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Union des producteurs de vins Mâcon

L'Union des producteurs de vins Mâcon prête pour des vins engagés !

Le 18 avril avait lieu l’assemblée générale de l’Union des producteurs de vins Mâcon (UPVM). Une date qui marque le « point de départ » de l’engagement général des producteurs de vins Mâcon - fait aux consommateurs et aux riverains - de respecter la Charte régionale. Cinq axes fort se détachent. Un plan d’actions mesurables donc à tenir pour être crédible. Sinon…

Par Publié par Cédric Michelin
L'Union des producteurs de vins Mâcon prête pour des vins engagés !

Ainsi, l’UPVM proposera à ses adhérents, soit au total 838 déclarants de récoltes, un engagement individuel vers cinq axes. Ils sont incitatifs et non contraignants. Des options ou accompagnement sont envisagés selon les possibilités de chacun. Le premier est de limiter le désherbage chimique. Le deuxième est de limiter l’utilisation de produits CMR (Cancérigènes, Mutagènes, Reprotoxiques). Le troisième est de favoriser l’utilisation de pulvérisateur face par face pour limiter la dérive. Cette mesure s’accompagne de réglages périodiques des appareils. Un volet qui fait écho avec la formation « adaptée » à tous, chefs d’exploitation et salariés, notamment autour du Certiphyto qui constitue le quatrième volet. Enfin, la communication pour « bien vivre ensemble », avec ses voisins et les riverains, en respectant au maximum les horaires des uns et des autres, en prévenant son entourage, etc.

Devancer la loi et les problèmes

« Aujourd’hui est acté le point de départ d’une démarche collective pour le bien vivre ensemble. Les vins Mâcon sont des vins engagés », annonçait donc Jérôme Chevalier, le président de l’UPVM. A l’heure de recommencer la saison des traitements, le vigneron sait que la pression sociétale est grande et « de tous les instants ». Respecter la réglementation ne suffit plus, il faut faire plus et ce, même si cela peut paraître illogique dans ce sens. Ainsi, les débats dans la salle ont pointé du doigt certains hiatus devant l’administration, la DDT, comme le fait que la réglementation autorise des produits CMR, dont le nom traduit à eux seuls le danger, en premier lieu pour les utilisateurs avant même les riverains. Rebondissant sur le vote de la loi EGAlim, Jérôme Chevalier met aussi en garde sur la prochaine mise en place de zone de non-traitement (ZNT) autour des habitations. « Il n’y a pas encore d’arrêté mais on parle de 20 mètres autour de toutes habitations ou jardins », ce qui représente des milliers d’hectares potentiellement dans le département. Avec des smartphones partout connectés en permanence sur les réseaux sociaux, « nous sommes mis en ligne de mire et les médias nous attendent au tournant », prêts à critiquer la véracité de la Charte. « On ne doit donc pas attendre d’avoir des contraintes réglementaires », insistait le vigneron de Charnay-lès-Mâcon.
Devant le président du BIVB, François Labet, le président de la CAVB, Thiébault Huber confirmait qu’il s’agit là « de l’enjeu » aujourd’hui majeur pour la Bourgogne, un enjeu historique. « Je veux qu’en 2023, nous soyons tous engagés », redisait-il après l’avoir annoncé à l’AG de la CAVB une semaine plus tôt.

Changer de braquet

La prise de conscience semble général, que ce soit du côté des constructeurs et concessionnaires de matériels, des conseillers, des vendeurs de produits, des établissements de formations… Depuis longtemps portant ces messages, Benjamin Alban de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire a participé à de nombreuses réunions communales et a constaté l’urgence de « changer de braquets » désormais sur ces polémiques. « Les maires et habitants sont contents du dialogue et des explications sur notre métier mais ils ne nous donnent pas un blanc seing. Il nous donne rendez-vous pour un suivi ! » La première fois était donc vu comme une erreur, pardonnable, la seconde sera pris comme une faute à punir, ressent-il.
Le conseil d’administration de l’UPVM a fait une estimation des points de progrès : le dialogue entre professionnels et citoyens est tout juste « positif », le changement de matériel fut plutôt accueilli de façon « mitigé », le manque de sensibilisation se fait encore ressentir dans les formations et une recherche sur la réduction des usages phytos ne donnent pas de solutions concrètes et pérennes pour l'heure.

Pas les uns contre les autres

La salle réagissait régulièrement pour faire remonter les avis du terrain : les odeurs des produits, les tenus inquiétantes de « cosmonautes » dans les vignes, les « cellules à 50.000 € » comparativement au prix d’un canon d’occasion… « On ne veut pas monter les uns contre les autres », calmait Jérôme Chevalier qui sait que l’adaptation de chaque domaine est aussi fonction de l’économie. Il le sait d’autant plus qu’il avait commencé dans son rapport moral en parlant du « dur bilan » du gel qui a « très » impacté, potentiellement « 50 % », la récolte 2019 déjà. Mais en viticulture, à chaque malheur, bonheur est bon, les metteurs en marchés sont revenus à la table des négociations avec de meilleures offres semble-t-il… Suffisament pour adapter les exploitations à mieux produire ? Les médias le diront. Les consommateurs le sauront.