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Biotechnologies végétales

L'impasse est-elle possible ?

L’ancien ministre de l’Agriculture, Henri Nallet, et le président de la
FNSEA, Xavier Beulin, ont conclu un colloque organisé le 4 octobre par
l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV) sur le
thème : « Biotechnologies végétales : hier, aujourd’hui, demain ? ».
Pour Henri Nallet, le monde de demain, emprunt de croissance
démographique et économique, poussera les sociétés, même réticentes, à
se tourner vers les biotechnologies agricoles pour satisfaire aux
besoins alimentaires, voire énergétiques.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Nous avons devant nous une population qui devrait atteindre les 7 à 9 milliards d’habitants d’ici 2050, et qu’il faudra nourrir dans un cadre météorologique et géographique difficile », a déclaré Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture. Il faisait référence aux contraintes fortes qu’auront à subir les productions agricoles dans un futur proche, en raison d’une baisse des disponibilités foncières et du changement climatique, face à une demande qui devrait croître fortement.
Un cadre économique qui se heurte aux attentes sociétales expliquant que le cadre institutionnel français et européen dans les trente prochaines années devrait aller vers toujours plus de libéralisme, Henri Nallet a déclaré « la libéralisation des marchés est acquise et on ne reviendra pas en arrière ». Selon lui, « cela pose les termes de la compétitivité de l’agriculture française au-delà de l’espace national ». Il soulignait ainsi le déficit de compétitivité que constituait l’interdiction en France de l’utilisation de cultures génétiquement modifiées vis-à-vis des autres puissances agricoles mondiales. À ce sujet, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, souhaiterait que les biotechnologies fassent l’objet d’une culture commune au niveau européen « afin de dégager une majorité qualifiée ». « Mais, si l’interdiction est levée un jour en France, elle le sera peut-être dans de mauvaises conditions », a insisté le ministre, faisant référence au retard potentiel qu’aura pris la recherche.
De plus, le ministre constate que les arguments en faveur des biotechnologies végétales se heurtent aux débats sur le modèle de développement que l’on souhaite, et sur la forme sous laquelle doit être produite notre alimentation. Selon lui, de plus en plus de Français se prononce contre le productivisme, « une exigence sociale du consommateur », qui a un poids dans les décisions politiques.

Le secteur public doit davantage s’impliquer



Par ailleurs, dans un souci d’objectivité, Henri Nallet a prôné une présence accrue de la recherche publique sur ces sujets biotechnologiques. Le ministre assure que « l’Inra ayant tardé à s’y mettre », l’opinion publique aurait fait preuve de méfiance vis-à-vis de la recherche privée sur les plantes génétiquement modifiées. Il faut aussi, selon Xavier Beulin, rétablir de bonnes relations entre la recherche publique et privée, sans penser que la première est plus vertueuse que la seconde. Toujours sur le thème des partenariats public/privé, Xavier Beulin en a profité pour saluer les projets unissant la Caisse des dépôts et la future Banque publique d’investissement, qui devrait identifier un pôle agricole et agro-alimentaire et voir le jour mi-octobre.

Un besoin de cohérence politique



Pour prendre une orientation claire, Henri Nallet a demandé aux pouvoirs publics de faire preuve de cohérence en déclarant au sujet de l’agriculture : « soit on est pas à l’international, mais si on y est, on a besoin des mêmes armes que les autres ». Un discret plaidoyer en faveur du « progrès génétique ». Il a ensuite demandé plus de pédagogie aux scientifiques pour prendre en compte les craintes sociétales. Pour Xavier Beulin, ce sont les enjeux alimentaires, énergétiques et environnementaux, liés aux émissions de carbone notamment, qui pourraient faire comprendre l’intérêt de la recherche et de l’innovation sur les biotechnologies végétales. Il s’agit selon lui de conjuguer performance économique et environnementale. « Pour les citoyens, biotechnologie est synonyme d’OGM, alors que le domaine est plus vaste », a-t-il expliqué. Selon Xavier Beulin, les biotechnologies permettront à l’agriculture d’économiser et d’être plus autonome, tout en répondant à l’enjeu sociétal que représente l’environnement. Cependant, le président de la FNSEA a indiqué entendre les revendications citoyennes et souhaiter défendre toutes les agricultures dans leur diversité.