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Difficultés du groupe Doux

La FNSEA au chevet des éleveurs

Le président de la FNSEA s’est rendu dans les Côtes d’Armor pour
apporter son soutien aux éleveurs fragilisés par les difficultés du
groupe Doux et trouver des solutions qui permettent la poursuite de
l’activité de l’entreprise et celle de ses fournisseurs.
Par Publié par Cédric Michelin
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15 000 euros de créances, soit 45000 poulets impayés, le président de la section avicole de FDSEA Côtes d’Armor, Pierre-Yves Lozahic, est représentatif de la situation des éleveurs du groupe Doux. Il élève des poulets export et des dindonneaux pour le compte de l’entreprise. D’autres sont encore plus exposés. L’une d’entre elles, éleveuse en Pays-de-Loire a accumulé 100 000 euros d’impayés alors qu’elle a des bâtiments à amortir. « Au-delà des dépenses courantes auxquelles nous devons faire face nous avons 8000 euros à rembourser chaque mois, nous puisons dans nos réserves. Jusqu’à quand ? ». Ils sont 800 dans le groupe dont 300 en Bretagne et une soixantaine dans les Côtes-d’Armor à attendre d’être payés pour des lots de poulets et de dindonneaux qu’ils ont élevés. Au-delà des impayés et des retards de paiement s’ajoutent des incertitudes sur les livraisons d’aliments et des menaces sur l’enlèvement des animaux. Ce qu’ils souhaitent tous, c’est la poursuite de l’activité du groupe. Mais pas à n’importe quelle condition. « Garantissons les créances pour reprendre confiance et nous remettrons des poussins dans les élevages » insiste le président de la section avicole de la Mayenne, lui aussi concerné. Ce message, le président de la FNSEA qui s’est rendu sur l’exploitation de Pierre-Yves Lohazic au Merzer, près de Guingamp le 11 juin, en compagnie des présidents de la FRSEA de Bretagne, Laurent Kerlir et des Pays de Loire, Joël Limousin, l’a reçu cinq sur cinq. « Comment les éleveurs accepteraient ils de rentrer des animaux sans être payés pour des animaux qui ne sortiront que dans six mois, à l’approche de Noël, pour les dindonneaux » s’est-il interrogé. Première urgence, assurer la sécurité des approvisionnements et la sortie des animaux qui sont en cours d’élevage. Les éleveurs ne sont pas à l’abri d’une défaillance d’un fournisseur d’aliments ou d’un transporteur qui pourrait décider du jour au lendemain d’interrompre ses relations commerciales avec le groupe Doux faute d’être payés. Deuxième urgence obtenir des garanties sur le recouvrement des créances. « C’est la seule condition qui peut inciter les éleveurs à repartir », insiste Xavier Beulin. Déjà, un certain nombre d’outils d’abattage et de découpe sont en surcapacité. Et l’arrêt des cycles de production de certains éleveurs pourrait précipiter la chute du groupe. « Un flux de trésorerie doit être débloqué pour que l’entreprise puisse honorer ses paiements », plaide Xavier Beulin.


Le sort de la filière sur la sellette




Quant aux éleveurs et pour les persuader de continuer, Xavier Beulin demande que des dispositions soient prises sur les délais de paiement par exemple pour soulager leur trésorerie et faire face aux dépenses courantes : remboursement d’emprunts, paiement des impôts et des cotisations sociales, factures d’aliments notamment. Il semblerait qu’il ait été entendu. Le ministre de l’Agriculture a adressé un courrier au ministre délégué au budget, Jérôme Cahuzac et au président de la Mutualité sociale agricole, Gérard Pelhate pour leur demander de répondre favorablement aux demandes de report des échéances sociales et fiscales des éleveurs fragilisés. Mais au-delà de l’urgence, c’est la survie d’une filière avicole française qui est en jeu. « On ne peut pas considérer que l’export, le frais, les produits élaborés ce n’est pas pour nous. En Bretagne trois poulets sur quatre sont exportés. Si nous renonçons, les Allemands, les Néerlandais, les Espagnols prendront aussitôt notre place ». Et d’en appeler à une concertation entre les principaux groupes, LDC, Gastronome, Glon Sanders pour piloter une restructuration de la filière. « Soit on est capable collectivement de rationaliser la filière, peut être en fermant un ou deux site, soit on laisse faire et on laissera sur le carreau éleveurs et salariés avec des fermetures en cascade ». Sans oublier non plus, que la France souffre d’un manque de compétitivité de ses filières animales et notamment le coût du travail dans les abattoirs et les ateliers de découpe. « Si nous ne faisons rien là-dessus, nous laisserons partir une partie de l’activité ailleurs » avertit-il.

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