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Les 50 ans du Groupe Sicarev

L’entreprise coopérative, modèle d’avenir ?

Les cinquante ans du Groupe Sicarev, fêtés le 21 septembre, ont
été l’occasion de réfléchir à l’avenir des filières agro-alimentaires
coopératives dans le cadre d’une table ronde sur le thème « l’entreprise coopérative, un modèle anti-crise pour forger l’avenir des éleveurs, des filières et des territoires ».
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L’amont du Groupe Sivarev est organisé en cinq organisations de producteurs, Actis bovins, Dauphidrom, Coopérative du Mézenc, Covido-Bovicoop et Charolais horizon, regroupés au sein du GIE Alliances coopératives. Mais chaque groupement tient à garder la proximité avec ses adhérents. « L’intérêt des producteurs est ce qui nous guide », intervient Philippe Plasse, président d’Actis bovins, regroupant les éleveurs de la Loire. Pour Philippe Dumas, président du Groupe Sicarev, « nous sommes une entreprise régionale à dimension nationale ». Eric Chavrot, président de Dauphidrom, regroupant les producteurs de l’Isère, la Drôme, l’Ardèche, la Savoie et la Haute-Savoie, estime qu’« il faut garder l’esprit de groupe et le cultiver dans les groupements ». « Les jeunes ont peur des grandes coopératives car ils ne se sentent pas assez consultés », estime Philippe Mangin, président de Coop de France et de la coopérative EMC2 en Lorraine et Champagne-Ardennes. Pour lui, « l’organisation de Sicarev est exemplaire. Il est essentiel que les adhérents soient impliqués dans les projets ». Pour le président de Coop de France, « la ferme France a beaucoup d’efforts à faire car les clients sont très concentrés. Il faut que l’amont soit regroupé pour avoir une chance de bien valoriser la production. Travailler sur l’organisation de l’offre est essentiel ».
Les responsables des organisations de producteurs présents à la table ronde estiment effectivement qu’il y a nécessité d’organiser l’amont de la filière viande, les producteurs et la production. Selon Philippe Plasse, « notre objectif est de valoriser la production des adhérents, et toute la production. C’est pour cela que les groupements et le groupe investissent dans des outils, qu’il faut faire tourner. Sicarev est présent à l’export avec les animaux maigres et est présent sur le territoire avec ses abattoirs ».
« Il y a 20 ans qu’on parle d’organisation de la filière, est intervenu Fabrizzio Guidetti, président du groupe coopératif italien Unipeg. Il nous faut prêter attention à la distribution car nous produisons pour la distribution ». De plus, « Deltagro Union et Unipeg défendent les intérêts des éleveurs. Unipeg fait en sorte que les éleveurs achètent les broutards au meilleur prix pour bien les valoriser. L’intérêt des coopératives est de défendre les intérêts des adhérents ».

Abattage et transformation


Au fil des années, le Groupe Sicarev est devenu un acteur majeur dans le secteur des viandes bovines et porcines. Ce tournant vise à valoriser l’ensemble de la production des adhérents. Il repose sur l’industrialisation des outils et l’organisation en filières.
« L’évolution vers le multi-espèces est un vrai choix stratégique, indique Philippe Dumas. Nos clients demandaient à être livrés dans plusieurs espèces. La force de notre groupe est de pouvoir jouer sur la complémentarité des espèces. Nous sommes reconnus par nos clients de la distribution. Nous devons nous doter des bons outils ». Ainsi, Sicarev est un groupe multi-produits, mais avec des outils spécialisés, compétitifs et performants. « Au lendemain de la crise de l’ESB, la distribution demandait de plus en plus de garanties, indique Guy Fonteniaud, président de Charolais horizon. Il fallait accompagner notre production jusqu’à l’aval. Nous avons donc investi dans le Groupe Sicarev ».
« La dimension de nos outils est au service de la valorisation des adhérents, précise Philippe Dumas. Pour valoriser toute la production et l’ensemble des catégories, nous devons avoir les outils adaptés ». Cela est également nécessaire « pour appréhender l’ensemble des marchés et avoir des débouchés ». Philippe Dumas rappelle que « les producteurs maîtrisent les outils d’abattage. Ce sont les membres du conseil d’administration qui décident des orientations ».

Export


En dix ans, Deltagro Union, créé à l’initiative de Sicarev, est devenu le premier exportateur français de bovins. « Cette structure a été créée avec les capitaux des producteurs, rappelle Philippe Dumas. Deltagro union a évolué et j’espère qu’elle évoluera encore ». Les capitaux des producteurs permettent de valoriser leurs animaux. En créant leur propre structure d’exportation, les producteurs en ont la maîtrise.
« Notre structure d’export doit avoir la capacité à aller chercher les clients, ajoute Philippe Dumas. En étant plus nombreux, on arrive à lisser la production grâce à la complémentarité des zones ». « Nous répondons ainsi aux attentes des clients et donc à mieux valoriser la production » complète Bernard Pouillon, directeur général du Groupe Sicarev. « La réalité du marché montre qu’il est nécessaire de regrouper la production, intervient Philippe Plasse. C’est un moyen de répondre aux attentes des clients ». La stratégie de volume permet de répondre à une segmentation de qualité et de poids.
« Nous sommes leader à l’export mais nous avons aussi des outils à faire tourner, précise Philippe Dumas. Depuis le départ, nous avons fait le choix de gérer des abattoirs et d’exporter. Nous sommes sur une zone où il y a des animaux maigres et des animaux gras. Il faut gérer les deux types de productions. On prend la production des adhérents telle qu’elle est dans le bassin ». La création du GFE à l'export « a tiré le marché vers le haut. Les cours du jeune bovin ont augmenté. Sur le moyen et le long, il devrait redonner une dynamique à l’engraissement et donc fournir les abattoirs ».




Enjeux et stratégies


Professeur chercheur consultant pour le groupe Essec Imia, spécialiste de la coopération, René Mauget a présenté les stratégies d’alliances et le développement international des groupes coopératifs. Pour lui, les enjeux et les stratégies pour la filière viande sont les suivants :

- poursuivre la concentration : peser face à la grande distribution en développant des outils de deuxième transformation ; peser face à la concurrence internationale et réduire les coûts ; pérenniser les bassins français de production dans la mondialisation ; partenariats avec les Européens ; faire émerger des groupes de grande taille.

- trouver de nouveaux relais de croissance à l’international (pays émergents) ;

- faire face aux conséquences de la réforme de la Pac et à l’OMC ;

- faire face à la volatilité des cours de l’alimentation animale ;

- s’adapter à la demande.




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