La filière bio continue de se développer
d’hectares y sont désormais consacrés et la part des importations de
produits bio se réduit d’année en année.
Contenu en emplois
Effet de ces conversions importantes, la production certifiée bio progresse au-delà même de la croissance de la demande. Si bien que les importations de produits bio régressent. De 38 % en 2009, la part des produits bio « importés » consommés en France devrait passer sous la barre des 30 % en 2012. D’ores et déjà la production nationale de vins bio, de viandes (bœuf, porc, agneau, volailles), d’œufs, de lait et même de fruits et légumes, est en mesure de satisfaire la demande française. Restent les agrumes, les produits exotiques (café, cacao) qui ne peuvent être produits en France et les denrées à base de céréales pour lesquelles la production nationale est encore insuffisante et qui constitue « un vrai souci », selon François Thiery, le président de l’Agence Bio. L’Agence Bio tient surtout à souligner le rôle de la bio dans la création d’emplois. Selon le recensement agricole de 2010, le contenu en emploi des exploitations bio est de 59 % supérieur à la moyenne générale. D’une façon générale, elles occupent 2,4 Unités de travail annuel (UTA) contre 1,5 en moyenne. En effet, les exploitations biologiques sont plus exigeantes en travail dans les champs et les agriculteurs bio sont plus nombreux à pratiquer la transformation et la vente à la ferme, notamment dans les élevages caprins et les vignobles. Et si la main-d’œuvre est essentiellement familiale, les fermes bio emploient beaucoup plus de salariés. Si bien que l’agriculture biologique représente 57.000 emplois à temps plein, soit 7 % de la main-d’œuvre totale agricole, alors qu’elles ne représentent que 4 % des surfaces.
Une charte bio pour la restauration commerciale
A l’image du Bio en général, le Bio se développe en restauration commerciale. Pour accompagner le développement de cette offre, encadrer la communication sur les produits biologiques par les restaurants et apporter plus de garanties aux consommateurs, l’Agence Bio a élaboré un cahier des charges spécifique à l’utilisation des produits bio dans les restaurants. Depuis le 1er octobre, les restaurants commerciaux qui affichent la mention bio sur leur carte doivent le respecter, qu’il s’agisse d’un simple ingrédient jusqu’à la carte à 100 % bio.
Le vin bio est arrivé
Jusqu’à présent, la réglementation européenne spécifique au Bio encadrait la production de raisins biologiques, mais pas la vinification. C’est la raison pour laquelle on ne parlait pas de « vin bio », mais de « vin issu de raisins de l’agriculture biologique » ou de « vin issu de raisins bio ». Un nouveau règlement, applicable depuis le 1er août, précise les conditions dans lesquelles la vinification peut bénéficier du label biologique (interdiction de certaines pratiques, limitation stricte de certains intrants et d’apports de sulfites).
Le Bio progresse toujours en Bourgogne
Fin 2011, 838 fermes et domaines sont en bio en Bourgogne. Ils représentent 42.741 ha, soit 4 % des agriculteurs bourguignons et 2,4 % des surfaces agricoles. Après deux années de croissance record, le nombre de conversions a diminué. On compte tout de même 95 nouvelles fermes bio bourguignonnes en 2011.
Approche par secteur :
• la viticulture biologique reste toujours aussi attractive, avec 38 nouveaux domaines. En 10 ans, le nombre de viticulteurs bio bourguignons a été multiplié par 5. Aujourd'hui, 12,7 % des surfaces en vigne bourguignonnes sont en bio.
• le nombre de maraîchers bio est également en augmentation : 104 fermes, dont 16 nouvelles. La commercialisation via les Amap se poursuit.
• du fait de prix en conventionnel très élevés sur la campagne, l'attrait de la conversion bio a été moindre aux yeux des céréaliers en 2011. A noter cependant 10 nouvelles conversions en grandes cultures.
• sous l'impulsion du développement des opérateurs des filières, plusieurs fermes en élevage porcin et avicole ont converti leur production en bio, portant à 27 le nombre de fermes d'élevage converties en 2011.
Forces, faiblesses et opportunités...
Du côté des forces de l’AB, on retrouve une dynamique de conversion qui reste « soutenue ». La Bourgogne est la 9e région bio de France par la SAU (42.741 ha) et le nombre d’agriculteurs certifiés (838). Cette croissance est toujours tirée par la viticulture, notamment côte-d’orienne. Une des productions phares - à haute valeur ajoutée - qui tire l’image du bio. Les Agences de l’Eau continuent de soutenir la conversion en sensibilisant des agriculteurs conventionnels. Le soutien de la région Bourgogne se poursuit. Résultat aussi, le conseil technique multi-partenarial se structure pour intervenir sur l’ensemble du territoire bourguignon. Ces appuis techniques peuvent s’appuyer sur bon nombre d’exploitations bio « exemplaires » dans chaque domaine de production. Bien souvent, les exploitations bio sont moins sensibles aux aléas de marché et favorisent l’emploi.
Côté faiblesses maintenant, le réseau pâtît de plusieurs zones de faible densité, avec des agriculteurs isolés. La filière légumes frais est pour l’heure non organisée, sans groupement et souffre d’un manque très important d’outils de première transformation en fruits, légumes et céréales bio. L’adéquation entre l’offre produite et les besoins des opérateurs (calendrier, volumes, produits pré-transformés…), notamment en légumes et fruits, rencontre des difficultés. La faible valorisation des produits bovins bio en filière longue complique les conversions.
Il reste toutefois de nombreuses opportunités comme la demande soutenue des marchés pour des produits bio (céréales, légumes, produits laitiers, ..) par les transformateurs/façonniers, grossistes livrant les GMS… Les circuits courts (marchés, Amap, paniers...) offrent un autre canal de ventes. Des projets d’ateliers de transformation de grande envergure (Moulin d’Aiserey...) sont prévus et des collecteurs plus nombreux (nouveaux silos Cavap, extension de la zone de collecte Biolait, ...) sont attendus. Dans un marché français porteur, une menace pèse cependant, de nouveaux agriculteurs en conversion qui - par méconnaissance ou absence de politique commerciale ajustée - risquent de faire baisser les cours (fruits, légumes) et les produits bios importés sont plus compétitifs en termes de prix. La concurrence devient plus rude, sans compter de nouvelles pratiques « industrielles » qui dévalorisent l’image de qualité des produits bio, estiment les agrobiologistes.
Zoom sur La distribution des produits bio
Les produits bio sont aujourd’hui largement distribués, quand ils n’étaient l’apanage que de quelques enseignes spécialisées il y a encore peu de temps.
Les producteurs bourguignons peuvent aujourd’hui proposer leurs produits soit sur les filières longues ou de la grande distribution, soit sur des circuits courts. La commercialisation en grande distribution et pour les légumes en circuits longs n’est pas encore bien structurée en Bourgogne, par manque d’opérateurs intermédiaires spécifiquement bio ou d’une offre encore insuffisante. Pourtant la demande est bien présente chez les consommateurs.
En travaillant sur la vente directe, les producteurs bio se structurent progressivement dans le but de répondre à cette demande, tout en maintenant le contrôle de leurs débouchés et en maîtrisant la valorisation de leurs produits. En 2011, en Bourgogne, 378 producteurs bio réalisent de la vente directe, soit 44 % des producteurs en agriculture biologique. Cela représente en moyenne 56 % de leur chiffre d’affaires. C’est une très forte proportion, si on compare aux 20 % d’agriculteurs bourguignons qui vendent en circuits courts (bio et conventionnels - Source : Agreste RGA 2010). Sans surprise, les vins et autres alcools sont les principaux produits proposés en vente directe, ils représentent 26 % des produits vendus par ce mode de commercialisation. Néanmoins, on observe que la viande et les légumes y font aussi largement appel. 83 % des maraîchers pratiquent la vente directe, mais sur de petites unités. Le reste des volumes de légumes bio est vendu dans des filières plus longues..