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FDSEA de Saône-et-Loire

la FDSEA de Saône-et-Loire sur tous les fronts

Si la sécheresse s’impose depuis deux ans, les dossiers de fond continuent de changer profondément l’agriculture : traitements phytosanitaires et ZNT, bataille sur les revenus et EGAlim, concurrence déloyale et accords commerciaux (Ceta, Mercosur…)… La FDSEA de Saône-et-Loire continue de se mobiliser autour de tous ces dossiers. Interview de son président, Christian Bajard.

Par Publié par Cédric Michelin
la FDSEA de Saône-et-Loire sur tous les fronts

Pour la deuxième année de suite, toute l’agriculture de Saône-et-Loire est frappée et impactée par la sécheresse ? Quelles actions conduisez-vous ?
Christian Bajard : L’année 2018 a été particulièrement difficile à vivre. Pour soulager les trésoreries des agriculteurs, nous avions alors engagés de nombreuses démarches : reconnaissance calamités, dégrèvement d’impôts et de MSA, aides UGB de la Région, prêt de 10.000 € à taux zéro du Département… En 2019, nous espérions une année climatique plus favorable mais cela n’a pas été le cas. Dans l’ouest du département, en zone élevage, l’effet cumulé est fort et la sécheresse encore pire. Il faut abreuver les animaux en plus.
Depuis fin août, les démarches sont lancées (reconnaissance calamité, dégrèvements fiscaux…). Nous avons déjà fait des visites « sécheresse » avec les services de l’Etat (DDT 71). L’absence d’orage ne laisse malheureusement plus espérer la moindre repousse d’herbe dans ces zones. En élevage, la sécheresse pose derrière des problèmes d’ordre techniques, sanitaires… pour le soin des animaux. Tout ceci contribue à tirer encore plus vers le bas les trésoreries depuis deux ans. Heureusement, contrairement à 2018, il y a eu moins de difficultés pour trouver du fourrage et de la paille. Les céréaliers ont joué le jeu et il faut les remercier d’avoir permis de mettre à disposition des volumes de paille plus importants. Sans oublier que les aléas climatiques de cette année ont pourtant touchés les productions végétales (gel de printemps, sécheresse…) et impactés les rendements, pour la vigne et les cultures d’automne notamment.
Après les avoir tenus régulièrement informés, nous allons organiser des visites avec les élus locaux et parlementaires, notamment pour leur rappeler – après le Ministère - que le mode de calcul pour la reconnaissance calamités ne nous convient toujours pas.

L’autre sujet de la rentrée est celui de la décision attendue en octobre sur la question des zones de non traitement (ZNT). Où en êtes-vous sur ce dossier ?
C.B. : C’est malheureusement le sujet médiatique de l’été. La profession agricole a déjà une Charte en Saône-et-Loire, depuis 2016, sur les bonnes pratiques agricoles et viticoles. Il nous faut la retoiletter, trouver des solutions intelligentes pour concilier les intérêts de la viticulture, des grandes cultures et de la société civile. Les solutions devront évidemment être acceptables économiquement. Nous avons bien avancé.
Reste que cela risque d’être difficile avec les riverains, si les médias continuent de souffler sur les braises. C’est insupportable ! En grandes cultures comme en viticulture, mais aussi plus largement, le monde agricole a envi de progresser, comme toujours, et doit être reconnus pour ses efforts entrepris depuis de nombreuses années au lieu d’être attaqué en permanence.

A force justement d’être attaquée et de lui empiler des contraintes, l’agriculture Française ne cesse de perdre des parts de marché, tant en France qu’à l’export. Les Etats généraux de l’alimentation (EGAlim) ont-ils inversé cette inquiétante tendance ? Et surtout, y a-t-il des résultats pour les revenus des agriculteurs ?
C.B. : Nous avons longuement travaillé sur les EGAlim car nous estimons que les prix, particulièrement pour les viandes et le lait, n’étaient pas assez élevés car ils reposent sur un rapport de force déséquilibré en défaveur des producteurs. La loi est censée nous apporter des outils pour bâtir nos prix à partir d’indicateurs de coûts de production et ainsi rééquilibrer les négociations commerciales. Mais on ne peut pas dire qu’il y a eu le moindre retour, même de quelques centimes, grâce aux seuls EGAlim. La grande distribution continue toujours sa guerre des prix bas.
Pour autant, le travail dans les filières continue avec les entreprises pour intégrer ces nouveaux dispositifs. Cela risque de prendre du temps car c’est une approche révolutionnaire pour les négociations commerciales. Sauf qu’on a plus le temps d’attendre. Il y a urgence. D’où, notre volonté de maintenir la pression sur les distributeurs et réclamer à ceux qui ont voté la loi qu’ils finissent de l’améliorer pour avoir rapidement un réel retour de valeur dans les comptes d’exploitations.
Surtout qu’en parallèle, la France et l’Europe négocient des accords internationaux très défavorable à notre agriculture, en laissant rentrer sans taxe des produits moins disant. Où est la cohérence ? D’un côté, être trop exigeant en France ; de l’autre, importer tous les produits interdits que les consommateurs rejettent. Nous allons rencontrer les sénateurs avant le passage de l’accord du Ceta au Sénat. Nous allons tout faire pour les convaincre de ne pas voter cet accord dangereux pour l’agriculture de Saône-et-Loire.

N’est-ce pas aussi une autre conséquence d’un agribashing permanent qui pousse le Gouvernement et les Députés en France à légiférer des lois contraignantes pendant qu’en Europe, ils libéralisent ? Que faire pour que cela s’arrête ?
C.B. : ces incohérences finissent en tout cas par épuiser les agriculteurs. Nous ne savons plus ce que les politiciens veulent. Pourtant, l’agriculture est une réelle force de la France. C’est une activité économique importante car chaque agriculteur cherche à dégager un revenu et à vivre de son travail.
Une autre conséquence est de voir une multiplication des intrusions dans les exploitations – et outils de transformation – combiné aux attaques dans les médias. Tout ceci nous interpelle sur le but ultime des plus extrémistes. Nous réclamons donc que justice soit faite lorsque des agressions ou intrusions illicites ont lieu. Les fautifs doivent être sévèrement condamnés.
L’agriculture se fait aussi régulièrement attaqués sur les réseaux sociaux. Là, les agriculteurs doivent rester dans une communication positive et faire passer des messages intéressants sur ce qu’est notre métier. Il ne faut pas baisser la garde sur la communication. C’est aussi ce que nous faisons. Nous devons rester combatif que ce soit au niveau de la profession, de la FDSEA et de chaque agriculteur.