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Charolais de Bourgogne

L’IGP toujours en ligne de mire

Le 17 juin dernier, l’association Charolais de Bourgogne tenait son
assemblée générale. Dominique Vaizand en quittait la présidence, alors
que la marque pourrait bien décrocher l’IGP dans les tous prochains
mois…
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L’association Charolais de Bourgogne réunit 1.600 éleveurs, groupements et abatteurs de toute la région qui, depuis 1998, s'engagent à promouvoir la race née, élevée et finie sur son territoire. Au fil du temps, c'est aussi devenu une marque, reconnaissable sur les viandes commercialisées au travers d’une cinquantaine de boutiques de Bourgogne, d’Île-de-France et de Rhône-Alpes et, lors d'opérations spéciales telles que les steaks hachés fournis aux lycées et collèges de la région via la plateforme d'approvisionnement Loc'halles. Enfin, Charolais de Bourgogne, c'est aussi la volonté farouche de ces mêmes producteurs, depuis 2008, de décrocher l’IGP, l'Indication géographique protégée, un des signes officiels de qualité différent d'un Label rouge ou d'une AOC, pour mieux faire reconnaître la race au travers de son berceau géographique.

La der des der…


Et en dépit de trois ajournements successifs par l’Institut national de l’Origine et de la Qualité (INAO), dont le dernier remonte en avril dernier, le dossier sera à nouveau réexaminé. Les commissaires enquêteurs de l’INAO viennent donc de revenir en Bourgogne et leurs conclusions devraient être connus le 17 octobre prochain, cristallisant ainsi les espoirs des producteurs engagés. « Il n'y a plus qu'à attendre, mais les dès sont jetés. Cette fois, c'est la der des der », prévient Régis Taupin, le nouveau président de la structure. Eleveur allaitant dans la Nièvre, il a en effet succédé à la présidence à Dominique Vaizand, lors de l'assemblée générale du 17 juin à Pouilly-en-Auxois.
Ce qui pose problème, c'est l'existence de l’IGP Charolais du Bourbonnais dans l'Allier qui s'étend sur les communes du sud de la Nièvre et de l’ouest de la Saône-et-Loire, soit « sur un territoire qui représente quelque 10 % de notre propre potentiel de production », fait état Régis Taupin. Et les deux territoires ne peuvent pas se superposer…

La clé territoriale


Si l'absence d'antériorité et le déficit de notoriété du Charolais de Bourgogne semblent avoir posé problème à l'INAO, les adhérents pensent avoir trouvé la réponse appropriée. « Il existait en 1985 un Label charolais Morvan Bourgogne, qui a été suivi par un Label rouge, un label bio et une AOC (Bœuf de Charolles) », rétorque le président de Charolais de Bourgogne, espérant avoir convaincu les enquêteurs de l'INAO lors de leur dernière venue.
Surtout, Régis Taupin s'abrite derrière la notion de "territoire", plutôt que de "terroir", pour défendre le projet bourguignon. « Avec l'aide de géomaticiens, nous avons déterminé une zone qui couvre 95 % de la Nièvre, 25 % de l'Yonne, 35 % de la Côte d'Or et 95 % de la Saône-et-Loire, ainsi que des communes dans l'Ain, le Cher, la Loire et le Rhône. Ce territoire est fait des mêmes sous-sols, des mêmes herbages, de mêmes bovins, et affiche une grande cohérence, en plus des mêmes clochers et des mêmes villages ». Et contrairement à l'IGP de Bourbonnais, qui plafonne à 300 bêtes par an, le potentiel de développement de celle du Charolais de Bourgogne semble important. « Nous sommes 1.600 éleveurs, mais pourquoi pas 3.000 ou 4.000 demain ? ». Avec la participation des institutions régionales et la détermination éprouvée des opérateurs, Charolais de Bourgogne représente ainsi déjà quelques 5.000 carcasses par an, soit 1.000 tonnes. Et les outils de distribution, tels que les boutiques et la restauration collective, n'en sont qu'à leurs balbutiements.
Régis Taupin et son équipe misent, quoi qu'il advienne de l'IGP, sur une marque Charolais de Bourgogne ambitieuse, répondant à la demande de circuit court des consommateurs et vantant le 100 % muscle, le 100 % régional et le 100 % qualitatif. Du vert pâturage à l'assiette généreuse...



Dans la continuité


A 51 ans, Régis Taupin est agriculteur depuis 1984 sur l'exploitation familiale de Saizy, près de Corbigny, il est aujourd'hui associé en Gaec avec son frère, avec lequel il réalise 150 vêlages par an, exploite 255 ha, dont la moitié en cultures (autoconsommées et vendues), engraisse une partie du cheptel et commercialise des taureaux reproducteurs et des vaches reproductrices. Depuis 1986, il pratique aussi l'insémination artificielle, « ce qui a bien fait progresser génétiquement le troupeau », ne serait-ce que parce qu'il est convaincu d'aller « trois fois plus vite qu'avec la monte naturelle pour la sélection des lignées et des index ». Il est également membre de la Chambre d'agriculture de la Nièvre. Nouveau président de Charolais de Bourgogne, Régis Taupin se dit « plus à l'aise dans la défense des dossiers techniques, tels que l'IGP, que dans la représentation ». Il se sait et se félicite d’être « entouré d'une équipe et d'un bureau, parce qu'ici, à Saizy je suis à 1 h 15 de Dijon et 2 h de Charolles, ce qui constitue un handicap ». Il entend aussi s'affirmer « avec (sa) propre façon de présider et de faire les choses » tout en saluant la qualité du travail accompli par son prédécesseur. C'est Dominique Vaizand qui l'a d'ailleurs « fait rentrer dans l'association », ce qui préfigure une succession dans la continuité. Si le nouveau responsable se félicite du savoir-faire acquis et « à perfectionner » de Charolais de Bourgogne dans la communication vers le public et les institutions, il se donne pour objectif de « faciliter davantage la communication interne entre les 1.600 adhérents, notamment par le biais des nouvelles technologies ».