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Litière bois plaquettes

L’expérience de la Cuma Terr’eau dans la Nièvre

L’année de sécheresse 2011 a tendu les cours de la paille. De nombreux éleveurs ont cherché des alternatives à celle-ci qui atteignait des coûts de 80 à 110 € HT/tonne en moyenne. Les pratiques de paillage aux plaquettes de bois ne sont pas nouvelles en élevage. Retour d’expérience avec la Cuma Terr’Eau dans la Nièvre.
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La section déchiquetage de la Cuma Terr’Eau a doublé ses quantités de bois broyés au profit de la litière des animaux. En 2011, les volumes ont atteint 8.500 MAP (mètre cube apparent de plaquettes) et concernent plus de 70 éleveurs, soit 120 MAP par éleveur en moyenne. Une majorité de ces éleveurs ont ainsi testé pour la première fois cette litière au bois plaquettes. Même si l’utilisation en litière est efficace, la fédération des Cuma est en train d’enquêter les éleveurs pour faire remonter ce qui a bien et moins bien fonctionné pour mieux conseiller demain. Ce bilan s’effectuera en deux phases. Dans un premier temps, on s’intéresse aux plaquettes de bois, au type d’animaux concernés par ce paillage ainsi qu’aux techniques de paillage. La seconde phase durant les mois d’août et septembre portera sur le compostage et l’épandage de cette litière.


Beaucoup d’avantages…


Les expériences des éleveurs mettent en avant les avantages procurés par la litière aux plaquettes de bois : « drainage efficace de la litière, la paille ajoutée reste propre plus longtemps, moins de mammites, moins de boiteries (moins de pathogènes et meilleure stabilité de la litière : les animaux ne s’enfoncent pas), litière plus sèche, animaux plus propres, aucun retour d’occlusion intestinale en cas d’ingestion de plaquettes par des bovins, litière sans odeur et sans mouches (surtout en litière ovine), ce qui peut être très pertinent lorsqu’on est proche d’un hameau ou pour de l’agrotourisme. C’est un produit peu pulvérulent qui occasionne peu de risque pour les voies respiratoires. L’épandage peut se faire à la pailleuse en diminuant la vitesse du tapis, au godet dessileur (godet à tapis Emily)… ».
Les retours d’expériences des agriculteurs et d’un vétérinaire montrent que la litière à plaquettes est globalement plus saine que celle à base de paille car elle est plus sèche : 1 m³ de plaquettes sèches absorbe 350 l d’urine. Par ailleurs, elle chauffe moins car elle est moins fermentescible. Le développement des pathogènes y serait alors limité.

Une litière un peu froide


Malgré cela, quelques inconvénients sont à prendre en compte. L’abattage intervient en période hivernale souvent chargée. La litière est peu fermentescible et ne s’échauffe donc pas ou peu. C’est à la fois un avantage (moindre développement de pathogènes), mais cela signifie que la litière est relativement froide. Cela pose problème pour les jeunes veaux en stabulation libre par temps froid. Le conseil est alors de rajouter de la paille en surface en présence de veaux.
Cette litière est à composter si l’essence utilisée est tannique (chêne).

Compétitif sous certaines conditions…


En suivant différents chantiers de l’abattage à la stabulation en passant par le broyage, le coût de revient des plaquettes de bois en litière comme en chauffage est compris entre 12 et 18 €/MAP. Sont comptés les différents matériels (tracteur, chargeur, bennes…) intervenant sur les chantiers avec une rémunération des heures de main-d’œuvre de l’agriculteur à 15 €/heure. Ce qui correspond à un équivalent de 48 à 72 € HT la tonne (4 MAP = 1 tonne) sachant qu’une tonne de plaquettes absorbe autant sinon davantage qu’une tonne de paille. Les chantiers à 18 € HT/MAP correspondent souvent à des chantiers de broyage de petits bois de diamètre inférieur à 15 cm (haies de noisetiers, taillis ou branchage d’élagage au lamier) où le broyeur de la Cuma Terr’eau (Biber 70 avec grue grappin) atteint des débits de 20 à 25 MAP/heure au lieu des 40 MAP/heure en moyenne. La Cuma facturant à l’heure, les coûts de revient au MAP s’en trouvent doublés. Pour être compétitif par rapport à la paille, il faut couper des perches de 15 à 40 cm de diamètre. Ce choix optimise le chantier dans sa globalité et permet de diminuer les coûts qui sont en moyenne de 12 à 15 €/MAP (matériels et main-d’œuvre de l’agriculteur rémunérée). La ressource est présente sur l’exploitation où souvent locale et contribue à minimiser les temps et coûts de transport (matériels et carburant).
Cette pratique de paillage s’est développée dans une année de sécheresse avec des cours de la paille élevés. Elle reste peu répandue du fait de sa méconnaissance et aussi de la disponibilité de la ressource. Il est vrai que si l’on prélève en moyenne 50 MAP/an pour le chauffage, il en faut entre 100 et 300 selon les élevages. La litière aux plaquettes de bois est un complément sécuritaire et économique d’appoint très intéressant qui ne demande qu’à se développer davantage.
Une gestion de la ressource sera alors nécessaire dans les exploitations car les haies actuelles ne sont pas toujours source de production et les rotations sont de 12 à 15 ans minimum. Mais différents leviers peuvent être aujourd’hui actionnés pour permettre une production de bois plus importante…