La lutte biologique contre l'esca
en collaboration avec l’Inra de Bordeaux, ont montré qu'un
micro-organisme présent au niveau des racines de ceps de vigne permet de
renforcer leur résistance face à un des champignons responsables de
l'esca.
"P. oligandrum colonise fréquemment les racines des ceps aux vignobles", indiquent les chercheurs. Dans douze vignobles différents de la région bordelaise, tous plantés en Cabernet Sauvignon et âgés de 20 à 25 ans, ils ont prélevé des échantillons de racines à trente centimètres de profondeur chez dix plants sélectionnés au hasard. Ils y ont ensuite isolé plusieurs souches de P. oligandrum puis ont analysé leurs séquences d'ADN. Ils ont ainsi découvert que deux gènes impliqués dans l'élicitation, ou stimulation, du système de défense de la vigne sont présents dans l’ensemble des souches isolées.
Sous serre, des boutures de Cabernet Sauvignon ont été plantées, puis inoculées deux mois après au niveau des racines par P. oligandrum, puis une semaine après, par P. chlamydospora au niveau de la tige. Durant les quatre mois de l'essai, les chercheurs ont constaté que P. oligandrum colonisait durablement les racines des jeunes plants et qu'il permettait, par un effet indirect, d'améliorer leur protection contre P. chlamydospora. "A l'issue des quatre mois, les jeunes plants dont les racines étaient colonisées par P. oligandrum, présentaient des nécroses inférieures de 35 % à 50 % par rapport à celles des plants témoins", explique Jonathan Gerbore.
Ces premiers résultats concluants restent aujourd'hui à confirmer au vignoble. " Les essais terrain devraient débuter l'année prochaine ", annonce Jonathan Gerbore. Ces expérimentations permettront notamment d'en savoir plus sur l’installation de P. oligandrum au vignoble durant plusieurs saisons culturales (différents cépages plantés dans différentes régions seront utilisés), et sur les mécanismes de défense induits sur la vigne par P. oligandrum sur le court, moyen et long terme.
Mais pour le moment, Biovitis, la PME qui a financé les travaux de thèse de Jonathan Gerbore est " confrontée à une réglementation lourde et coûteuse, comme les autres sociétés qui souhaitent homologuer puis commercialiser des produits à base d’agent de lutte biologique, déplore Jonathan Gerbore. Cela retarde la mise sur le marché de solutions potentielles contre plusieurs pathologies, comme les maladies du bois de la vigne ". Alors que le ministère de l'Agriculture affiche son objectif de développer et de promouvoir les stratégies de biocontrôle, les chercheurs ont encore des difficultés pour faire aboutir leurs travaux. Pour le chercheur, " une bonne synergie des différents acteurs permettra d’obtenir des solutions concrètes et efficaces ".
Des arthropodes vecteurs de l'esca ?
Selon des recherches menées à l'université de Stellenbosch en Afrique du Sud publiées au début de l'année, les fourmis et les mille-pattes seraient porteurs d'un des champignons de l'esca, Phaeomoniella chlamydospora. Ils seraient capables de contaminer les ceps en se nourrissant de la sève s'écoulant des plaies de taille. D'autres arthropodes (araignées, scarabées) pourraient également être vecteurs d'agents pathogènes, selon les chercheurs sud-africains. Ceux-ci ont collecté durant deux ans, sur des vignes présentant des symptômes de maladies du bois, 10 875 arthropodes, sur lesquels auraient été détectés les champignons responsables de l'esca, tels que Phaeomoniella chlamydospora, Phaeoacremoninu, Botryosphaeria. Les chercheurs de l'université de Stellenbosch estiment que la gestion des arthropodes devrait être intégrée dans les stratégies de lutte contre les maladies du bois dans les vignobles.