La chemise 100 % française

Toute bonne émission économique télévisuelle commence généralement par une prise de vue en avion et par un schéma permettant de visualiser le trajet menant de Paris à généralement la Chine, Taiwan, la Tunisie ou encore le Bangladesh. Car, aujourd’hui, l’idée est communément acceptée que l’on ne peut quasiment plus rien produire en France du fait d’une concurrence mondiale exacerbée, misant davantage sur le prix que sur la qualité. Cette pensée –presque– unique s’applique bien évidemment au textile. Un secteur complètement démantelé dans l’hexagone alors qu’il faisait la fierté de notre pays lors des trente glorieuses. Complètement démantelé : pas tout à fait. Car ils sont encore quelques-uns à résister avec leurs moyens et, surtout, leurs idées, cherchant à se positionner sur certaines niches rentables.

Un succès à l’export

Née en 1947, la maison Alain Gauthier a su se faire une belle réputation en plus de soixante années. Reprise en 2005 par Michel de Saint Jean, l’entreprise réussit la gageure de produire une chemise 100 % française grâce à une équipe de 48 personnes installée sur le site de Chalon-sur-Saône. Après quelques soubresauts au cœur des années 1990, la société a depuis repris sa marche en avant en misant sur une stratégie commerciale simple. Faute de pouvoir lutter sur les prix face aux produits asiatiques, Michel de Saint Jean a fait le pari de la qualité. Un pari gagnant qui passe par le choix de matières premières irréprochables, systématiquement européennes. « Nous sommes reconnus pour notre savoir-faire et notre qualité ». Le moindre détail est soigné à l’image des boutons de chemises faits de nacre.
Réalisant des chemises griffées pour de grandes marques de luxe parisiennes, l’entreprise créée également ses propres modèles avec deux collections par an. Commercialisées au sein de boutiques multi-marques et de grands magasins, ces chemises rencontrent un réel succès dans l’hexagone. Mais aussi à l’étranger puisque 35 % des ventes sont destinées à l’exportation. Que ce soit en Afrique du Sud, en Chine, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, au Japon et même au Moyen Orient. « J’espère que la part de l’export va augmenter et atteindre les deux tiers de nos ventes. En France, certains ne cherchent qu’un prix. A l’étranger, il y a la recherche d’une image, d’un savoir-faire ». L’autre point à améliorer pour l’entreprise est bien évidemment sa visibilité auprès des consommateurs. « Environ 90 % de personnes qui essaient nos chemises restent fidèles. Pour reprendre un célèbre slogan et l’adapter à notre chemise, je dirai que l’essayer c’est l’adopter. Notre priorité est de créer un site Internet qui sera une belle vitrine de notre savoir-faire ».