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Abattoir d’Autun

La mobilisation, c'est maintenant !

Ne pouvant se résigner à voir disparaitre leur outil d’abattage de proximité, les utilisateurs de l’abattoir d’Autun se sont réunis dans un collectif : l’association pour la sauvegarde d’un abattoir en Bourgogne centrale. Soutenus par la profession, ils comptent bien tout faire pour qu’un nouveau projet local voit le jour. C’est tout un pan de l’activité économique de ce territoire rural qui est en jeu.
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En juin dernier, un peu plus de 150 personnes avaient répondu à l’appel des responsables de l’abattoir d’Autun. Encouragée par le syndicalisme, la mobilisation dépassait largement l’arrondissement d'Autun, laquelle avait reçu le soutien appuyé de la chambre d’agriculture, de la FDSEA, du conseil général notamment. La Sica gestionnaire de l’outil, la Communauté de communes d'Autun (CCA) propriétaire des murs et les experts de la chambre d’agriculture avaient livré la situation précise de l’abattoir. Pour pouvoir être sauvée, la structure avait besoin « d’un programme extrêmement lourd », avait-on prévenu.
Pour pouvoir se mettre aux normes vis-à-vis de l’administration et éviter la fermeture, c’est une réfection quasi-totale qu’il faut en effet envisager. On parle de plus de 3 millions d’euros d’investissement. Chaîne d’abattage, gestion des déchets, cadre juridique : tout doit être revu dans les plus brefs délais.
Plusieurs arguments militent pour la sauvegarde de l’abattoir d’Autun. Le rayonnement géographique de cet outil qui couvre non seulement le nord Saône-et-Loire mais aussi toute la Bourgogne centrale. Il y a aussi le potentiel de cette zone de production face à des perspectives mondiales de pénuries de viande. Les coûts de transport vont également dans le sens d’un abattage sur place. Dernier argument cité : l’émergence des circuits courts qui pousse parfois à recréer ce type d’outil local. Sur ce point, l’abattoir d’Autun a l’avantage de disposer d’un atelier de découpe qui répond tout à fait à ce type de demande.
Ne pouvant se résigner à ce que « seuls quelques grands groupes abattent le bétail », les défenseurs de l’abattoir d’Autun se sont immédiatement mobilisés au sein d’un collectif. Il s’agit de « l’association pour la sauvegarde d’un abattoir en Bourgogne centrale ». Bourgogne centrale, « parce que nous avons eu la volonté de désigner cette zone qui s’étend bien plus loin que l’Autunois. Le périmètre d’influence de l’abattoir d’Autun va jusqu’à Pouilly-en-Auxois (21), Montsauche-les-Settons (58) ou Toulon-sur-Arroux », explique le président Jean-Philippe Nivost, lui-même éleveur-engraisseur à Saint-Firmin.

Lobbying


Créée au début de l’été, l’association compte déjà près d’une centaine d’adhérents qui se sont joints « de manière spontanée », se réjouit Jean-Philippe Nivost. « Le conseil d’administration a souhaité que tous les partenaires de la filière soient représentés : éleveurs, commerçants en bestiaux, chevillards, bouchers, grandes surfaces... Notre but, c’est de créer une dynamique pour l’avenir de l’abattoir d’Autun », résume le président. Un double défi attend l’association. Non seulement, il faut arriver à bâtir un nouveau projet qui soit aux normes et viable économiquement, mais en plus, il faut parvenir à maintenir l’activité tout au long des travaux. « Nous allons jouer un rôle de lobbying, notamment en faisant en sorte que l’ancien outil puisse tourner jusqu’à l’ouverture de la nouvelle installation », explique Jean-Philippe Nivost. Pour éviter la fermeture administrative, il faudra investir dans « la triperie, les peintures et la tuyauterie ». Sica et CCA se sont engagées à réaliser ces investissements. Parallèlement, l’association ira « convaincre les décideurs politiques, les financeurs du bienfondé de la réalisation d’un nouveau projet de 2.500 tonnes entièrement aux normes ».
« Les chevilles ouvrières sont la Sica - présidée par Bernard Joly -, la CCA et la chambre d’agriculture. Nous, nous sommes là pour les soutenir, pour faire connaitre le projet, convaincre. Lorsque le projet aboutira, notre rôle sera d’inciter les partenaires à s’engager financièrement. Ce projet répond à la fois à une attente des consommateurs et des politiques. Nous avons une zone de production et une zone de consommation qui coïncident, avec un outil, des professionnels, le tout très local. Un circuit court, si on enlève un maillon de la chaîne, il n’y en a plus ! D’où l’utilité d’un tel abattoir », argumente Jean-Philippe Nivost.

Adhésions bienvenues


Dans les semaines qui viennent, l’association pour la sauvegarde d’un abattoir en Bourgogne centrale ira présenter la situation de l’outil autunois en Côte-d’Or et dans la Nièvre. Le 1er octobre, la réunion aura lieu à Pouilly-en-Auxois (21) et un peu plus tard, ce sera au tour de Château-Chinon (58). « Nous allons sensibiliser les utilisateurs de ces régions. Nous y avons de nombreux usagers de l’outil d’abattage, mais aussi de l’atelier de découpe », signale le président.
Ce dernier ne cache pas son ambition de faire gonfler le nombre d’adhérents de cette association de défense. « Les adhésions sont toujours possibles. Le montant symbolique n’est que de 25 €. Et notre association n’est pas réservée qu’aux seuls utilisateurs. Elus, collectivités, maires ruraux, particuliers…  Tous sont les bienvenus. Car l’avenir de l’abattoir d’Autun concerne tout un tissu rural avec de l’activité économique et des emplois derrières », conclut convainquant Jean-Philippe Nivost.



Ce week-end à la Foire économique d’Autun


L’association pour la sauvegarde d’un abattoir en Bourgogne du Sud sera présente ce week-end à la Foire économique d’Autun, au parc des expositions L’Eduen.





Abattoir d’Autun
Activité fragile


L’abattoir public d’Autun date de 1968. Son chiffre d’affaire oscille entre 1,1 et 1,2 millions d’€. Cette année, son résultat était de seulement 10.000 €.
La situation économique de l’abattoir s’est particulièrement dégradée fin 2008 avec la perte de son principal chevillard. Cette affaire a fait chuter l’activité de l’outil de 400 tonnes et laissé une ardoise de 200.000 € d’impayés.
Conçu pour abattre 5.000 tonnes de viande, le volume traité par l’abattoir est passé de 3.500 tonnes au sortir de la seconde crise de l’ESB à tout juste 2.000 actuellement. 77 % du tonnage est fait de bovins, suivis des porcs (11 %) et des ovins (6 %). Parmi les usagers de l’abattoir, cinq grossistes réalisent à eux seuls environ 1.250 à 1.500 tonnes. Une vingtaine de bouchers traditionnels font abattre pour près de 240 tonnes de viande. La vente directe et les GIE représentent 125 tonnes réalisées pour le compte de 25 sociétaires. 200 tonnes abattues notamment dans le cadre rituel complètent ce tableau. A noter que parmi les usagers de l’abattoir figurent 561 éleveurs locaux.
L’abattoir d’Autun a l’avantage de disposer d’un atelier de découpe et conditionnement récent. 572 « clients » plus 307 agriculteurs (vente directe et GIE) en sont usagers.
Parmi les évènements récents, il faut signaler le partenariat signé avec le groupe SVA Jean Rozé qui en permettant d’abattre 200 tonnes supplémentaires a en quelque sorte sauvé l’abattoir. 


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