L'Union viticole de Saône-et-Loire demande à l’Etat d'assumer ses règles
Le 16 mars à Mâcon, en assemblée générale, l’Union viticole de Saône-et-Loire n’a pas manqué de pointer l’ambivalence de l’Etat et de ses règles. Les vignerons jugent que la « simplification » - promise par les Gouvernements successifs - consiste davantage à transférer les responsabilités afférentes - et le travail déclaratif - aux seuls vignerons, sans alléger en rien les procédures, pénalisant dès lors les "petites" structures. Une critique déclinée aux dossiers collectifs tels que la lutte contre la flavescence dorée (prospections, traitements…).

Décidément les questions sociétales, notamment autour des polémiques sur les traitements phytosanitaires, restent toujours aussi "chaudes". Alors que le responsable Environnement de l’Union viticole de Saône-et-Loire, Marc Sangoy rappelait que « l’on est tous responsables » en la matière, message largement répété dans les nombreuses réunions locales (Sologny, Lugny, Chevagny-les-Chevrières, Blanot…) face à des habitants inquiets, le président de l’Union des producteurs de vins Mâcon et administrateur à la CAVB, Jérôme Chevalier, interpellait le représentant du préfet au sujet du prochain plan de lutte contre la flavescence dorée. « La profession propose de faire zéro traitement sur certaines communes au sud du département. Nous prenons nos responsabilités pour réduire les phytos. Si l’Etat nous impose des traitements par arrêté préfectoral sur ces secteurs, la profession ne soutiendra pas cette décision et les services de l’Etat devront prendre leurs responsabilités si des associations, des collectifs, des journalistes… posent ensuite des problèmes ».
Ayant assisté à de nombreuses réunions aux côtés de l’Union viticole pour expliquer la réglementation en matière de traitement notamment, le DDT de Saône-et-Loire, Christian Dussarat, notait cette remarque pour la faire remonter au préfet avant de rappeler qu’en « accord avec la profession, il avait été décidé une lutte forte dès le démarrage (2013). Cette stratégie avait été jugée payante. Depuis, on réfléchit collectivement pour adapter les traitements raisonnés. C’est positif, mais on a vu l’an dernier réapparaître quelques petites choses… ». Une façon de dire - sans le rendre (trop) public - que des pieds isolés de flavescence dorée ont été localisés dans plusieurs communes sans en savoir guère plus sur leur pouvoir de contamination (car non génotypés).
Tous deux en convenaient : « la société est de plus en plus sensible. C’est le devoir des pouvoirs publics d’être en capacité d’expliquer les décisions. Mais mieux vaut une large concertation avec la recherche du consensus le plus large possible ». Une réponse qui n’augure rien de facile au final. Une illustration de plus qu’en matière de traitements phytosanitaires contre les maladies de la vigne, toute décision - collective ou individuelle - reste compliquée à prendre alors même que la Bourgogne est citée en exemple dans le reste de la France pour sa gestion efficace et raisonnée d’une maladie qui touche 73 % du vignoble français… sans forcément faire débat !
Injuste dématérialisation
Dans son rapport moral, le président de l’Union viticole 71, Christophe Brenot, dénonçait ainsi un certain "acharnement" : « à croire que la viticulture est la seule activité économique à générer des nuisances », ironisait-il. Le vigneron de Laizé invitait tous ses collègues à communiquer partout sur les « progrès réalisés » par les vignerons en se servant notamment de la Charte des bonnes pratiques agricoles et viticoles ou en organisant des réunions locales « pour aplanir les tensions ». L'Union viticole de Saône-et-Loire mène, de son côté, un « gros travail de lobbying » auprès des parlementaires et du préfet pour les sensibiliser sur ces sujets et sur beaucoup d’autres.
Christophe Brenot enchaînait justement sur la « surcharge administrative », laquelle prend un temps croissant, pour se former, déclarer et suivre tous les dossiers. « La dématérialisation consiste à faire le travail de l’administration ou à payer des prestataires », entraînant un profond sentiment d’injustice et de rejet, d’autant plus fort que « les contraintes administratives sont identiques pour les petites et les grandes exploitations viticoles. Veut on conserver une viticulture familiale ? », questionnait-il à l'encontre des élus présents. Le député du Mâconnais Benjamin Dirx et les conseillers, Stéphane Guiguet pour la Région et Jean-François Cognard pour le Département, assuraient le monde viticole de leurs pleins soutiens. Les services de la FDSEA sont heureusement plus pragmatiques avec, notamment, des formations (Demat’Vin, étiquetage, Pac, employer des travailleurs étrangers…) ou des services (groupement d'employeurs, service Emploi & Paie, juridique…).
Gare aux PLUI !
Il fut aussi question de l’harmonisation entre deux départements ou plus précisément deux régions, autour des aléas climatiques qui ont touché le vignoble du Beaujolais. Les producteurs du canton de La Chapelle-de-Guinchay se trouvaient exclus des mesures prises en Auvergne Rhône-Alpes. Le vigneron de Crêches-sur-Saône, Patrice Fortune, appelait à en finir avec « toujours ce même problème de différences entre départements » que ce soit pour les aides ou pour d’autres sujets comme les différences de fermage et de métayage. Des sujets qui ne peuvent se résoudre qu’en local avec une parfaite connaissance de l’histoire.
Pour ce faire, en plus des réunions « pour une présence croissante sur le terrain », expliquait Thibault Laugâa, animateur de l’Union viticole et nouveau responsable du service économique et syndical, la FDSEA 71 s’est par ailleurs réorganisée pour que son réseau « soit calé sur les communautés de communes ». L’enjeu est notamment d’influer sur les PLUI « pour ne pas voir des habitations ou des Ehpad sortir de terre à côté des vignes », alors qu’un arrêté préfectoral est actuellement en consultation publique à propos des "zones sensibles". Dans le département, quatorze PLUI (sur dix-neuf) sont en cours de négociation. Il faut compter « quatre ans » de travail, estime la DDT. Là encore, la FDSEA 71 forme les professionnels volontaires pour défendre les intérêts de la profession dans ces dossiers « compliqués » où peu d’agriculteurs siègent.
Le président de la FDSEA 71, Bernard Lacour, mettait en garde, d’un point de vue plus général : « tout le monde a une idée sur l’agriculture et sur la viticulture. Alors, pour ne pas qu’on nous impose des règles, un PLUI ne peut être qu’un travail collectif. Tout le monde peut avoir envie de vendre une parcelle constructible, c’est légitime, mais collectivement, on se doit de garder notre capacité - pour tous - de travailler. C’est du travail de concertation pour éviter l’habitat diffus »… Et les problèmes qui en découlent le plus souvent, concluait-il.
L'Union viticole de Saône-et-Loire demande à l’Etat d'assumer ses règles

Décidément les questions sociétales, notamment autour des polémiques sur les traitements phytosanitaires, restent toujours aussi "chaudes". Alors que le responsable Environnement de l’Union viticole de Saône-et-Loire, Marc Sangoy rappelait que « l’on est tous responsables » en la matière, message largement répété dans les nombreuses réunions locales (Sologny, Lugny, Chevagny-les-Chevrières, Blanot…) face à des habitants inquiets, le président de l’Union des producteurs de vins Mâcon et administrateur à la CAVB, Jérôme Chevalier, interpellait le représentant du préfet au sujet du prochain plan de lutte contre la flavescence dorée. « La profession propose de faire zéro traitement sur certaines communes au sud du département. Nous prenons nos responsabilités pour réduire les phytos. Si l’Etat nous impose des traitements par arrêté préfectoral sur ces secteurs, la profession ne soutiendra pas cette décision et les services de l’Etat devront prendre leurs responsabilités si des associations, des collectifs, des journalistes… posent ensuite des problèmes ».
Ayant assisté à de nombreuses réunions aux côtés de l’Union viticole pour expliquer la réglementation en matière de traitement notamment, le DDT de Saône-et-Loire, Christian Dussarat, notait cette remarque pour la faire remonter au préfet avant de rappeler qu’en « accord avec la profession, il avait été décidé une lutte forte dès le démarrage (2013). Cette stratégie avait été jugée payante. Depuis, on réfléchit collectivement pour adapter les traitements raisonnés. C’est positif, mais on a vu l’an dernier réapparaître quelques petites choses… ». Une façon de dire - sans le rendre (trop) public - que des pieds isolés de flavescence dorée ont été localisés dans plusieurs communes sans en savoir guère plus sur leur pouvoir de contamination (car non génotypés).
Tous deux en convenaient : « la société est de plus en plus sensible. C’est le devoir des pouvoirs publics d’être en capacité d’expliquer les décisions. Mais mieux vaut une large concertation avec la recherche du consensus le plus large possible ». Une réponse qui n’augure rien de facile au final. Une illustration de plus qu’en matière de traitements phytosanitaires contre les maladies de la vigne, toute décision - collective ou individuelle - reste compliquée à prendre alors même que la Bourgogne est citée en exemple dans le reste de la France pour sa gestion efficace et raisonnée d’une maladie qui touche 73 % du vignoble français… sans forcément faire débat !
Injuste dématérialisation
Dans son rapport moral, le président de l’Union viticole 71, Christophe Brenot, dénonçait ainsi un certain "acharnement" : « à croire que la viticulture est la seule activité économique à générer des nuisances », ironisait-il. Le vigneron de Laizé invitait tous ses collègues à communiquer partout sur les « progrès réalisés » par les vignerons en se servant notamment de la Charte des bonnes pratiques agricoles et viticoles ou en organisant des réunions locales « pour aplanir les tensions ». L'Union viticole de Saône-et-Loire mène, de son côté, un « gros travail de lobbying » auprès des parlementaires et du préfet pour les sensibiliser sur ces sujets et sur beaucoup d’autres.
Christophe Brenot enchaînait justement sur la « surcharge administrative », laquelle prend un temps croissant, pour se former, déclarer et suivre tous les dossiers. « La dématérialisation consiste à faire le travail de l’administration ou à payer des prestataires », entraînant un profond sentiment d’injustice et de rejet, d’autant plus fort que « les contraintes administratives sont identiques pour les petites et les grandes exploitations viticoles. Veut on conserver une viticulture familiale ? », questionnait-il à l'encontre des élus présents. Le député du Mâconnais Benjamin Dirx et les conseillers, Stéphane Guiguet pour la Région et Jean-François Cognard pour le Département, assuraient le monde viticole de leurs pleins soutiens. Les services de la FDSEA sont heureusement plus pragmatiques avec, notamment, des formations (Demat’Vin, étiquetage, Pac, employer des travailleurs étrangers…) ou des services (groupement d'employeurs, service Emploi & Paie, juridique…).
Gare aux PLUI !
Il fut aussi question de l’harmonisation entre deux départements ou plus précisément deux régions, autour des aléas climatiques qui ont touché le vignoble du Beaujolais. Les producteurs du canton de La Chapelle-de-Guinchay se trouvaient exclus des mesures prises en Auvergne Rhône-Alpes. Le vigneron de Crêches-sur-Saône, Patrice Fortune, appelait à en finir avec « toujours ce même problème de différences entre départements » que ce soit pour les aides ou pour d’autres sujets comme les différences de fermage et de métayage. Des sujets qui ne peuvent se résoudre qu’en local avec une parfaite connaissance de l’histoire.
Pour ce faire, en plus des réunions « pour une présence croissante sur le terrain », expliquait Thibault Laugâa, animateur de l’Union viticole et nouveau responsable du service économique et syndical, la FDSEA 71 s’est par ailleurs réorganisée pour que son réseau « soit calé sur les communautés de communes ». L’enjeu est notamment d’influer sur les PLUI « pour ne pas voir des habitations ou des Ehpad sortir de terre à côté des vignes », alors qu’un arrêté préfectoral est actuellement en consultation publique à propos des "zones sensibles". Dans le département, quatorze PLUI (sur dix-neuf) sont en cours de négociation. Il faut compter « quatre ans » de travail, estime la DDT. Là encore, la FDSEA 71 forme les professionnels volontaires pour défendre les intérêts de la profession dans ces dossiers « compliqués » où peu d’agriculteurs siègent.
Le président de la FDSEA 71, Bernard Lacour, mettait en garde, d’un point de vue plus général : « tout le monde a une idée sur l’agriculture et sur la viticulture. Alors, pour ne pas qu’on nous impose des règles, un PLUI ne peut être qu’un travail collectif. Tout le monde peut avoir envie de vendre une parcelle constructible, c’est légitime, mais collectivement, on se doit de garder notre capacité - pour tous - de travailler. C’est du travail de concertation pour éviter l’habitat diffus »… Et les problèmes qui en découlent le plus souvent, concluait-il.