Hausse de l'alimentation animale
L'été sera chaud !
Si les grandes surfaces refusent de négocier une adaptation des prix de vente des produits d’origine agricole, « on va bouger dans les régions », prévient-on à la FNSEA. Autrement dit, les paysans pourraient manifester dans les grandes surfaces... Le retour de la hausse des prix des matières premières agricoles commence sérieusement à handicaper les marges des éleveurs. Tous demandent aux grandes surfaces d’en tenir compte et d’ajuster leurs prix d’achat des produits agricoles ou d’origine agricole.
La formule est consacrée : l’été sera chaud. Pas seulement en terme de température, mais aussi, sans doute, en terme de mobilisation agricole. Pourtant en général moins tenté par l’action syndicale de terrain que par des négociations en direct avec les acteurs économiques, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, prévient : si les grandes surfaces refusent de négocier une adaptation des prix de vente des produits d’origine agricole, « on va bouger ».
Les réunions commencent à se tenir dans les régions. En Normandie, « la température monte très fort », témoigne Pascal Ferey, président de la FRSEA de Basse Normandie. Tout tient en une date : le 3 mai. L’accord du 3 mai 2011 engageait ses signataires (agriculteurs, industriels de l'agroalimentaire, FCD pour les distributeurs) à prendre en compte les variations excessives des prix de l’alimentation animale dans les négociations commerciales. Deux paramètres sont suivis : la variation du prix de l’aliment du bétail et le ratio du prix du produit fini (carcasse de porc, volaille, bovin) sur le prix de l’aliment. Dès que l’évolution est excessive ou sort d’un « tunnel » de variation, les grandes surfaces se sont engagées à ouvrir des négociations pour répercuter ces hausses sur les prix aux consommateurs.
Conditions réunies
Pour la FNSEA, les conditions sont déjà réunies en matière de volaille, ce secteur qui défraie la chronique, de surcroît, par les difficultés de l’entreprise Doux et les menaces sur les éleveurs. Selon Xavier Beulin, le secteur porcin est sur le point d’entrer, fin août, dans le même schéma. Quant à l’élevage bovin, moins dépendant des aliments et dont les prix augmentent sensiblement, ce pourrait être pour septembre... Et il y a le lait aussi, dont les cours stagnent alors que, pour les éleveurs, les charges augmentent aussi. « Nous devons faire vivre l’accord du 3 mai », insiste Xavier Beulin, qui entend aussi en étendre l’application aux produits laitiers.
De presque tous les secteurs de l’élevage, des communiqués affluent pour tirer des sonnettes d’alarme. Les coopératives, aussi, demandent instamment un ajustement des prix consommateurs en insistant pour que cet ajustement soit répercuté au secteur abattage ce qui permettra de toucher les éleveurs. Le Snia, Syndicat des entreprises d’alimentation animale, plaide lui aussi pour une meilleure répercussion des coûts de production.
Le problème est d’autant plus préoccupant que la flambée des prix des matières premières semble devoir durer. Les "fondamentaux", selon le terme convenu, installent les grandes cultures dans une tendance haussière au moins pour la prochaine récolte. Sécheresse aux États-unis, baisse de production dans la région de la Mer noire, poursuite de la hausse de la demande internationale… Ce ne sera pas une flambée de courte durée.
Pour l’instant, les grandes surfaces se font tirer l’oreille. Ou tout au moins, leurs réactions sont très sporadiques. Chez Système U, on commence à discuter, pour les produits de volaille. À la FCD, qui regroupe les enseignes de grandes surfaces hors Leclerc et Intermarché, on reste très prudent. Mathieu Pecqueur, chef de service agriculture et qualité de la FCD, affirme que les conditions définies par l’accord du 3 mai 2011 ne sont pas réunies.
La question n’est-elle que technique ? Non, elle est également politique et le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll en est conscient. D’une part, il a déclaré publiquement qu’il faut soutenir l’accord du 3 mai. D’autre part, il compte faire d’une réunion de concertation prévue le 7 septembre sur la réforme de la Pac l’occasion d’analyser les filières de l’élevage et l’impact de la hausse de leurs coûts.
Tous cherchent à "dégoupiller" la grenade de la flambée des prix et de ses effets. Les raisons sont multiples, au-delà des conséquences très dures sur les éleveurs.
Contribution des grandes cultures
Dans certaines régions d’élevage, on recommence à poser la question de la contribution des céréaliers à une meilleure maîtrise des coûts d’aliment du bétail. D’autant que la conjoncture d’exportation va être excellente. Le marché mondial est plus tendu que jamais et la France est un des seuls pays à produire plus, selon les prévisions. Enfin, côté pouvoirs publics, à l’heure où les plans sociaux se multiplient, avec un taux de chômage qui va augmenter, il faut éviter une explosion des prix alimentaires.
A défendre le revenu des éleveurs, Stéphane Le Foll risque d’être un peu seul au sein du Gouvernement et surtout de manquer singulièrement de moyens en pleine période de restrictions budgétaires. Voilà autant de raisons pour lesquelles le président de la FNSEA demande un rendez-vous avec le président de la République. Officiellement il s’agit de voir quel peut être le rôle de la France dans une planète soumise à la flambée des prix et de parler d’un « pacte » possible pour la stabilité des matières premières agricoles « car il n’est pas admissible de jouer avec la sécurité alimentaire des peuples », plaide Xavier Beulin. Mais il s’agit sans doute aussi de sensibiliser François Hollande à la difficile équation de cette flambée des prix pour le monde agricole et pour la France en général. une issue en douceur est préférable pour tous plutôt qu’un été chaud.
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Les réunions commencent à se tenir dans les régions. En Normandie, « la température monte très fort », témoigne Pascal Ferey, président de la FRSEA de Basse Normandie. Tout tient en une date : le 3 mai. L’accord du 3 mai 2011 engageait ses signataires (agriculteurs, industriels de l'agroalimentaire, FCD pour les distributeurs) à prendre en compte les variations excessives des prix de l’alimentation animale dans les négociations commerciales. Deux paramètres sont suivis : la variation du prix de l’aliment du bétail et le ratio du prix du produit fini (carcasse de porc, volaille, bovin) sur le prix de l’aliment. Dès que l’évolution est excessive ou sort d’un « tunnel » de variation, les grandes surfaces se sont engagées à ouvrir des négociations pour répercuter ces hausses sur les prix aux consommateurs.
Conditions réunies
Pour la FNSEA, les conditions sont déjà réunies en matière de volaille, ce secteur qui défraie la chronique, de surcroît, par les difficultés de l’entreprise Doux et les menaces sur les éleveurs. Selon Xavier Beulin, le secteur porcin est sur le point d’entrer, fin août, dans le même schéma. Quant à l’élevage bovin, moins dépendant des aliments et dont les prix augmentent sensiblement, ce pourrait être pour septembre... Et il y a le lait aussi, dont les cours stagnent alors que, pour les éleveurs, les charges augmentent aussi. « Nous devons faire vivre l’accord du 3 mai », insiste Xavier Beulin, qui entend aussi en étendre l’application aux produits laitiers.
De presque tous les secteurs de l’élevage, des communiqués affluent pour tirer des sonnettes d’alarme. Les coopératives, aussi, demandent instamment un ajustement des prix consommateurs en insistant pour que cet ajustement soit répercuté au secteur abattage ce qui permettra de toucher les éleveurs. Le Snia, Syndicat des entreprises d’alimentation animale, plaide lui aussi pour une meilleure répercussion des coûts de production.
Le problème est d’autant plus préoccupant que la flambée des prix des matières premières semble devoir durer. Les "fondamentaux", selon le terme convenu, installent les grandes cultures dans une tendance haussière au moins pour la prochaine récolte. Sécheresse aux États-unis, baisse de production dans la région de la Mer noire, poursuite de la hausse de la demande internationale… Ce ne sera pas une flambée de courte durée.
Une question politique
Pour l’instant, les grandes surfaces se font tirer l’oreille. Ou tout au moins, leurs réactions sont très sporadiques. Chez Système U, on commence à discuter, pour les produits de volaille. À la FCD, qui regroupe les enseignes de grandes surfaces hors Leclerc et Intermarché, on reste très prudent. Mathieu Pecqueur, chef de service agriculture et qualité de la FCD, affirme que les conditions définies par l’accord du 3 mai 2011 ne sont pas réunies.
La question n’est-elle que technique ? Non, elle est également politique et le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll en est conscient. D’une part, il a déclaré publiquement qu’il faut soutenir l’accord du 3 mai. D’autre part, il compte faire d’une réunion de concertation prévue le 7 septembre sur la réforme de la Pac l’occasion d’analyser les filières de l’élevage et l’impact de la hausse de leurs coûts.
Tous cherchent à "dégoupiller" la grenade de la flambée des prix et de ses effets. Les raisons sont multiples, au-delà des conséquences très dures sur les éleveurs.
Contribution des grandes cultures
Dans certaines régions d’élevage, on recommence à poser la question de la contribution des céréaliers à une meilleure maîtrise des coûts d’aliment du bétail. D’autant que la conjoncture d’exportation va être excellente. Le marché mondial est plus tendu que jamais et la France est un des seuls pays à produire plus, selon les prévisions. Enfin, côté pouvoirs publics, à l’heure où les plans sociaux se multiplient, avec un taux de chômage qui va augmenter, il faut éviter une explosion des prix alimentaires.
A défendre le revenu des éleveurs, Stéphane Le Foll risque d’être un peu seul au sein du Gouvernement et surtout de manquer singulièrement de moyens en pleine période de restrictions budgétaires. Voilà autant de raisons pour lesquelles le président de la FNSEA demande un rendez-vous avec le président de la République. Officiellement il s’agit de voir quel peut être le rôle de la France dans une planète soumise à la flambée des prix et de parler d’un « pacte » possible pour la stabilité des matières premières agricoles « car il n’est pas admissible de jouer avec la sécurité alimentaire des peuples », plaide Xavier Beulin. Mais il s’agit sans doute aussi de sensibiliser François Hollande à la difficile équation de cette flambée des prix pour le monde agricole et pour la France en général. une issue en douceur est préférable pour tous plutôt qu’un été chaud.
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Fruits et légumes : des prix globalement stables
En raison d’une faible production, les prix se maintiennent globalement pour le secteur. C’est le cas en particulier des légumes : s’il y a eu des pertes en volume, les niveaux de consommation ne sont pas très élevés, d’où des prix producteurs qui bougent peu. Même observation pour les prix à la consommation qui demeurent raisonnables. Les disparités sont en revanche fortes du côté des fruits. Si les cerises sont chères sur les étalages, les prix producteurs, malgré des volumes faibles, sont bas en raison d’une qualité moindre. Ce qui n’est pas le cas des abricots et des pêches dont la bonne qualité et la faiblesse des volumes (en France, mais aussi en Espagne) donnent lieu à des prix producteurs très convenables.
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