La charolaise est de retour !
Tout un symbole
Une petite révolution où les symboles ne manquent pas. Si le siège de l’OS demeure au Marault (58), siège du Herd-book charolais (HBC), le bureau de la directrice est, lui, délocalisé à Semur-en-Auxois (21). Et ce n’est plus le directeur du HBC qui assume la direction de l’OS comme cela était le cas auparavant.
Le choix de la nouvelle directrice a son importance aussi. Avant de prendre la responsabilité de l’OS, Florence Marquis a mené à bien plusieurs projets régionaux d’envergure comme la création d’un comité régional génétique charolais, l’animation de la fédération nationale des stations - laquelle est désormais du ressort de l’OS - ou encore l’organisation du concours national de Saulieu en septembre dernier. Il faut dire aussi que parmi les nouvelles orientations de Charolais France, il a été décidé d’un partenariat étroit avec la région Bourgogne ainsi qu'avec la chambre régionale d’agriculture. Le berceau de race entend ainsi servir en quelque sorte de laboratoire aux projets innovants lancés par l’organisme racial.
A l’heure de la génomique
Parmi les projets phares de ce renouveau, Charolais France est partie prenante du programme de recherche génomique DEGERAM. L’OS vient en effet de mettre en place un volet charolais qui devrait aboutir à la mise au point des premiers outils d’évaluation génomiques fiables utilisables par les éleveurs. Un projet très lourd qui a été rendu possible par un abondant soutien des pouvoirs publics, notamment de la région Bourgogne, indiquait Henri Vidal.
Préserver sa place de leader
La remobilisation autour de l’OS charolaise est dictée par la nécessité de sauvegarder la place de la race. A Charolles, les responsables n’ont pas caché leurs préoccupations quant aux évolutions du troupeau allaitant. La situation semble plus particulièrement critique dans l’ouest avec un abandon de l’élevage au profit des cultures, doublé d’une spécialisation dans l’élevage laitier. Si le bassin allaitant semble moins touché, c’est la concurrence des autres races à viande qui incite à la mobilisation. Sur ce point, le président Vidal reconnaît que « la communication raciale avait été insuffisante, parce que peu consensuelle ».
Dépasser les divergences
Au sein de l’OS, personne ne semble nier les quelques « faiblesses » de la race, difficulté de vêlage en tête. Mais la première des races à viande n’est pas non plus dénuée de qualités : croissance, qualités maternelles, docilité…
Plus que de manquer d’arguments raciaux, c’est de ses divergences de vues que la race a sans doute le plus souffert les années passées. L’arrivée de la génomique a eu l’effet d’un électrochoc, provoquant une remobilisation sans précédant du collectif racial. Les « discussions âpres » devront désormais faire place à davantage de « confiance, respect, écoute ».
Viande naturelle produite à l’herbe
Comme en attestent les interventions de Philippe Chotteau de l’Institut de l’Elevage et de Guy Hermouët d’Interbev, Charolais France veut plus que jamais adapter les orientations de la race aux enjeux de l’élevage, Pac incluse, et des marchés. Les nouvelles ambitions de l’OS tiennent d’ailleurs compte de la nouvelle donne mondiale (lire encadré). Parmi les défis que doit relever la race, il lui faut s’orienter vers « une viande répondant mieux aux attentes diététiques et gustatives des consommateurs ; aux contrainte environnementales ; renforcer l’image de la viande française, viande naturelle produite à l’herbe et sans OGM ; se différencier de la concurrence… ».
Marché de la viande bovine
Défis et opportunités pour la charolaise
Le marché de la viande bovine a complètement changé : émergence de classes moyennes dans les pays du sud ; croissance démographique mondiale ; volatilité des prix ; hausse de la consommation de viande dans les pays émergants ; décapitalisation et baisse de consommation en Europe… Cela, tandis qu’au niveau des exploitations, le prix des intrants augmente plus fort que celui de la viande, engendrant un déficit de revenus pour les éleveurs allaitants… Un état des lieux qui fait dire à Philippe Chotteau que les systèmes naisseurs deviendront plus grands encore ; qu’il faudra s’adapter à des aléas climatiques plus nombreux ; qu’il faudra faire avec une concurrence accrue sur les marchés tiers et qu’il faudra relancer l’engraissement en France. Pour l’économiste, les défis seront de conserver le potentiel de production ; de travailler sur les coûts de production ; d’imaginer des systèmes de production plus « résilients », plus vivables et plus transmissibles ; de maintenir des outils de transformation ; de satisfaire les attentes sociétales et de connaitre l’avenir de l’engraissement en Italie. La race charolaise aurait aussi de belles opportunités à saisir. Sur les marchés de niches tels que le Japon, la Corée, le Qatar, l’Arabie Saoudite…. Mais aussi sur les marchés péri-méditerranéens.
Le parlement de la race
Véritable parlement de la race, l’Organisme de sélection Charolais France rassemble tous les acteurs de la génétique charolaise. Ces acteurs sont répartis en trois collèges : celui du Herd-book charolais ; celui des entreprises de sélection (Gène Diffusion et UCATRC notamment) et celui des organisations d’élevage (Bovins croissance, chambres d’agriculture, Coop de France, Charolais Label rouge, Fédération des stations, Institut charolais). Henri Vidal en est le président, Patrick Desbrosses et Jean-Paul Guibert les vice-présidents. Prenant le pas sur les Upra, les OS ont été institués en 2006 dans le cadre de la Loi d’orientation agricole.
Henri Vidal
Un Aveyronnais président
Henri Vidal a accédé à la présidence de l’OS en juin 2012. Eleveur sélectionneur en Aveyron et installé depuis 1980, il a intégré le conseil d’administration du Herd-book charolais en 1997 sous la présidence de Roger Laurison. Actuellement vice-président et responsable de la commission communication et promotion à l’étranger, il a succédé à Albert Merlet au poste de président de l’OS. « Mon objectif est de faciliter la mise en place de projets collectifs pour que notre race charolaise continue d’être leader sur le marché européen et puisse correspondre aux besoins des éleveurs et de la filière », assure le nouveau président.