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Production porcine saône-et-loirienne

« La filière risque de disparaître »

Face à un avenir qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices avec une baisse progressive du nombre de producteurs et donc d’animaux dans le département, le futur de Techniporc 71 pourrait passer, pour son président Bruno Charbouillot, par un rapprochement avec une autre structure aux aspirations identiques. Rencontre.
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Pourriez-vous nous faire un rapide bilan du dernier exercice de Techniporc 71 ?
Bruno Charbouillot : aujourd’hui, nous sommes vingt-huit adhérents au groupement. Lorsque l’on fait un bilan de la situation de Techniporc 71 - qui est une association et non une coopérative -, il est plutôt satisfaisant. Bien évidemment, nous avons dû adapter le fonctionnement de notre structure à nos moyens et à notre volume de production. Aujourd’hui, les aides sont quasiment nulles. Nous ne pouvons donc nous permettre de nous égarer. Au niveau financier, nous sommes à l’équilibre cette année.

Qu’en est-il en terme en terme de commercialisation ?
B. C. : au sein de notre groupement, il y a deux choix possibles de commercialisation. Soit par l’intermédiaire du groupement ce qui représente lors du dernier exercice 23.000 porcs charcutiers. Soit en direct, ce qui fait un total de quelque 10.000 animaux. Si, au niveau global, c’est plutôt stable cette année, il faut bien constater que la tendance est à la baisse ces dernières années.

Quels sont vos principaux débouchés ?
B. C. : par ordre d’importance, il y a Clavière à Beaune avec 9.000 porcs, Provent à Bourg-en-Bresse avec 7.500 porcs, Tropal toujours à Bourg-en-Bresse avec 6.000 porcs, Royer à Lons-le-Saunier avec 2.500 animaux et Autun avec 2.000 animaux.

Comment appréhendez-vous l’avenir à court et moyen terme ?
B. C. : en 2013, nous avons du constater l’arrêt de deux ateliers naisseurs car les éleveurs n’ont pas voulu investir pour s’adapter aux nouvelles normes. Il faut aussi regarder la pyramide des âges. Cinq éleveurs vont arriver à la retraite dans les années à venir. Un certain nombre de structures vont arrêter car, soit n’ont pas été réalisés les investissements nécessaires, soit il n’y a pas de repreneur. Certaines associations ont également réussi à décourager l’arrivée de jeunes éleveurs.

Qu’en est-il aujourd’hui des feuilletons Bernard Bigot et de Catherine Lamarre ?
B. C. : en ce qui concerne Bernard Bigot, l’éleveur a gagné toutes les procédures. Quant à Catherine Lamarre, il ne restait plus en suspend qu’un éventuel recours en cassation. Néanmoins, les opposants à leurs projets ont atteint leurs objectifs : ils ont cassé toute la dynamique d’une filière, ils ont tué toute envie de développement ou de restructuration. Et dans ce dossier, notre classe politique a fait preuve d’un grand manque de courage. Pour ce qui est de l’administration, elle fait en sorte de laver plus blanc que blanc. A présent, nous ne songeons pas au moindre développement. Nous pensons déjà simplement à nous maintenir.

Songez-vous à un éventuel rapprochement avec d’autres structures semblables à la votre ?
B. C. : nous avons eu des rencontres récentes avec un groupement voisin. Nous allons démarrer une relation commune en ce qui concerne le suivi technique. Je pense que nous devons garder une taille à dimension raisonnable, humaine.

Quid du futur ?
B. C. : d’ici à dix ans, nous risquons de perdre environ 50 % du cheptel actuel de truies. La filière risque tout simplement de disparaître. Avec cela, il y a le risque de voir le tissu rural se désintégrer.