Accès au contenu
Portes ouvertes Farminove SENOZAN
20e Concours national des crémants

La finesse des bulles à l’épreuve

C’est à Die, dans la Drôme, que la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémants avait choisi d’organiser la vingtième édition de son concours national le 11 juin dernier. Le tout dans un contexte commercial porteur pour ces vins effervescents.
Photo_Cremant_1.jpg
L’an dernier, 66 millions de bouteilles de crémant - toutes origines confondues - ont été mises sur le marché. Et le potentiel issu de la récolte de 2009 devrait, selon le président de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémants, Christian Pauleau (voir interview), permettre de commercialiser quelque 70 millions de cols ! Un nouveau record pour une filière qui rassemble, en France, trois mille vignerons et près de deux cent élaborateurs et négociants.

676 échantillons


Si les crémants ont le vent en poupe, « c’est grâce à la qualité », explique Christian Pauleau. Et le concours national s’inscrit pleinement dans cette orientation. Organisé cette année à Die, au cœur de la plus petite appellation française des crémants, la vingtième édition a réuni 676 échantillons issus des sept familles de crémants français, ainsi que ceux du Luxembourg. Plus de deux cents personnes étaient mobilisées, le 11 juin, en qualité de jury. « Nous avons réparti les échantillons sur quarante et une tables chacune composée de cinq membres du jury dont deux sont systématiquement originaires de la région du crémant dégusté », explique Olivier Sohler, directeur de la Fédération nationale. Outre les qualités visuelles, olfactives et gustatives des vins, une très grande attention est portée sur la qualité générale des bulles. « Leur finesse, appréciée notamment au niveau du cordon - le cercle de bulles à la surface du verre - et de la mousse, est très importante », souligne Olivier Sohler. Le règlement stipule, en outre, que seul un tiers des échantillons dégustés peut être médaillé. Pour les vainqueurs, c’est l’assurance d’une valorisation accrue de leur vin qui arborera, en guise de médaille, un macaron d’or, d’argent ou de bronze. « Un gage de qualité et de sécurité pour le consommateur », assure olivier Sohler. Un atout commercial en somme.

Le jeu des sept familles

Si l’Alsace tient le haut du pavé - elle produit la moitié des crémants de France, soit près de 33 millions de bouteilles en 2009 -, cette catégorie de vins effervescents compose en France une famille de sept membres : les crémants d’Alsace, ceux de Bourgogne, de Loire, du Jura, de Limoux, de Bordeaux et de Die. Lors du 20e concours national des crémants, le nombre d’échantillons en lice étaient proportionnels à l’importance de chacune de ces familles : 169 échantillons pour l’Alsace, 137 pour ceux de Bourgogne, 82 pour ceux de la Loire, 67 pour ceux du Jura, 65 pour ceux de Bordeaux, 33 pour ceux de Limoux et 24 pour ceux de Die.

Méthode de production

Plusieurs paramètres caractérisent les crémants dans le processus d’élaboration :  vendange manuelle obligatoire ;  utilisation au minimum de 150 kilos de raisin pour 100 litres de jus ;  limitation des apports de soufre ;  repos de douze mois avant commercialisation dont neuf au minimum sur lattes. A noter, par ailleurs, l’obligation d’inscrire sur les bouteilles la région de provenance.

« Le succès appelle le plagiat »

Interview de Christian Pauleau, président de la fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémants. Comment se portent les crémants de France ? Christian Pauleau : Habituellement, le marché des crémants était orienté sur celui du champagne. Mais depuis l’an dernier, ce n’est plus le cas. Alors que les volumes de champagne commercialisés ont baissé de 15 % en 2009, ceux des crémants ont progressé de 5 %. Qui plus est, notre potentiel de récolte est en hausse. Nous sommes de plus en plus lisibles. Le revers de cela, c’est que le succès appelle le plagiat. Ainsi, le terme “crémant” fleurit sur des produits divers et variés. On en a même trouvé sur des confitures ! Pour éviter les plagiats, notre fédération a mis en place une cellule de veille prête à aller jusqu’en justice si cela s’avérait nécessaire. Lors de l’assemblée générale le 10 juin à Die, quels ont été les principaux sujets d’actualité abordés ? Ch. P. : L’une de nos préoccupations majeures concerne la défense des droits de plantation, aujourd’hui menacés en Europe. Notre rôle est d’encadrer l’offre et nous nous battons pour le maintien de ces droits. Nous sommes heureux de constater que la France, par la voix de son ministre de l’Agriculture pour l’instant, et l’Allemagne, par celle de sa chancelière, défendent cette position. Il faut désormais influer sur les pays latins (Italie, Espagne et Portugal) pour qu’ils nous rejoignent, ce qui devrait être le cas. La réforme des appellations, avec notamment la création des indications géographiques protégées (IGP), est-elle problématique pour les crémants ? Ch. P. : C’est en effet un problème car cela fait courir le risque de mettre les crémants en concurrence frontale avec des vins mousseux qui ne bénéficiaient pas, avant 2008, du classement en AOC ou AOP. Or, ces vins représentent 40 % du marché des effervescents. Nous considérons qu’il est vital de préserver le marché des AOC-AOP, notre image et notre compétitivité sont en jeu. Il y a en la matière un vrai choix politique à plaider. Notre fédération a pris position et fera du lobbying pour que le marché des vins effervescents de qualité ne soit pas déstructuré.

Images

Documents