Edward Steeves
La Culture du vin
Le 26 novembre, lors du salon Vins et Saveurs, Edward Steeves animait une conférence
sur les "Terroirs et cépages de Bourgogne". Ancien
professeur de langues et de lettres aux Etats-Unis et à Paris, l'ancien PDG des Etablissements Collin-Bourrisset à Crèches-sur-Saône est
un passionné de musique, d’arts et de vins. Il a retracé l'histoire et la Culture des vins de Bourgogne.
sur les "Terroirs et cépages de Bourgogne". Ancien
professeur de langues et de lettres aux Etats-Unis et à Paris, l'ancien PDG des Etablissements Collin-Bourrisset à Crèches-sur-Saône est
un passionné de musique, d’arts et de vins. Il a retracé l'histoire et la Culture des vins de Bourgogne.
« Je me présente, je suis Edward Steeves de l’Académie de Mâcon, mais également une pièce rapportée en Bourgogne en provenance de Boston et je suis un intermittent du spectacle et vais vous jouer un rôle ». Endossant son tablier à l’effigie des vins de Bourgogne et son tastevin, l’introduction était inhabituelle dans le cadre de la première conférence du salon Vins et Saveurs à Chalon-sur-Saône. Le sujet des "Terroirs et cépages de Bourgogne" est « magnifique », reprenait ce passionné de vins. « Je vais vous parler de Culture du vin, avec un C majuscule, et dans un style littéraire » :
« Pétale de rose, aubépine, miel... à la dégustation, ce sont les arômes des vins de Bourgogne qui ont une grande richesse aromatique ainsi que de terroirs qui permettent de les produire. Mais pas seulement. Son histoire aussi est riche et colorée, à l’image des Burgondes qui furent de sérieux rivaux des rois de France. Une terre d’histoire mais aussi de commerces, agricole, forestier et viticole. Des terres fécondes de liens entre terre et humanité. Le vrai sens, avec des hommes acteurs de leurs destins, par le labeur de la terre. Ils ont défriché les forêts avant de planter des ceps. Tout ceci est rehaussé d’une aura de légende, de mythes. Pourquoi la romanée conti, pouilly-fuissé, pommard, meursault... ? Certainement pour accompagner tout en caresses les mets de Bourgogne. Car, si le vin n’est pas le seul produit bourguignon, il en est le produit phare ! Pierre Poupon disait "la vraie Bourgogne, c’est la Bourgogne des vignes ».
Terroirs bénis
Et Edward Steeves de poursuivre. « D’ailleurs, la Bourgogne enveloppe 112 appellations sur 45.000 ha, avec une mosaïque de villages, ou aussi dits finages. Ses pentes calcaires et granitiques sont divisées en autant de climats. Des terres bénies des Dieux, Dionysos en tête, relayé par la trinité. Mercurey honore d’ailleurs Mercure, qui nous fait porter des ailes quand nous trempons nos lèvres dans ce divin nectar. Concrètement, le pinot noir en Bourgogne peut produire un vin ordinaire ou sublime. En plaine, une piquette sans nom ; sur les coteaux, un nectar. Le calcaire crée la finesse. Les ceps plantés sur des coteaux orientés vers l’Est, entre butte et piémont, à mi-pente, sont le fruit de vignerons-artistes.
Les Cisterciens et les Bénédictins ont fait l’essor du vignoble pour fournir des vins de culte et d’hospitalité. La noblesse ne déploya pas moins de ferveur à développer la vigne, tel Philippe le Hardi ou le chancelier Nicolas Rolin. La Bourgogne est le meilleur rapport superficie-renommée ».
Quatuor de cépages
« Le mot cépage, un rien technique, doit nous interpeller, même s’il est tombé dans le domaine public. Un cépage est un plant de vigne ou une variété de raisin. Un passeport car certaines bouteilles BCBG les portent allègrement (Californie, Chili, Australie...). Mais les cépages existent depuis des milliers d’années, ce qui est nouveau c’est d’en parler. Et ce, sous l’influence du nouveau monde.
Le deuxième thème est ce quatuor que constituent nos cépages bourguignons. Parfaite symétrie entre deux blancs et deux rouges. Deux superstars et deux parents pauvres. Quoique. Le gamay vend pas moins de 40 millions de bouteilles aux quatre coins du monde en une seule soirée pour le beaujolais nouveau. Le blanc de Bouzeron, pur aligoté, est une autre exception qui est considérée comme la référence de cet autre cépage. Le kir n’est qu’un assortiment astucieux. En été, très agréable, le gamay du beaujolais et la crème de cassis se marient avec bonheur également pour donner un cardinal ou communard, selon les orientations socio-politiques de ceux qui lèvent le coude ».
Monocépages superstars
« À l’opposé de certains grands vignobles, la Bourgogne fait exception en faisant des vins mono-cépages, à l’exception du passe-tout-grain, idéal sur les charcuteries. Le chardonnay, cépage superstar, possède son propre village éponyme (dans le Mâconnais, ndlr). Ceci n’est pas inutile à rappeler car l’Australie et les Etats-Unis ont tendance à croire que ce sont eux qui l’on inventé. Démultiplié par la caresse de fûts neufs utilisés avec bon escient, le seul Mâconnais révèle le niveau qualitatif grâce à la minéralité de ses terres. D’autres cépages existent, tel des pinots blancs du côté de Marsannay. Le chardonnay s’est même appelé un temps pinot clair, mais personne ne prouvera par l’ampélographie ce lien.
Car enfin, le grand seigneur globe-trotteur, le pinot noir, peut - à notre grand chagrin - prospérer un peu partout dans le monde. Raison de plus pour soigner nos vignes et continuer les efforts pour offrir des vins de qualité. Le noirien - ou encore appelé morillon du côté de Morey-Saint-Denis - ne donne le meilleur de lui-même que sur ses terres d’origine, en Bourgogne, plus que tout autre plant de bacchus hissé au rang élevé ».
Fierté, tout en finesse
« Au fond, c’est ce mariage entre cépage et terroir qui donne de la finesse plutôt que la puissance primaire. Ce quartet de choc porte haut les couleurs de la Bourgogne. Et si on les place sur les micro-climats, la Bourgogne tire son épingle du jeu. C’est dans l’identité individuelle de nos terroirs que la nomenclature est ancrée. C’est une valeur sûre.
Mais, sommes-nous suffisamment fiers d’être Bourguignons ? La Bourgogne est bel et bien un pays de bons vins et le classement des climats de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco doit consacrer ce véritable pays de cocagne (une sorte de paradis terrestre, ndlr) où le mot convivialité prend tout son sens. Le Bourgogne est plus grand que la Bourgogne. Vive la Bourgogne ! ».
« Pétale de rose, aubépine, miel... à la dégustation, ce sont les arômes des vins de Bourgogne qui ont une grande richesse aromatique ainsi que de terroirs qui permettent de les produire. Mais pas seulement. Son histoire aussi est riche et colorée, à l’image des Burgondes qui furent de sérieux rivaux des rois de France. Une terre d’histoire mais aussi de commerces, agricole, forestier et viticole. Des terres fécondes de liens entre terre et humanité. Le vrai sens, avec des hommes acteurs de leurs destins, par le labeur de la terre. Ils ont défriché les forêts avant de planter des ceps. Tout ceci est rehaussé d’une aura de légende, de mythes. Pourquoi la romanée conti, pouilly-fuissé, pommard, meursault... ? Certainement pour accompagner tout en caresses les mets de Bourgogne. Car, si le vin n’est pas le seul produit bourguignon, il en est le produit phare ! Pierre Poupon disait "la vraie Bourgogne, c’est la Bourgogne des vignes ».
Terroirs bénis
Et Edward Steeves de poursuivre. « D’ailleurs, la Bourgogne enveloppe 112 appellations sur 45.000 ha, avec une mosaïque de villages, ou aussi dits finages. Ses pentes calcaires et granitiques sont divisées en autant de climats. Des terres bénies des Dieux, Dionysos en tête, relayé par la trinité. Mercurey honore d’ailleurs Mercure, qui nous fait porter des ailes quand nous trempons nos lèvres dans ce divin nectar. Concrètement, le pinot noir en Bourgogne peut produire un vin ordinaire ou sublime. En plaine, une piquette sans nom ; sur les coteaux, un nectar. Le calcaire crée la finesse. Les ceps plantés sur des coteaux orientés vers l’Est, entre butte et piémont, à mi-pente, sont le fruit de vignerons-artistes.
Les Cisterciens et les Bénédictins ont fait l’essor du vignoble pour fournir des vins de culte et d’hospitalité. La noblesse ne déploya pas moins de ferveur à développer la vigne, tel Philippe le Hardi ou le chancelier Nicolas Rolin. La Bourgogne est le meilleur rapport superficie-renommée ».
Quatuor de cépages
« Le mot cépage, un rien technique, doit nous interpeller, même s’il est tombé dans le domaine public. Un cépage est un plant de vigne ou une variété de raisin. Un passeport car certaines bouteilles BCBG les portent allègrement (Californie, Chili, Australie...). Mais les cépages existent depuis des milliers d’années, ce qui est nouveau c’est d’en parler. Et ce, sous l’influence du nouveau monde.
Le deuxième thème est ce quatuor que constituent nos cépages bourguignons. Parfaite symétrie entre deux blancs et deux rouges. Deux superstars et deux parents pauvres. Quoique. Le gamay vend pas moins de 40 millions de bouteilles aux quatre coins du monde en une seule soirée pour le beaujolais nouveau. Le blanc de Bouzeron, pur aligoté, est une autre exception qui est considérée comme la référence de cet autre cépage. Le kir n’est qu’un assortiment astucieux. En été, très agréable, le gamay du beaujolais et la crème de cassis se marient avec bonheur également pour donner un cardinal ou communard, selon les orientations socio-politiques de ceux qui lèvent le coude ».
Monocépages superstars
« À l’opposé de certains grands vignobles, la Bourgogne fait exception en faisant des vins mono-cépages, à l’exception du passe-tout-grain, idéal sur les charcuteries. Le chardonnay, cépage superstar, possède son propre village éponyme (dans le Mâconnais, ndlr). Ceci n’est pas inutile à rappeler car l’Australie et les Etats-Unis ont tendance à croire que ce sont eux qui l’on inventé. Démultiplié par la caresse de fûts neufs utilisés avec bon escient, le seul Mâconnais révèle le niveau qualitatif grâce à la minéralité de ses terres. D’autres cépages existent, tel des pinots blancs du côté de Marsannay. Le chardonnay s’est même appelé un temps pinot clair, mais personne ne prouvera par l’ampélographie ce lien.
Car enfin, le grand seigneur globe-trotteur, le pinot noir, peut - à notre grand chagrin - prospérer un peu partout dans le monde. Raison de plus pour soigner nos vignes et continuer les efforts pour offrir des vins de qualité. Le noirien - ou encore appelé morillon du côté de Morey-Saint-Denis - ne donne le meilleur de lui-même que sur ses terres d’origine, en Bourgogne, plus que tout autre plant de bacchus hissé au rang élevé ».
Fierté, tout en finesse
« Au fond, c’est ce mariage entre cépage et terroir qui donne de la finesse plutôt que la puissance primaire. Ce quartet de choc porte haut les couleurs de la Bourgogne. Et si on les place sur les micro-climats, la Bourgogne tire son épingle du jeu. C’est dans l’identité individuelle de nos terroirs que la nomenclature est ancrée. C’est une valeur sûre.
Mais, sommes-nous suffisamment fiers d’être Bourguignons ? La Bourgogne est bel et bien un pays de bons vins et le classement des climats de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco doit consacrer ce véritable pays de cocagne (une sorte de paradis terrestre, ndlr) où le mot convivialité prend tout son sens. Le Bourgogne est plus grand que la Bourgogne. Vive la Bourgogne ! ».