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Le vin à l'origine des civilisations

L'humanité occupée par le vin

Depuis une vingtaine d'années, Patrick Mc Govern (University of Pennsylvania Museum in Philadelphia, États-Unis) effectue des recherches sur "Le vin à l'origine des civilisations", prêtant à réflexions.
Par Publié par Cédric Michelin
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Les propos du chercheur débutaient à la préhistoire et « nos ancêtres chimpanzés, cueilleurs, qui devaient (déjà) se saouler avec des restes de fruits ayant fermentés », comme le démontraient récemment des documentaires animaliers. « Les premiers primeurs en quelque sorte, à boire rapidement », plaisantait-il. Mais était-ce seulement pour l'ivresse ou pour le côté « liberté sociale » miraculeux ? Sentant une pointe de darwinisme en lui, il supposait que l'alcool alors produit devait être « appliqué sur les blessures, plaies et servait de protection contre certaines maladies ». Ainsi, l'espérance de vie s'en trouvait prolongée d'où une « possibilité de se reproduire plus » aussi.
Une pharmacopée qui ne le renseigne malheureusement pas sur « l'endroit où le vin a été créé ». Pour « découvrir ce passé » ("Uncovering the past" est le titre de son dernier ouvrage), il s'est intéressé aux liens - même lointains - entre vins modernes et vins préhistoriques. Absorbées par l'argile, des traces de vins ont été retrouvées au néolithique, vers 8.500 ans avant J.-C. Faisant appel aux technologies récentes les plus modernes (HPLC, spectrométrie de masse...), il a caractérisé de nombreux vins anciens, retrouvés la plupart du temps dans des poteries en argile, faute de « récipients plus primitifs en bois » n'ayant pu parvenir jusqu'à notre époque. Chine, Moyen-Orient, Grèce..., les acides aminés spécifiques aux raisins ont laissé leurs empreintes. « Les hommes devaient avoir le choix entre du vin ou du vinaigre, puisqu'il n'existait pas encore de bouchons, inventés plus tard au Moyen-Orient ». Ils utilisaient de l'argile aussi pour boucher les jarres et amphores. Les Romains utilisant ensuite des résines « très chères » puisque provenant du Yémen. Ce qui faisait dire à Patrick Mc Govern que « la préservation du vin est la grande occupation de l'humanité ».
Mais qu'en était-il au juste des vignes, hermaphrodites alors et plus productives ? Toujours dans sa quête du lieu de départ, deux hypothèses s'opposent : celle dénommée Noah pour une expansion à partir d'un lieu unique ou celle d'une domestication en de multiples lieux. Des traces remontant à -10.000 années de notre ère, le font fouiller l'actuelle Géorgie, l'Iran et l'est de la Turquie où sont découverts les vestiges des premières caves. Des découvertes similaires sont aussi à rechercher du côté de l'Égypte, dans la tombe du pharaon Scorpion I. Des variétés sauvages de vignes ont été collectées aux abords du fleuve Tigre en Mésopotamie, qui « confirment une séquence ADN très proche du pinot ou de la Syrah ». Rois et pharaons se chargeant de faire ensuite la promotion élististe de ce breuvage, « où de nombreuses herbes étaient ajoutées » dans un but médicinal. Les Phéniciens transportant « toutes sortes de biens » ont finalement du apporter vignes et vins en France sur les bords de la Méditerranée, « inspirant une production plus large ».