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Autunois Morvan

La dynamique du Grand Autunois Morvan à nouveau prise en exemple

La dynamique agricole et alimentaire du Grand Autunois-Morvan a une nouvelle fois été montrée en exemple. 

Par Marc Labille
La dynamique du Grand Autunois Morvan à nouveau prise en exemple
Le groupe a eu droit à une visite de la Miam, cuisine du Grand Autunois Morvan qui fournit 1.500 repas par jour aux écoliers et à domicile.

Le 3 juin dernier, l’Autunois-Morvan accueillait la séance plénière de la réunion hebdomadaire cotations organisée par FranceAgriMer pour le bassin centre-est (lire encadré). Opérant par téléphone 51 semaines par an, les commissions cotations se retrouvent chaque année pour une session plénière. Ce rendez-vous est l’occasion pour les membres des commissions, les services de l’État et divers invités de découvrir un haut lieu de la filière bovine régionale. Cette année, à l’initiative de Jean-Philippe Nivost, membre assidu de la commission, c’est à Autun que la réunion s’est délocalisée. Président de l’abattoir d’Autun jusqu’en janvier dernier, artisan de la sauvegarde de cet outil et engagé de longue date au sein la section bovine de la FDSEA, Jean-Philippe Nivost était fier de pouvoir montrer le résultat « d’une remarquable dynamique locale ». L’aboutissement « d’une vraie mobilisation syndicale au départ », rappelait-il, quand les responsables de la FDSEA avaient eu la clairvoyance de « caler le réseau syndical aux territoires liés aux intercommunalités ». Une évolution qui a permis de « faciliter les dossiers », expliquait Jean-Philippe Nivost.

Une trentaine de personnes avaient fait le déplacement : des représentants de la DRAAF, de FranceAgriMer, des marchés aux bestiaux, d’Interbev, de groupements, d’abatteurs, de la chambre d’agriculture, de collectivités, des éleveurs… Suivant un programme concocté par Marie-Amandine Latour, responsable pôle agriculture et circuits courts à la communauté de communes du Grand Autunois Morvan (CCGAM), le groupe a découvert le projet agricole et alimentaire mis en place sur ce territoire. Une démarche souvent prise en exemple, fruit à la fois d’une mobilisation d’agriculteurs, d’une volonté politique avec un soutien appuyé des pouvoirs publics.

L’abattoir « catalyseur »

La journée débutait par la visite de l’abattoir d’Autun, outil communautaire par lequel on peut dire que tout a commencé. Au début des années 2010 en effet, l’abattoir morvandiau dont le volume d’activité n’était que de 1.300 t., échappait de peu à la fermeture tant ses infrastructures étaient alors vétustes. Aujourd’hui, le nouvel outil mis en service en 2018, abat 3.200 tonnes. Il emploie 26 salariés et s’apprête à agrandir ses frigos… Outre sa modernité, les points forts de cet abattoir sont son caractère multi-espèces et la zone d’élevage sur laquelle il rayonne, faisaient valoir Damien Regnier et Louis-Bertrand Jeannerod, respectivement président et directeur de l’outil. La relance de l’abattoir d’Autun a mobilisé les éleveurs et les élus du territoire qui ont consenti à investir dans un nouvel outil. Ce projet a joué un rôle de « catalyseur ». Grâce à lui, l’engraissement s’est développé dans les fermes et des filières locales en circuits courts ont pu voir le jour.

Des produits locaux dans les cantines

La seconde étape de ce voyage d’étude était la visite de la Miam (Marmite Intercommunale de l’Autunois-Morvan). C’est la cuisine centrale détenue par la CCGAM qui concocte les repas des cantines scolaires de primaires, centre de loisirs et repas à domicile. 1.500 repas sont préparés chaque jour sur place en pleine période scolaire par une équipe d’une dizaine de personnes comprenant 3 à 4 cuisiniers.

La particularité de cette cuisine de collectivité est de privilégier un approvisionnement local. Les viandes de bœuf, veau, porc proviennent de l’abattoir d’Autun. La Miam peut compter aussi sur une quarantaine de producteurs locaux pour la fourniture de viandes, légumes, pâtes, lentilles, produits laitiers… L’origine locale représente un tiers des approvisionnements de la cuisine, ce qui est une prouesse dans l’univers de la restauration collective. D’autant que, comme l’explique Marie-Amandine Latour, ce sont les producteurs qui fixent leur prix. Les responsables de la cuisine s’adaptent en modifiant la composition des menus de sorte à équilibrer le coût. Cela nécessite un vrai engagement de la part des cuisiniers et des gestionnaires. Mais ils sont motivés par le plaisir de travailler de bons produits tout en régalant les écoliers. La Miam va jusqu’à goûter ses fournitures. Et elle compense le surcoût de la qualité en diminuant le gaspillage. Ce dernier n’est que de 20 g par repas contre 120 g en moyenne nationale, fait valoir la CCGAM.

« Un demi-million d’euros qui reste au territoire »

Cet approvisionnement local s’inscrit dans le Plan alimentaire territorial (PAT) déployé par la collectivité depuis 2014. C’est à cette époque, en pleine mobilisation collective autour de l’abattoir, et alors qu’un travail concerté avec les agriculteurs du territoire était entamé, que la mise en œuvre d’un système alimentaire local valorisant les productions agricoles était actée. La restauration collective est l’un des thèmes premiers de ce PAT, de même que l’éducation à la jeunesse, la justice sociale et le gaspillage alimentaire. Ce PAT concerne un territoire de 55 communes comptant 600 exploitations agricoles. Cette relocalisation de l’agriculture et de l’alimentation soutient l’installation et ramène un demi-million de plus-values au territoire, faisait valoir Fabrice Voillot, vice-président de la CCGAM. Parmi ses nombreuses actions, le PAT accompagne les exploitations vers des labels de qualité (HVE, maraîchage bio) ou en diversification (agroforesterie, production de légumineuses…). Il encourage le déploiement du photovoltaïsme sur toiture agricole. Enfin, il cherche à rendre accessible une alimentation locale saine et solidaire. C’est dans cette optique que s’inscrit le projet original de sécurité sociale alimentaire.

Redevenir acteur de son développement

Cette dynamique territoriale tient aussi à l’existence d’un Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental (GIEE) fondé en 2014 par les agriculteurs du secteur. Les mêmes qui se battaient pour sauver l’abattoir ont eu envie de créer un collectif de réflexion pour redevenir acteur de leur destin et ne plus dépendre de références inadaptées à l’Autunois-Morvan. Dans un territoire relativement sinistré et avec une agriculture dominée par une production de bovins maigres peu valorisée, des agriculteurs voulaient trouver des solutions pour « ne pas crever à petit feu », résume le président du GIEE Michel Joly. Les 24 adhérents du groupement se sont dotés d’un véritable projet de développement agricole avec des groupes de travail thématiques. Le GIEE constitue un interlocuteur privilégié des collectivités et il permet d’accéder à des financements.

Micro-filière et magasin de producteurs

De ces réflexions collectives est née une association d’éleveurs (Saveurs de Nos Prairies Autunoises) qui a mis en place une micro-filière de viande bovine avec une enseigne autunoise. « Le développement des circuits courts crée de l’emploi. On a installé des maraîchers », fait valoir Michel Joly. C’est au sein du GIEE qu’a germé l’idée d’un magasin de producteurs. Il compte aujourd’hui 9 associés et réalise presque 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Ce point de vente qui emploie désormais trois temps pleins et dont le succès commercial ne cesse de grandir, « a permis d’installer et de pérenniser des exploitations tout en reconnectant la population avec le monde paysan », concluait Michel Joly.

 

 

Des cotations hebdomadaires indispensables

Des cotations hebdomadaires indispensables

Chaque semaine, quatorze opérateurs bovins gras de la région font remonter à FranceAgriMer leurs données de prix et de nombre d’animaux. De la même manière, trois opérateurs communiquent leurs données pour le maigre. Ces cotations centralisées par FranceAgriMer font l’objet de moyennes pondérées et sont ensuite soumises chaque mardi à des commissions de cotations, maigre et gros bovins. Composées de représentants de la filière (éleveurs, metteurs en marchés, acheteurs, abatteurs), ces commissions valident ou pas ces cotations, les corrigeant le cas échéant. « Il existe cinq commissions en France et celle de la zone centre est/Bourgogne est la plus active de toutes », présentait Nicolas Aury, chef du pôle marchés et mesures nationales à FranceAgriMer. Ce système de validation des cotations par des commissions de terrain est « quelque chose de sain », estimait-il. Car « il faut que ces cotations soient le plus fidèle possible à ce qui se fait sur les marchés », complétait l’un de ses collègues. Ces cotations remontent chaque semaine au niveau national et même à Bruxelles. Elles sont aussi reprises dans les médias (dans les pages « cours et marchés » de l’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire)Cette remontée des données avait besoin d’être améliorée, dénonçait la FNB depuis plusieurs années. En effet, si elle est obligatoire dans le gras pour les entreprises traitant plus de 5.000 bovins par an, elle est toujours facultative pour le maigre. Conséquence, les cotations maigres manquent de représentativité. Une réforme des cotations maigres est en cours. Elle devrait permettre de pallier cet écueil.

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