La grande Claas du développement durable
le développement durable, deux journées organisées en partenariat avec
Claas, qui saisissait là l'occasion de fêter son centenaire et de faire
prendre la mesure de l'étroite interaction entre progrès agronomique et
évolution des équipements, pour un développement durable vraiment «
soutenable » et accessible au plus grand nombre.
La Bourgogne cultive le durable et le soutenable
AgroSupDijon s'inscrit dans ce schéma depuis plusieurs années déjà. En liant agronomie et agroéquipement, l'université forme les ingénieurs qui concevront les équipements de demain. Avec en parallèle, l'ambition de trouver les meilleures combinaisons entre cultures alimentaires, cultures dédiées à l'alimentation animale et cultures énergétiques.
En Bourgogne, on cultive la mesure et une approche raisonnée d'un développement que l'on souhaite réellement durable, c'est-à-dire économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. La politique de développement des énergies renouvelables se concrétise dans le soutien à la filière bois-énergie, le bois-énergie s'affichant comme un co-produit du bois d'oeuvre, voie royale de la production forestière. Cette orientation qui bénéficie du progrès des équipements individuels et collectifs et des avancées en matière d'isolation des bâtiments reste une valeur sûre, créatrice d'emplois localement.
Autre facteur de développement durable en lien direct avec l'agronomie et la production agricole : la méthanisation. Les projets se développent en Bourgogne et la présentation du projet bientôt en phase de production du Gaec des frères Fèvre, à Brazey-en-Plaine, en Côte-d'Or, montre comment on peut bien équilibrer et raisonner une production énergétique, au cœur d'un système d'exploitation, par l'optimisation de ses ressources, l'adaptation des pratiques et son insertion dans le tissu économique local.
Des systèmes de cultures innovants
Démonstration aussi de l'avantage d'une réflexion agronomique intégrée au système d'exploitation dans le cadre d'une stratégie de production durable, avec Sarah Gonzalvès, conseillère grandes cultures à la chambre d'agriculture de l'Yonne. L'exploitation du lycée agricole La Brosse s'est engagée dans la démarche des systèmes de cultures innovants et compare depuis plusieurs années trois grands systèmes, de la production intégrée à la production à haute performance énergétique. Le recul assuré par six années de production sur trois ateliers (grandes cultures, lait et vigne) témoigne « de bons résultats par rapport aux trois piliers d'un développement qui doit pour être durable s'avérer économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable ».
Le clou est enfoncé par Bernard Nicolardot et sa présentation des essais PIC de Bretennières qui testent la réduction des doses, le travail du sol et le semis direct sous couvert. L'important là encore « c'est de retenir ce qui marche » : la diversification des rotations en alternant cultures de printemps et cultures d'hiver, la combinaison des techniques « à effet partiel », les choix variétaux en sélectionnant les variétés les plus compétitives par rapport aux adventices, les stratégies différenciées de travail du sol, entre désherbage mécanique et désherbage chimique en privilégiant « les herbicides à faible impact écotoxique »...
Tests et essais grandeur nature à l'échelle d'une exploitation ou dans le cadre d'une action de recherche/développement, amènent à la conclusion suivante : « il n'y a pas de recette miracle ou de stratégie unique, mais une combinaison de techniques à adapter en fonction du système, cela fonctionne, mais pour réussir il faut vraiment le vouloir et s'en donner les moyens (raisonnement économique, niveau de technicité et organisation du travail)... Enfin, cette démarche bouleverse le paysage et l'environnement économique agricole traditionnel, ce qui suppose de s'adapter, voire d'innover dans de nouvelles filières ».
Quand l'intelligence vient aux machines
A quoi ressemblera le tracteur de demain ? C'est « l'engin associé qui pilotera le tracteur » avec un système de pilotage « du sol au tracteur » preuve pour les responsables de Claas que « la performance va dans le sens de l'économie durable ».
Même démonstration chez Dijon Céréales, avec la présentation par Gérard Million de la plateforme Artémis, résultat de la mise en commun des compétences et de l'ingénierie des coopératives de Bourgogne et de Franche-Comté, oeuvrant de concert pour la préservation des sols et l'amélioration de leur potentiel.
Futuristes et pourtant déjà parfaitement intégrés dans certains systèmes d'exploitation, les équipement GPS et RTK participent également de cette volonté d'optimisation des interventions et des traitements et donc de réduction des coûts financiers et de l'impact écologique. Le RTK, avec une précision de 2 centimètres, s'avérant particulièrement intéressant pour les techniques qui demandent la plus grande précision comme le strip till, la modulation des doses, le binage mécanique...
Une agriculture « forcément » durable, en Bresse jurassienne
Le concept n'était pas encore inventé que M. Chalumeau s'est lancé dans l'agriculture durable sans le savoir, poussé par un environnement agronomique délicat, des contraintes environnementales incontournables et la nécessité de « relever un vrai défi agronomique et écologique » pour assurer la pérennité de son activité d'exploitant.
L'environnement, c'est la Bresse jurassienne, une région à forte pluviosité, sur des sols instables, très sensibles au compactage, peu favorables à l'enracinement, soumis à d'importants ruissellements et pour couronner le tout, contraints par 100 ha de périmètres de captage sur les 500 ha que compte aujourd'hui l'exploitation. Tout ne s'est pas fait en un jour et avant d'atteindre ces 500 ha, il a fallu beaucoup bataillé contre une nature parfois ingrate, « cheminer en continu en testant les techniques, se remettre en cause quand cela ne marchait pas »...
Au final l'objectif de qualité de l'eau est atteint et l'équilibre trouvé entre agronomie et agroéquipement. La réflexion sur le matériel a conduit à optimiser la surface de portance des machines (largeur des pneus, chenilles, pneus basse pression, limitation des chargements et déchargements au champ..). Et sur le plan agronomique : des stratégies de couverts végétaux ont été progressivement mises en place (avec un maximum de légumineuses en mélanges diversifiés), traitements bas volume, suppression des régulateurs de croissance, réduction des fongicides, modification des pratiques agronomiques en menant des opérations simultanées : fissuration, hersage et semis. Semer plusieurs cultures en place s'est avérée la solution la plus pertinente au regard des contraintes et des objectifs : le colza est semé avec des lentilles et un trèfle blanc entre les rangs, en prévision de l'implantation suivante d'un maïs dans le trèfle qui reste en place après le colza. Les lentilles gèlent, le colza suit sa courbe de croissance, après la moisson, le trèfle reste en place et le maïs est semé en inter-rang. Cet exemple montre que quand les contraintes du sol se conjuguent aux contraintes environnementales, nécessité fait loi et conduit à développer des pratiques innovantes.