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Fertilité des sols

La matière organique : un atout

A Saint-Jean-d’Ardières, au lycée viticole de Bel Air, la Sicarex
Beaujolais et l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) ont
organisé leur 23e entretiens jeudi 20 mars. Cette année, la matière
organique du sol constituait le fil conducteur d’une matinée riche en
enseignements.
Par Publié par Cédric Michelin
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Pour cette 23e édition, et devant un public nombreux, la Sicarex Beaujolais et l’Institut français de la vigne et du vin ont mis l’accent sur la matière organique (MO). Celle-ci regroupe une somme importante et hétérogène de substances et de composés carbonés d’origine végétale et animale. Malgré une certaine complexité de sa nature, la matière organique joue un rôle important dans le fonctionnement global du sol. D’ailleurs la notion de fertilité se traduit au travers de trois composantes précises : chimique, physique et biologique. « La fertilité chimique s’exprime par le réservoir de nutriments, en particulier l’azote rendu progressivement biodisponible pour les plantes, en fonction de la dynamique de minéralisation et de la matière organique », explique Sabine Houot de l’Institut national de recherche agronomique (Inra). Le rôle physique des matières organiques contribue également à la stabilité des agrégats donc de la structure, à la porosité, aux propriétés de rétention d’eau du sol et à la force du sol. « Ces propriétés permettent ensuite une meilleure disponibilité de l’eau pour les plantes tout en assurant une meilleure infiltration de l’eau en excès, réduisant ainsi les risques d’érosion », précise-t-elle. Enfin, le développement de la majeure partie de la microflore et de la faune du sol est lié aux matières organiques, ceci caractérisant une richesse biologique. Plus récemment, on attribue même aux matières organiques des sols des rôles environnementaux, à travers notamment le stockage de carbone qui pourrait en partie compenser les augmentations d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Entretenir les stocks de matière organique



Les matières organiques ne sont pas homogènes dans le sol. Des caractéristiques chimiques et biochimiques différentes génèrent des dynamiques opposées. Celles-ci sont également liées à la localisation de la matière organique dans le sol. Pour retrouver une constance, des apports sont nécessaires aux stocks de matières organiques. Il existe différentes pratiques pour contribuer au maintien, voire à l’augmentation de ces stocks : l’implantation de légumineuse en grandes cultures, l’enherbement des vignes, la réduction du travail du sol ou encore la restitution des résidus végétaux. « Ces matières organiques exogènes sont souvent d’origine résiduaire d’où leur appellation de produit résiduaire organique (PRO). En fonction des attentes liées à l’utilisation des PRO, on choisira des PRO fertilisants ou amendants. En viticulture, on optera pour des amendements organiques », illustre Sabine Houot.


Quid du Beaujolais ?



A l’occasion des Entretiens du Beaujolais de 2011, la Sicarex avait déjà traité ce sujet de la matière organique des sols sur le vignoble. « A l’époque, nous avions comparé trois crus granitiques à d’autres régions viticoles dont nous connaissions bien les sols et les climats. Les pistes observées se sont depuis renforcées, affinées et complétées. Nous avons aujourd’hui acquis de nombreux résultats sur les sols du cortège des pierres bleues et les zones sédimentaires du sud-beaujolais », explique Isabelle Letessier de Sigales. Cette dernière a remarqué de fortes disparités entre les appellations. « Suite à des prélèvements de sol entre 10 et 30 cm de profondeur, nous constatons que les crus les plus granitiques, très peu argileux (Fleurie, Chiroubles, Chénas,…) sont pauvres en matière organique. En revanche, le Beaujolais, notamment, est trois fois plus argileux et riches en matière organique », a-t-elle conclu à ce sujet.