Michel Tupinier
La fibre agricole jusqu’au bout des doigts
Gardien de vaches à six ans, livreur de journaux agricoles à onze ans et agriculteur tout au long de sa vie, Michel Tupinier aime à faire partager sa longue expérience d’un univers professionnel dans lequel il a toujours baigné. Et qu’il aime profondément.
Le jour de la naissance de Michel Tupinier, c’était tout bonnement la fête au village de Longepierre. Même si l’arrivée au monde de ce bébé était à marquer d’une pierre blanche au sein de la commune, force est de constater que les habitants célébraient avec envie un anniversaire mémorable pour bon nombre d’entre eux. Nous étions en effet le 11 novembre 1935, date marquant l’Armistice de la Grande guerre. Né dans une famille d’agriculteurs, Michel Tupinier grandit au rythme de l’exploitation familiale, laquelle produit alors aussi bien du blé que de l’orge ou encore de l’avoine tout en élevant quelques bovins. « Nous en avions six à sept pendant la guerre, ce qui était beaucoup pour l’époque ». A peine sorti de la petite enfance, Michel Tupinier se voit confier en 1942 la garde des vaches. « A six ans, on m’a dit : "tu vas aller garder les vaches". Ce que je faisais avec mon grand-père paternel. J’avais alors un chien qui faisait une cinquantaine de kg et qui était plus lourd que moi. Je me mettais sur son dos pour traverser les gués. J’ai gardé les vaches jusqu’à l’age de treize ans, d’avril à fin octobre, matin et après-midi. Après la guerre, les pâturages communaux ont été clos et il n’était plus nécessaire de garder les vaches. A treize ans, je me suis alors concentré sur l’école pour décrocher mon certificat d’études et mon brevet sportif ».
Livreur de journaux agricoles
La seconde guerre mondiale à peine terminée, Michel Tupinier est chargé d’une mission très importante : livrer le journal "La Saône-et-Loire agricole", l'ancêtre de "L’Exploitant agricole de Saône-et-Loire". « Mon père était président du syndicat agricole local. Il recevait les journaux dans un colis. Et c’est à moi que revenait la charge de la distribution des journaux chez les agriculteurs. Je faisais cette distribution avec la bicyclette de ma mère. Il y avait alors une cinquantaine d’exploitations dans le village ». Une fonction qui allait prendre fin le jour où son père fit un courrier à la rédaction pour que chaque agriculteur puisse recevoir directement le journal à son domicile. Lui qui dit « n’avoir eu d’autre choix que de travailler sur l’exploitation familiale » a pleinement vécu la transition vers la mécanisation. « Mon père avait un tracteur Ford système Ferguson livré le 12 juillet 1946. Il a été un précurseur. Cela lui a coûté le prix d’un poulain, c'est-à-dire 82.500 francs. A l’époque, un bon cheval de trait coûtait de 110.000 à 120.000 francs. On se servait du tracteur surtout pour labourer et pour les moissons ». Les années cinquante sont aussi celles des changements sociaux. « A quinze ans, je me souviens avoir assister à une réunion sur la MSA. Il s’agissait de motiver les agriculteur pour adhérer, car ce n’était pas encore obligatoire ».
Après avoir été sous les drapeaux, Michel Tupinier retourne s’installer en 1959 à Longepierre avec 14 hectares de surface en location. « J’avais notamment trois hectares de blé sur lesquels j’ai récolté 55 quintaux ». Plutôt que d’acheter une voiture, notre agriculteur fait le choix de se procurer un Tube Citroën. « J’allais aux foires, je faisais un peu de maquignonnage. Le bétail qu’on élevait à l’époque n’était pas suivi comme aujourd’hui. J’achetai des veaux dans le Haut Doubs à des prix très intéressants. Je remettais les femelles dans la famille et j’engraissais les mâles avec du lait en poudre. Que ce soit à Pierre de Bresse ou à Louhans, j’avais toujours les veaux les plus lourds. A Longepierre, nous avions jusque dans les années 1980 un fromager qui fabriquait du comté. Les éleveurs lui livraient leur lait, certains amenant parfois simplement un litre ! ».
D’importants changements en un demi-siècle
Agrandissant petit à petit son exploitation, Michel Tupinier fait valoir ses droits à la retraite à 65 ans, laissant une structure de 270 hectares de surface au sein d’un Gaec comptant alors quatre associés. « Aujourd’hui, à Longepierre, il ne reste plus que sept exploitations. Combien y en aura-il dans dix ans ? »
Très attaché au monde agricole, Michel Tupinier ne l’est pas moins au syndicalisme. « Je paierai ma cotisation jusqu’au bout. J’ai présidé le syndicat local. J’ai par exemple demandé le remembrement qui n’a pas excédé onze mois. J’ai aussi été à l’origine de la création d’une digue pour lutter contre les inondations du Doubs ». L’un des principaux changements que Michel Tupinier a ressenti vient de la modernisation des moyens de production. « Lors de la moisson, nous utilisions une moissonneuse lieuse. Nous étions nombreux pendant douze jours. Tous les jours, nous étions une dizaine à manger autour de la table. Il y avait aussi une quinzaine de personnes mobilisées pour le battage. A 5 h 30 le matin, nous buvions le café suivi de la goutte. Le soir, c’était soupe au gruyère. Aujourd’hui, pour faire 300 hectares sur une exploitation, ils ne sont plus que deux ». Une évolution qui touche aussi le journal L’Exploitant agricole de Saône-et-Loire, cher à son cœur. « Cela a bien changé depuis une quarantaine d’années. Avant, on ne parlait que très peu de la production céréalière. Quant à ce qui retient le plus mon attention, j’aime bien lire les articles sur les anciens agriculteurs ».
Livreur de journaux agricoles
La seconde guerre mondiale à peine terminée, Michel Tupinier est chargé d’une mission très importante : livrer le journal "La Saône-et-Loire agricole", l'ancêtre de "L’Exploitant agricole de Saône-et-Loire". « Mon père était président du syndicat agricole local. Il recevait les journaux dans un colis. Et c’est à moi que revenait la charge de la distribution des journaux chez les agriculteurs. Je faisais cette distribution avec la bicyclette de ma mère. Il y avait alors une cinquantaine d’exploitations dans le village ». Une fonction qui allait prendre fin le jour où son père fit un courrier à la rédaction pour que chaque agriculteur puisse recevoir directement le journal à son domicile. Lui qui dit « n’avoir eu d’autre choix que de travailler sur l’exploitation familiale » a pleinement vécu la transition vers la mécanisation. « Mon père avait un tracteur Ford système Ferguson livré le 12 juillet 1946. Il a été un précurseur. Cela lui a coûté le prix d’un poulain, c'est-à-dire 82.500 francs. A l’époque, un bon cheval de trait coûtait de 110.000 à 120.000 francs. On se servait du tracteur surtout pour labourer et pour les moissons ». Les années cinquante sont aussi celles des changements sociaux. « A quinze ans, je me souviens avoir assister à une réunion sur la MSA. Il s’agissait de motiver les agriculteur pour adhérer, car ce n’était pas encore obligatoire ».
Après avoir été sous les drapeaux, Michel Tupinier retourne s’installer en 1959 à Longepierre avec 14 hectares de surface en location. « J’avais notamment trois hectares de blé sur lesquels j’ai récolté 55 quintaux ». Plutôt que d’acheter une voiture, notre agriculteur fait le choix de se procurer un Tube Citroën. « J’allais aux foires, je faisais un peu de maquignonnage. Le bétail qu’on élevait à l’époque n’était pas suivi comme aujourd’hui. J’achetai des veaux dans le Haut Doubs à des prix très intéressants. Je remettais les femelles dans la famille et j’engraissais les mâles avec du lait en poudre. Que ce soit à Pierre de Bresse ou à Louhans, j’avais toujours les veaux les plus lourds. A Longepierre, nous avions jusque dans les années 1980 un fromager qui fabriquait du comté. Les éleveurs lui livraient leur lait, certains amenant parfois simplement un litre ! ».
D’importants changements en un demi-siècle
Agrandissant petit à petit son exploitation, Michel Tupinier fait valoir ses droits à la retraite à 65 ans, laissant une structure de 270 hectares de surface au sein d’un Gaec comptant alors quatre associés. « Aujourd’hui, à Longepierre, il ne reste plus que sept exploitations. Combien y en aura-il dans dix ans ? »
Très attaché au monde agricole, Michel Tupinier ne l’est pas moins au syndicalisme. « Je paierai ma cotisation jusqu’au bout. J’ai présidé le syndicat local. J’ai par exemple demandé le remembrement qui n’a pas excédé onze mois. J’ai aussi été à l’origine de la création d’une digue pour lutter contre les inondations du Doubs ». L’un des principaux changements que Michel Tupinier a ressenti vient de la modernisation des moyens de production. « Lors de la moisson, nous utilisions une moissonneuse lieuse. Nous étions nombreux pendant douze jours. Tous les jours, nous étions une dizaine à manger autour de la table. Il y avait aussi une quinzaine de personnes mobilisées pour le battage. A 5 h 30 le matin, nous buvions le café suivi de la goutte. Le soir, c’était soupe au gruyère. Aujourd’hui, pour faire 300 hectares sur une exploitation, ils ne sont plus que deux ». Une évolution qui touche aussi le journal L’Exploitant agricole de Saône-et-Loire, cher à son cœur. « Cela a bien changé depuis une quarantaine d’années. Avant, on ne parlait que très peu de la production céréalière. Quant à ce qui retient le plus mon attention, j’aime bien lire les articles sur les anciens agriculteurs ».