La Hollande, l’autre pays du fromage

Petit retour en arrière. Alors qu’elles vivent plus que confortablement à Rotterdam, Suus, musicienne, comédienne et chef d’orchestre, et Paula, chef d’une agence bancaire, achètent en 2003 une résidence secondaire en Bourgogne, aux Guerreaux. C’est le coup de foudre pour la région. Dès lors, elles envisagent de quitter le plat pays pour les terres plus vallonnées de Saône-et-Loire. Mais encore faut-il trouver quelle activité exercer dans cette région... C’est à ce moment que l’idée de vendre du fromage hollandais naît. Si cela peut paraître saugrenu au premier abord étant donné la piètre réputation de cet aliment que l’on trouve généralement en grande surface, le projet semble plus réaliste lorsque l’on observe dans le détail leur démarche. Elles choisissent d’aller à la rencontre de compatriotes producteurs pour les connaître et goûter leurs fromages artisanaux. « Nous travaillons avec des fermes de différentes régions. Nous retournons au pays environ trois fois par an pour déguster et trouver de nouveaux producteurs ».
La qualité prime
Des fromages de chèvres, de vaches et de brebis, la plupart au lait cru et pour certains bio, constituent la large carte élaborée par Suus et Paula. On citera, par exemple, leur gouda, leur brie de chèvre, leur bleu de chèvre et leur fromage aux truffes noires d’Italie. Trente-cinq fromages qu’elles affinent avec grand soin pour les proposer à maturité. Levées chaque jour à 5 heures, elles se rendent sur différents marchés locaux toutes les semaines, qu’il s’agisse de Marcigny le lundi, Gueugnon le jeudi, Paray-le-Monial (les semaines paires) et Digoin (les semaines impaires) le vendredi, Cluny le samedi ou encore Chagny le dimanche.
Le plus dur, au départ, a été de convaincre les consommateurs de goûter. Pour cela, elle n’hésitent pas à faire déguster des produits peu ou pas connus. Avec un certain succès puisque leur chiffre d’affaires va en croissant depuis quatre ans. « Nous avons une clientèle très différente selon les villes où nous faisons nos marchés. Par ailleurs, nous travaillons beaucoup avec les viticulteurs lorsqu’ils font des dégustations, des portes ouvertes ». Mais leur diversification va encore plus loin puisque certaines tables proposent désormais leurs fromages. « Nous travaillons avec des restaurants qui sont notamment situés à Cluny, à Issy-L’Evêque, à Givry et même à Montpellier. En outre, nous fournissons quelques magasins ». Le service est très poussé car il est possible de se faire livrer, suite à une commande effectuée sur leur site Internet, par colissimo « Cela fonctionne très bien. Nous avons des clients dans toute la France et même à Monaco ».
Une jolie réussite
Alors que leur pari semblait loin d’être gagné au départ, Suus et Paula envisagent désormais l’avenir avec une certaine sérénité. « Au début, ce fut difficile. Il a vraiment fallu convaincre. Immédiatement, nous avons souhaité proposer un produit de qualité et prendre la clientèle au sérieux tout en étant à son écoute. Nous sommes fiers de notre bilan ». En plus de leurs sourires et de leur gentillesse, Suus et Paula aiment faire partager ce qui est devenue une passion. Mais loin de se satisfaire de l’existant, elles ont d’autres projets en tête, notamment cette possible association avec un viticulteur du Beaujolais. En outre, elles souhaitent développer leurs livraisons sur Lyon à travers, entre autres, la collaboration avec un business club local.