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Récolte 2013

La chute continue des volumes

Mercredi 11 septembre à Fuissé et à Saint-Désert, puis le 17 à La
Chapelle-de-Guinchay, les réunions pré-vendanges ont permis de faire le
point sur la préparation du millésime 2013 qui s’annonce « technique »
en matière de vinification notamment. Mais pas que…
Par Publié par Cédric Michelin
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Selon les premières estimations du BIVB présentées par Christine Monamy, le volume de récolte espéré en Saône-et-Loire pourrait être en « très légère augmentation ». Le nombre de grappes au mètre carré est sensiblement le même qu’en 2012 et grosso modo du même poids. En effet, la floraison s’est mal passée aussi bien pour les chardonnays, l’aligoté ou le gamay, même si ce dernier est « plus homogène ». Les pinots noirs sont « dans la moyenne ». Du fait de son caractère tardif, l’aligoté est en revanche « extrêmement millerandé » généralement. « Sur certains secteurs dans le Mâconnais, la coulure a fait des ravages », rajoutait-elle à Fuissé.
Au final, à quelques jours des vendanges, le BIVB table sur une récolte 2013 aux alentours de 1,330 million d’hectolitres. « C’est un peu plus que 2012, mais toujours -12 % par rapport à la moyenne décennale qui inclue pourtant la récolte de 2003. Sinon, la chute serait encore plus importante à -15 % ».
Les conditions météorologiques seront déterminantes. Surtout pour la maturité et l’état sanitaire. Le Vinipôle Sud Bourgogne constate évidemment la progression de la maturité pour le gamay et le chardonnay. Conséquence du retard végétatif accumulé, la baisse des températures ces jours va faire « descendre doucement l’acidité totale ». Mais le pH part de bas, inférieur à 3. L’acide malique étant normalement dégradé par la chaleur d’août, se retrouve aux côtés de l’acide tartrique. L’indice de maturité « n’est pas mauvais mais pas optimum » et semble se rapprocher des millésimes 2008 ou 2004 maintenant. Pour les parcelles conduites pour produire des crémants, « il y a un écart de maturité phénoménal selon les cépages et les secteurs », met en garde l’œnologue, Patrice Joseph. Hétérogénéité entre les parcelles, entre les baies, avec des différences de charge sur pied… La maturité ne sera pas facile à déterminer.
Les viticulteurs sont donc avertis. D’autant plus qu’il se pourrait que ce ne soit « pas forcément les parcelles auxquelles on pense habituellement » qui seront mûres en premier. « Il faut surveiller aussi le botrytis », met-il en garde.

Un millésime 2013 « technique »



Il en profitait pour donner quelques conseils en matière de vinification. Pour les cépages blancs, « le danger sera sur le débourbage et il faudra essayer de déclencher les fermentations malolactiques en particulier », car la période des vendanges pourrait amener des vendanges « froides » les retardant. Attention également à la dégradation des pectines dans les moûts.
Patrice Joseph motivait les troupes en anticipant « de fortes potentialités de vins de garde, comme le millésime 1996, avec une richesse en sucre combiné à un potentiel acide ».
En rouges également, sur gamay et pinot, on se dirige vers un « bon millésime de garde » plus « facile à vinifier » à condition d’anticiper les problèmes, notamment pour les primeurs. Au final, ce millésime est tout de même « relativement technique ». Dégustés trop jeunes, les vins seront « fermes », « tendus », « nerveux » ou « vifs » en bouche au départ, mais « de garde ».

Dérogation en matière de chaptalisation ?



La CAVB présentait les conditions de production et les demandes de rendements faites par chaque ODG. Le directeur, Séverin Barioz, évoquait à ce propos « la possibilité de demander une dérogation au 1,5° de chaptalisation pour passer à 2° ».
Avancée structurelle mais peut-être pas pour cette année, « l’entrée en vigueur du VCI, Volume complémentaire individuel » est en marche, annonçait Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB. Les cinq appellations blanches du Mâconnais en ont fait la demande. D’autres sur la côte chalonnaise aussi tel que montagny et rully, premiers crus inclus. La contrepartie de cette « victoire » sera une surveillance par les administrations. D’ailleurs, le registre de cave voit l’apparition d’une colonne millésime. « La profession était opposée à surcharger ce registre mensuel mais a été amenée à accepter. La Bourgogne était la dernière insoumise à cette loi. C’est vrai que cela complique la tenue de ce registre papier et je pense qu’il y aura plus d’erreurs qu’avant », continuait d’argumenter le vice-président de la CNAOC.
Pour les Douanes, Joël Cornu défendait la position administrative : « on ne pouvait plus reculer et l’informatisation de la comptabilité matière, imposer la déclaration par millésime. En revanche, la DRM - censée être une balance de votre comptabilité matière - n’est pas soumise à déclaration par millésime. Seule la comptabilité matière l’est ». Compte tenu des vendanges à cheval sur septembre et octobre, les Douanes laisseront « jusqu’au 20 octobre pour remplir vos DRM de septembre ». Enfin, si un viticulteur veut d’ores-et-déjà « libérer des VCI, il faudra faire la déclaration de récolte avant ». Le téléservice web est ouvert depuis le 15 septembre, pour surtout pouvoir libérer les primeurs. Simplification annoncée, l’INAO doit intégrer les rendements validés par le Comité permanent. Sauf que les décrets applicatifs ne sont pas encore signés par le ministre...




La grêle : l’affaire de tous



Suite à la demande de l’ODG Rully, qui avait fortement été grêlé en 2012, l’Union viticole de Saône-et-Loire avait invité l’Anelfa. Cette association, à but non lucratif, a présenté son dispositif qui consiste en un réseau de générateurs au sol permettant de prévenir les chutes de grêle sur un secteur.
De l’ODG Rully, Xavier Berger rappelait que le problème de la grêle concerne tous les viticulteurs de Saône-et-Loire et de Bourgogne, comme le prouve malheureusement l’épisode sur la côte de Beaune cet été encore. Il demandait à l’Anelfa de dévoiler un projet pour le vignoble du nord Saône-et-Loire.
La directrice de l’Anelfa, Claude Berthet, s’exécutait volontier et expliquait le principe du réseau de générateur au sol. « Dans les nuages se trouve la présence de particules appelées noyaux de congélation, sortes de poussières naturelles captant de la glace. La grêle provient des cumulonimbus, nuages avec des courants d’air ascendants qui maintiennent ces particules glacées longtemps leur permettant de grossir et qui, lorsqu’elles tombent, ne fondent pas suffisamment, donnant la grêle » en résumé et simplifié.
Pour intervenir donc, il faut multiplier le nombre de noyaux de congélation efficaces. L’iodure d’argent est le plus efficace pour cela. L’ensemencement des nuages est proposé par l’Anelfa, depuis le sol, « puisque le nuage va pomper ces particules ». Chez des bénévoles le plus souvent, l’appareil est simple : une bouteille d’air sous pression, un réservoir qui contient l’iodure d’argent et enfin une cheminée.
« La contrainte est qu’il faut un réseau de générateurs comptant un maillage tous les 10 km. L’important est d’avoir un maillage dense et pas seulement sur la zone à protéger mais surtout, là où arrive les orages », prévient-elle. L’échelle doit donc être au minimum départementale, « pas communale ni cantonale », insiste-t-elle.
L’efficacité ainsi espérée a été mesurée et permet en moyenne de diminuer de 41 % les pertes et dommages entre région témoin et zone avec générateurs. En fonction du cours des cultures, « un franc engagé diminue de 24 francs les pertes ». Pas de solution miracle néanmoins, « il continuera de grêler mais il grêlera moins », prévient l’Anelfa. Aucune nuisance sonore ni environnementale n’est à déplorer. Aucune incidence non plus pour les Domaines labélisés AB.
De Montagny, Alain Roy rappelait le problème qui s’était posé avec la même diffusion par canons ou avions : « tout le monde ne voulait pas payer ». Du côté des assureurs, « ils nous considèrent comme des concurrents », lançait la directrice de l’Anelfa.
Implanté dans 15 départements, l’Anelfa s’organise pour fédérer différentes entités départementales ou interdépartementales, qui sont des associations avec techniciens et un réseau de bénévoles. « La difficulté est de trouver des bénévoles au devant de la zone à protéger qui d’ailleurs ne sont pas forcément des agriculteurs ».
Ensuite, l’appareil est mis à disposition. Globalement, la vingtaine de générateurs envisagée sur le secteur vigne de la côte chalonnaise (40 x 25 km) représenterait un coût de 50.000 €/an en fourchette haute.
« Groupama Rhône-Alpes a payé l’équivalent de cinq années de cotisations suite aux intempéries. On peut essayer de les faire réagir, ainsi que d’autres productions (grandes cultures, industries…). J’aurai tendance à dire que nous sommes tous concernés de Chablis à Mâcon », concluait Jean-Michel Aubinel. La CAVB se voulant « moteur dans l’étude de faisabilité et de financement » va débuter son tour des collectivités.


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