en devant supporter une réglementation contradictoire : interdiction de prélever l’eau du lac de la Sorme, obligation de clôturer certains cours d’eau, etc…
Face aux élus et aux représentants des services de l’Etat, les éleveurs ont témoigné de leurs difficultés, appuyés par les chiffres éclairants présentés par la conseillère de secteur à la Chambre d’agriculture Véronique Gilles.
Immense ras-le-bol
Mais si la sécheresse est bel et bien le dernier coup du sort en date porté à la profession, les échanges ont rapidement débouché sur l’expression d’un immense et profond ras-le-bol. Car s’il n’y avait que la sécheresse, la profession parviendrait à faire face, estimaient nombre d’agriculteurs. Mais ce qui rend la situation intenable, c’est que cela s’ajoute à une crise économique sans précédent dans un contexte où tout semble s’acharner contre la profession. Lundi, les témoignages des éleveurs laissaient sans voix. Des broutards payés 200 € de moins que l’année dernière ; des états généraux de l’alimentation sans effet sur le prix de la viande et ce en dépit d’une érosion des naissances… Une situation que Fabrice Voillot de Charbonnat n’hésitait pas à qualifier de « d’échec d’une filière où c’est toujours l’acheteur qui fait le prix d’où des cours du niveau de nos grands-parents ! ».
Tandis que tout est bon pour justifier des prix payés au producteur à la baisse, toutes les charges augmentent au bon vouloir des autres secteurs économiques. + 50 €/tonne pour l’aliment ; + 25 €/1.000 litres de fuel tous les 4 jours ; etc…
Pas le "moment" des contrôles
Pris dans cet étau économique qui les asphyxie, les éleveurs doivent encaisser sans broncher une pluie d’attaques incessantes émanant d’une société qui semble de plus en plus hors-sol. Parmi cette hostilité, le vote des députés de la majorité en faveur de l’importation de viande bovine canadienne ne passe toujours pas. A défaut d’explications sur ce vote incompréhensible pour les éleveurs de Saône-et-Loire, la tension est montée d’un cran ce lundi entre la profession et les élus concernés. Maladresse politique ou mauvais "moment", certains ont dénoncé aussi le maintien des contrôles administratifs : « comme si c’était le moment d’aller stresser les éleveurs avec ce genre de procédure », dénonçait Didier Talpin à Etang.
Par les élus, la société, les médias, les agriculteurs en ont assez d’être constamment critiqués, dénonçait Rémy Comeau de Charmoy. Des reproches sur l’environnement, le bien-être animal, la qualité des produits… « Trop c’est trop ! Il faut cesser d’être toujours contre les paysans, mais au contraire les accompagner », s’agaçait-il.
La colère monte…
A Montcenis comme à Etang, beaucoup de jeunes sont venus faire entendre leur désillusion. Plusieurs ont parlé de leur découragement après seulement une année ou deux d’installation. L’un d’entre eux confiait n’avoir que 300 € mensuel pour vivre. « Le moral des éleveurs est au plus bas », témoignait un vétérinaire. A Montcenis, un éleveur d’une commune voisine révélait être en train de vendre vingt vaches en envisageant sérieusement de quitter le métier. Un témoignage dur à entendre qui demandait beaucoup de courage à son auteur, commentait Sandrine Meunier des Bizots. Bien conscients de la situation dramatique de certaines exploitations, les responsables professionnels présents n’écartaient pas la possibilité d’un « départ digne » ; un droit à « s’arrêter à temps… », évoquait sans tabou Luc Jeannin. Car dans ce climat angoissant, tous pensaient aux collègues qui ont déjà commis l’irréparable… De la résignation à la colère, les plus combatifs se montraient plus menaçants. « Notre devoir est de ramener tout le monde vivant et que personne n’aille en prison ! », répondait Luc Jeannin et celui-ci de poursuivre : « il faut s’adresser à l’opinion publique. 80% des consommateurs ne sont pas forcément contre nous », rassurait le responsable. « Il faut un signal fort de l’Etat », concluait le représentant de JA Jérôme Beauchamp. « Il suffirait de nous payer la viande bovine 4 € pour que cela nous redonne le moral », lançait-il aux pouvoirs publics.
L’élevage entre résignation et colère face à la sécheresse…

Lundi, les premières rencontres avec les élus sur la sécheresse ont eu lieu à Montcenis et Etang-sur-Arroux. Organisées dans deux exploitations sévèrement impactées, les deux réunions ont rassemblé une centaine personnes chacune dans une ambiance lourde. Cette seconde sécheresse consécutive que beaucoup jugent pire que 2018 est vraiment vécue comme celle de trop. Comme le décrivait à Montcenis, Stéphane Comeau, responsable FDSEA local, « dans les campagnes, le quotidien, ce sont des tracteurs qui courent partout pour donner à manger ou charrier de l’eau. Ce sont des vaches qui gueulent parce qu’elles ont soif ou faim. Ce sont des factures qui arrivent posant de graves problèmes de trésorerie… ».
Si l’alimentation des animaux parvient à être assurée grâce aux fourrages récoltés au printemps, en revanche le phénomène nouveau et inquiétant est le problème de l’abreuvement. Depuis la sécheresse de 2018, on voit se tarir des sources que les anciens n’avaient jamais vues à sec. La pénurie d’eau est devenue la grande hantise des éleveurs qui sont souvent contraints de prélever de l’eau potable coûteuse. Cela en devant supporter une réglementation contradictoire : interdiction de prélever l’eau du lac de la Sorme, obligation de clôturer certains cours d’eau, etc…
Face aux élus et aux représentants des services de l’Etat, les éleveurs ont témoigné de leurs difficultés, appuyés par les chiffres éclairants présentés par la conseillère de secteur à la Chambre d’agriculture Véronique Gilles.
Immense ras-le-bol
Mais si la sécheresse est bel et bien le dernier coup du sort en date porté à la profession, les échanges ont rapidement débouché sur l’expression d’un immense et profond ras-le-bol. Car s’il n’y avait que la sécheresse, la profession parviendrait à faire face, estimaient nombre d’agriculteurs. Mais ce qui rend la situation intenable, c’est que cela s’ajoute à une crise économique sans précédent dans un contexte où tout semble s’acharner contre la profession. Lundi, les témoignages des éleveurs laissaient sans voix. Des broutards payés 200 € de moins que l’année dernière ; des états généraux de l’alimentation sans effet sur le prix de la viande et ce en dépit d’une érosion des naissances… Une situation que Fabrice Voillot de Charbonnat n’hésitait pas à qualifier de « d’échec d’une filière où c’est toujours l’acheteur qui fait le prix d’où des cours du niveau de nos grands-parents ! ».
Tandis que tout est bon pour justifier des prix payés au producteur à la baisse, toutes les charges augmentent au bon vouloir des autres secteurs économiques. + 50 €/tonne pour l’aliment ; + 25 €/1.000 litres de fuel tous les 4 jours ; etc…
Pas le "moment" des contrôles
Pris dans cet étau économique qui les asphyxie, les éleveurs doivent encaisser sans broncher une pluie d’attaques incessantes émanant d’une société qui semble de plus en plus hors-sol. Parmi cette hostilité, le vote des députés de la majorité en faveur de l’importation de viande bovine canadienne ne passe toujours pas. A défaut d’explications sur ce vote incompréhensible pour les éleveurs de Saône-et-Loire, la tension est montée d’un cran ce lundi entre la profession et les élus concernés. Maladresse politique ou mauvais "moment", certains ont dénoncé aussi le maintien des contrôles administratifs : « comme si c’était le moment d’aller stresser les éleveurs avec ce genre de procédure », dénonçait Didier Talpin à Etang.
Par les élus, la société, les médias, les agriculteurs en ont assez d’être constamment critiqués, dénonçait Rémy Comeau de Charmoy. Des reproches sur l’environnement, le bien-être animal, la qualité des produits… « Trop c’est trop ! Il faut cesser d’être toujours contre les paysans, mais au contraire les accompagner », s’agaçait-il.
La colère monte…
A Montcenis comme à Etang, beaucoup de jeunes sont venus faire entendre leur désillusion. Plusieurs ont parlé de leur découragement après seulement une année ou deux d’installation. L’un d’entre eux confiait n’avoir que 300 € mensuel pour vivre. « Le moral des éleveurs est au plus bas », témoignait un vétérinaire. A Montcenis, un éleveur d’une commune voisine révélait être en train de vendre vingt vaches en envisageant sérieusement de quitter le métier. Un témoignage dur à entendre qui demandait beaucoup de courage à son auteur, commentait Sandrine Meunier des Bizots. Bien conscients de la situation dramatique de certaines exploitations, les responsables professionnels présents n’écartaient pas la possibilité d’un « départ digne » ; un droit à « s’arrêter à temps… », évoquait sans tabou Luc Jeannin. Car dans ce climat angoissant, tous pensaient aux collègues qui ont déjà commis l’irréparable… De la résignation à la colère, les plus combatifs se montraient plus menaçants. « Notre devoir est de ramener tout le monde vivant et que personne n’aille en prison ! », répondait Luc Jeannin et celui-ci de poursuivre : « il faut s’adresser à l’opinion publique. 80% des consommateurs ne sont pas forcément contre nous », rassurait le responsable. « Il faut un signal fort de l’Etat », concluait le représentant de JA Jérôme Beauchamp. « Il suffirait de nous payer la viande bovine 4 € pour que cela nous redonne le moral », lançait-il aux pouvoirs publics.
L’élevage entre résignation et colère face à la sécheresse…

Lundi, les premières rencontres avec les élus sur la sécheresse ont eu lieu à Montcenis et Etang-sur-Arroux. Organisées dans deux exploitations sévèrement impactées, les deux réunions ont rassemblé une centaine personnes chacune dans une ambiance lourde. Cette seconde sécheresse consécutive que beaucoup jugent pire que 2018 est vraiment vécue comme celle de trop. Comme le décrivait à Montcenis, Stéphane Comeau, responsable FDSEA local, « dans les campagnes, le quotidien, ce sont des tracteurs qui courent partout pour donner à manger ou charrier de l’eau. Ce sont des vaches qui gueulent parce qu’elles ont soif ou faim. Ce sont des factures qui arrivent posant de graves problèmes de trésorerie… ».
Si l’alimentation des animaux parvient à être assurée grâce aux fourrages récoltés au printemps, en revanche le phénomène nouveau et inquiétant est le problème de l’abreuvement. Depuis la sécheresse de 2018, on voit se tarir des sources que les anciens n’avaient jamais vues à sec. La pénurie d’eau est devenue la grande hantise des éleveurs qui sont souvent contraints de prélever de l’eau potable coûteuse. Cela en devant supporter une réglementation contradictoire : interdiction de prélever l’eau du lac de la Sorme, obligation de clôturer certains cours d’eau, etc…
Face aux élus et aux représentants des services de l’Etat, les éleveurs ont témoigné de leurs difficultés, appuyés par les chiffres éclairants présentés par la conseillère de secteur à la Chambre d’agriculture Véronique Gilles.
Immense ras-le-bol
Mais si la sécheresse est bel et bien le dernier coup du sort en date porté à la profession, les échanges ont rapidement débouché sur l’expression d’un immense et profond ras-le-bol. Car s’il n’y avait que la sécheresse, la profession parviendrait à faire face, estimaient nombre d’agriculteurs. Mais ce qui rend la situation intenable, c’est que cela s’ajoute à une crise économique sans précédent dans un contexte où tout semble s’acharner contre la profession. Lundi, les témoignages des éleveurs laissaient sans voix. Des broutards payés 200 € de moins que l’année dernière ; des états généraux de l’alimentation sans effet sur le prix de la viande et ce en dépit d’une érosion des naissances… Une situation que Fabrice Voillot de Charbonnat n’hésitait pas à qualifier de « d’échec d’une filière où c’est toujours l’acheteur qui fait le prix d’où des cours du niveau de nos grands-parents ! ».
Tandis que tout est bon pour justifier des prix payés au producteur à la baisse, toutes les charges augmentent au bon vouloir des autres secteurs économiques. + 50 €/tonne pour l’aliment ; + 25 €/1.000 litres de fuel tous les 4 jours ; etc…
Pas le "moment" des contrôles
Pris dans cet étau économique qui les asphyxie, les éleveurs doivent encaisser sans broncher une pluie d’attaques incessantes émanant d’une société qui semble de plus en plus hors-sol. Parmi cette hostilité, le vote des députés de la majorité en faveur de l’importation de viande bovine canadienne ne passe toujours pas. A défaut d’explications sur ce vote incompréhensible pour les éleveurs de Saône-et-Loire, la tension est montée d’un cran ce lundi entre la profession et les élus concernés. Maladresse politique ou mauvais "moment", certains ont dénoncé aussi le maintien des contrôles administratifs : « comme si c’était le moment d’aller stresser les éleveurs avec ce genre de procédure », dénonçait Didier Talpin à Etang.
Par les élus, la société, les médias, les agriculteurs en ont assez d’être constamment critiqués, dénonçait Rémy Comeau de Charmoy. Des reproches sur l’environnement, le bien-être animal, la qualité des produits… « Trop c’est trop ! Il faut cesser d’être toujours contre les paysans, mais au contraire les accompagner », s’agaçait-il.
La colère monte…
A Montcenis comme à Etang, beaucoup de jeunes sont venus faire entendre leur désillusion. Plusieurs ont parlé de leur découragement après seulement une année ou deux d’installation. L’un d’entre eux confiait n’avoir que 300 € mensuel pour vivre. « Le moral des éleveurs est au plus bas », témoignait un vétérinaire. A Montcenis, un éleveur d’une commune voisine révélait être en train de vendre vingt vaches en envisageant sérieusement de quitter le métier. Un témoignage dur à entendre qui demandait beaucoup de courage à son auteur, commentait Sandrine Meunier des Bizots. Bien conscients de la situation dramatique de certaines exploitations, les responsables professionnels présents n’écartaient pas la possibilité d’un « départ digne » ; un droit à « s’arrêter à temps… », évoquait sans tabou Luc Jeannin. Car dans ce climat angoissant, tous pensaient aux collègues qui ont déjà commis l’irréparable… De la résignation à la colère, les plus combatifs se montraient plus menaçants. « Notre devoir est de ramener tout le monde vivant et que personne n’aille en prison ! », répondait Luc Jeannin et celui-ci de poursuivre : « il faut s’adresser à l’opinion publique. 80% des consommateurs ne sont pas forcément contre nous », rassurait le responsable. « Il faut un signal fort de l’Etat », concluait le représentant de JA Jérôme Beauchamp. « Il suffirait de nous payer la viande bovine 4 € pour que cela nous redonne le moral », lançait-il aux pouvoirs publics.