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Forum Vitagora 2015

L’Oncle Sam recycle le communisme

Paradoxe absolu : dès le début de sa conférence « sur l’économie du
partage
», Jérémy Rifkin réclamait que personne ne filme son
intervention : « no camera ; no iPhone ». L’influent économiste
américain est pourtant le chantre de la théorie d’une « société du coût
marginal zéro
». Le secteur de la culture étant son premier exemple de
filière industrielle (musiques, films, livres, articles…) concernée.
Par Publié par Cédric Michelin
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Pour lui, le capitalisme du futur est déjà sous l’influence des consommateurs 3.0 : en réseau sur Internet. Les communications - depuis l'imprimerie de Gutemberg jusqu'au téléphone - sont - avec l’énergie et les transports - les bases des deux précédents révolutions : charbon/train et pétrole/voiture. La prochaine sera - selon lui - celle des transports autonomes (GPS) fonctionnant à l’électricité, issue de ressources renouvelables. « Le soleil, le vent ou la chaleur de la terre n’envoient pas de facture », expliquait-il.
Pour le secteur agro-alimentaire, il prédisait que l’Internet des objets fera que des milliards de capteurs - électronique et informatiques - permettront de mesurer le vivant (maturité des fruits…), prévoir son transport (camions sans chauffeur…), jusqu’aux réfrigérateurs "intelligents" (smartfridges) qui passeront des commandes automatiques à un entrepôt partenaire, dès que le stock de pommes viendra à manquer par exemple. Finie la tâche des courses "corvées"…
« C’est excitant de numériser le monde », se réjouissait-il. Il reconnaissait néanmoins qu’il y aura aussi des « mauvais côtés ». Le plus inquiétant sera le chômage massif qui se profile dans cette nouvelle société. Mais la survie de notre planète en dépendrait, selon lui. « Ce coût marginal zéro est la solution pour réduire notre empreinte carbone et utiliser moins de ressources naturelles. L’industrie agroalimentaire sera au centre. La France est reconnue pour sa cuisine, sa nourriture et son art de vivre », flattait-il en guise de conclusion pour vendre sa théorie.
L’Oncle Sam recycle donc le communisme à l’ère d’Internet, avec des produits gratuits pour tous. Jérémy Rifkin oubliant de dire qu’Internet est américain (Icann). Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft captant une part croissante des profits... D’ailleurs, leur devise est claire : le gagnant rafle la mise (« the winner take it all »). Plutôt qu’un capitalisme 3.0, l’Europe semble plus se diriger vers un "Bretton Woods 2.0", lorsque les Etats-Unis ont imposé le dollar à la fin de la seconde guerre mondiale. Là, il s’agit non plus de notre or brut en échange, mais bien de l’or de nos données (big data) contenu dans le savoir-faire de nos produits et services.

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