L'Esca dévaste le vignoble
nouveau sous-préfet de Chalon, a répondu à l’invitation de l’Union viticole 71 pour la
traditionnelle visite des vignerons en vendanges. Un premier échange a eu lieu à la
cave des Vignerons de Buxy, puis une seconde visite au Domaine
Laurent Cognard également à Buxy. Retour sur les échanges.
Exemple, la cave de Buxy connaît sa quatrième année consécutive avec des baisses de rendement. Insistant sur les répercussions économiques pour toute la Côte chalonnaise, François Legros, président de la cave des Vignerons de Buxy rappelait l’importance de cette cave créée en 1931 : 1.200 hectares de vignes, 70.000 hectolitres de vin et surtout 120 familles qui vivent de la viticulture grâce à la cave coopérative.
Flavescence dorée, la profession s’est saisie de la lutte…
Après être revenu sur les accidents climatiques (grêle) qui ont frappé la cave ces quatre dernières années, François Legros revenait sur la lutte contre la flavescence dorée : « on a bien joué le jeu » expliquait-il, soulignant la forte mobilisation de la profession pour la prospection collective et pour avant avoir réaliser les traitements obligatoires. De son côté, le préfet indiquait « qu’un point complet sur la flavescence serait fait mi-novembre. Mais les premiers résultats d’analyse montrent que le plan de lutte défini et le périmètre de lutte étaient pertinents ». Sur ce « chapitre » flavescence dorée, Robert Martin continuait de demander au préfet de veiller à partout « faire appliquer les arrêtés existants par rapport aux problèmes de vignes incultes ».
L’esca un impact croissant pour la cave…
François Legros insistait ensuite plus particulièrement sur l’esca. « C’est le problème numéro un chez nous » expliquait-il, rappelant « que par exploitation ça représente plusieurs milliers de pieds à remplacer. Et la maladie gagne du terrain ». Il soulignait aussi « qu’avant on disait, si ça se confirme ça va être grave, maintenant, c’est grave ». Vice-président de la FDSEA 71 pour l’arrondissement de Chalon, Pascal Cottenceau réitérait la demande d’une possibilité d’utilisation du produit de traitement qui soit encadrée par des prestataires agréés.
François Legros concluait en rappelant que « la tarière, c’est malheureusement l’outil dont on se sert le plus dans l’année ». Toujours sur le sujet des maladie du bois, François Legros soulignait aussi les effets de la tylose sur les clones 161-49 provoquant de la mortalité même sur de jeunes vignes, ce qui représente 60 hectares touchés sur la cave. Pascal Cottenceau finissait sur l’importance de garder la possibilité de traitements aériens dérogatoires face à des circonstances climatiques exceptionnelles pour sauver la récolte. Présente au titre de la DDT, Florence Laubier se montrait toutefois assez pessimiste sur la pérennité dans les années à venir de ce type de dérogation.
Fourniture de pastis gratuit à l'Etat
Robert Martin profitait ensuite de la présence du préfet et du sous-préfet de Chalon pour alerter sur les menaces pesant sur le vin et mises en avant par Vin et Société : interdiction de parler du vin sur Internet, interdiction de communiquer positivement sur le vin, taxation du vin, radicalisation du message sanitaire et durcissement des règles d’étiquetage. Le président de l'Union viticole 71 rappelait que « si on veut rester le premier pays producteur de vin et oenotouristique en Europe, il faut pouvoir parler du vin ». Il soulignait ensuite les paradoxes de certaines mesures, et insistait un brin provocateur, « si on veut supprimer l’alcoolisme en France, supprimons d’abord les prestations viniques. Par l’obligation de prestations viniques, je fournis gratuitement à l’Etat chaque année l’équivalent de 1.000 litres de pastis ». Des arguments en faveur du vin et d’une consommation raisonnée qui ont visiblement « fait mouche », le préfet rappelait alors qu’à ce jour aucune mesure n’a été validée et « que le vin, c’est plus qu’une production agricole ».
Inquiétudes par rapport aux baisses de rendement…
Robert Martin insistait également sur les difficultés à atteindre les rendements rencontrées ces dernières années et sur les risques potentiels d’une démarche Ecophyto 2018 appliquée de manière arbitraire et déconnectée des conditions climatiques. Il soulignait les difficultés économiques réelles qui en découlent, rappelant aussi les dernières études du centre de gestion : « 25 % des exploitations en appellations régionales sont tout juste au seuil de rentabilité ». De son côté, Pierre-François Goubard, vice-président de l’Union viticole 71 pour le Chalonnais, soulignait les problèmes par rapport à des fermages fixés en fonction d’un plein rendement avec des rendements en baisse de 15 à 20 %. Une inquiétude partagée aussi par René Foret, représentant les bailleurs de la FDSEA qui rappelait l’impact d’une telle situation dans la durée pour la valeur du patrimoine des propriétaires. De son côté, vigneron à Montagny, Alain Roy confirmait les difficultés économiques de certains exploitants et il soulignait la multiplication des emprunts (courts termes vendanges par exemple), citant l’exemple de vignerons contraints d’emprunter pour recourir suite aux ravages de l’esca, il concluait, « c’est terrible de devoir emprunter pour entretenir le capital ».