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Récolte 2013 maïs grain

« La parcelle plus que la variété »

Mercredi 25 septembre au Gaec du Château à La Chaux, la coopérative
Bourgogne du Sud présentait ses essais maïs grain en situation de limons
battant drainé. En raison des excès d’eau qui ont marqué cette année,
les variétés d’indices 350 à 500 - semées dans une « microcuvette » -
n’étaient pas « représentatives » de leurs potentiels. Quant aux essais
en alluvions, la parcelle fut tout bonnement submergée par la Saône.
Par Publié par Cédric Michelin
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La présentation de la gamme "maïs grains" fut donc réduite aux variétés précoces et semi-précoces (inférieur à 350). Car, le fait marquant de cette année est sans conteste l’excès d’eau. Semées le 24 avril, ces variétés de maïs ont mis près de trois semaines pour lever. La parcelle a reçu le double des précipitations habituelles (560 mm depuis semis). La floraison s’est étalée entre le 25 juillet et le 2 août toujours accompagnée de 55 mm d’eau. Tant bien que mal, Christine Boully, responsable des essais, positivait : « cela permet de voir les variétés qui passent le stress hydrique de fin juillet/août (sol tassé/resserré) suite à un mauvais enracinement du justement aux excès d’eau, avec parallèlement, des températures fraîches en avril/mai ». Et les indices précoces (300 à 350) ne sont « pas mauvais » (voir encadré).
Les cultivateurs ont du pourtant lutter contre les adventices et nuisibles. En effet, les conditions furent propices à la ponte et à la survie des pyrales qui, à partir du 20 juillet, faisaient des dégâts, surtout au sud d’une zone allant de Pierre-de-Bresse à Sennecey-le-Grand. Côté flore, quelque peu lavés par les pluies, les herbicides en fin de rémanence laissaient les panics lever en décalé des semis, tout comme les dicotylédones.

Dur pour les maïs semés après le 15 juin



Sur cet essai, avec 1750°C (base 6), l’humidité théorique atteinte est de 36 % à cette date du 25 septembre. Surtout, le potentiel de récolte dépendra principalement de la parcelle et de la date de semis, moins de la variété vraisemblablement cette année. « Les premiers semis donneront de beaux maïs. Ceux semés la première semaine de juin doivent terminer leur remplissage et terminent leur dessiccation. Pour cela, il ne faut pas qu’il gèle pendant un mois et demi. Pour les maïs semés après le 15 juin, ce sera plus compliqué », prévoit Christine Boully. Sur le secteur de la coopérative, les rendements pourraient aller « de 30 à 150 t/ha ».

Sale campagne obligeant à faire le gros dos


La maturité physiologique permettant de récolter devrait intervenir la semaine prochaine pour les semis de fin avril. Ce qui pose déjà la question du séchage (et des frais). « Nous avons renégocié le prix du gaz. On ne bougera pas le prix du séchage jusqu’à ce que la récolte soit bien avancée – environ 80 % des maïs rentrés – mais nous ne vous préviendrons pas pour ne pas prendre le risque que ça traine », expliquait Michel Duvernois. 2013 sera donc jusqu’au bout une « sale campagne » côté production et aussi sur les marchés céréaliers (voir encadré). Une situation semblable est également à noter sur le secteur viticulture, ce qui faisait dire au directeur que la coopérative fait déjà le « gros dos », en baissant ses coûts de fonctionnement.




Les variétés testées


Dodixx (indice 300) présente une excellente vigueur au départ, se comporte mieux dans les alluvions avec une « belle » programmation en vue. Il avait un rendement de 104 % par rapport à la moyenne des essais en 2012. Bémol, ce maïs n’est pas toujours régulier et « craint un peu » le stress "température/excès d’eau".
Grand gabarit, ES Cubus (indice 320) - faisant partie des "dentés tropicaux" (grains vitreux et cornés) - a une « dessiccation intéressante » avec une rendement l’an dernier à 103 % mais son défaut est de pas avoir une excellente vigueur au départ.
ES Flato (indice 350) est lui plus tardif avec un « bon potentiel » (102 % en 2012) même si ses épis sont « un peu courts », peut-être dû à la densité du semis.
Variété rustique « sans atout ni défaut majeurs », Kaustrias a un rendement meilleur en alluvion qu’en limon.
Parmi la série des plus précoces de l’essai, NK Olympic (indice 300) a l’avantage d’avoir « une vidange très rapide en fin de cycle » mais était « un peu en retrait » l’an dernier en terme de potentiel.
Palmarès (indice 290) fut précoce également avec une floraison au 25 juillet mais un rendement « moyen » (99 % en 2012).
Ancienne variété, PR38V31 (indice 288) est un maïs denté qui n’a pas aimé les conditions de cette année avec des épis irréguliers et bouchonnés. Pourtant, il était à 105 % et sa dessiccation est rapide.
Sherley (indice 320) a une vigueur au départ « correcte », avec un potentiel « dans la moyenne » mais « pas hyper rapide » côté dessiccation, ce qui le « pénalise » en 2013.
Dans la série des indices 320 à 350, KWS9361 (indice 340) est régulier avec une bonne vigueur au départ, moins denté que Kaustrias avec une dessiccation plus lente en fin de cycle et avec un bel aspect de ses épis.
Variété qui avait tallé l’an dernier, DKC4408 (indice 350) présente un « petit » gabarit mais a 105 % l’an dernier est encore mieux en limon avec par contre une « mauvaise » vigueur au départ.
En seulement un an, ES Gallery (indice 320) a été inscrit en raison de son potentiel « élevé » (107 %). « Mieux en limon », les essais 2012 l’avaient donné à 102 % en Bresse.
Forvia est un hybride régulier « passe partout » à floraison précoce (102 %). Avec une vigueur moyenne au départ.
Kassandras est à réserver aux « bonnes situations » (100 % en 2012).
Avec de « gros épis », NK Octet (indice 330) va « relativement vite » en fin de cycle (97 % en 2012).
Obixx (indice 370) a une « bonne » programmation (104 % en 2012) mais n’a pas aimé le stress du printemps froid.





Craignant l'humidité ET le sec


Dans le profil pédologique, Pascal Bucheton mettait en évidence différents horizons. Les 30 premiers centimètres travaillés (pH 6,7) laissaient place à une zone intermédiaire faite de limons et de glaises (pH 6,4) et une zone profonde (pH 6) « quadrillée ou l’eau passe ». Premier conseil promulgué aux céréaliers : « il n’est pas nécessaire de chercher la neutralité (pH 7) à tout prix, mieux vaut entretenir ce bon état calcique en chaulant, disons tous les 3 ans ». D’ailleurs les derniers apports de fumier – réalisés avant semis - n’étaient pas encore totalement dégradés. Aucune semelle n’apparaissait sur ce profil et le système racinaire descendait, sans aller jusqu’au troisième horizon, faisant dire à Pascal que « cette parcelle craint vite l’humidité ET le sec ». Sans présence de vers de terre en quantité, les agriculteurs s’interrogeaient sur comment ramener de la vie dans ces sols ? « Les "dégâts" ici ne datent pas de ces dernières années », analysait Pascal qui conseillait « soit ne pas laisser ce sol nu pendant deux ans soit de faire du non labour, pour ramener des vers de terre dans 10 ans ».





Le soja non OGM, « seule bonne nouvelle »



Le directeur, Michel Duvernois faisait un point sur les marchés. « On a connu des années plus agréables ». Se voulant « rassurant » tout de même, il rappelait que fondamentalement la consommation mondiale de blé reste supérieure à sa production. Des stocks se recomposent néanmoins mais « en partant de niveaux bas ». Reste que la concurrence se durcit. La Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan viennent « impactés » les marchés français. A peine, l’Egypte revenue aux achats, la Mer noire (Roumanie, Ukraine) s’y intéresse. Heureusement pour la coopérative, la qualité russe est « mauvaise » ce qui permet à Bourgogne du Sud d’avoir doublé l’export par rapport à la même époque l’an passé.
En maïs, la production 2013 « restera historiquement » forte. La hausse de la consommation (+63 Mt) n’empêchera pas la constitution de stock. Les marchés commencent à s’en ressentir. « Si c’est idem en 2014, on retombera sur le schéma catastrophique de 2009 », prévient le directeur. A nouveau, l’Ukraine est un concurrent sérieux, y compris en France, « avec des rumeurs de ventes en Bretagne » même.
Orientés à la baisse (166 €/t maïs au Matif), « les acheteurs ne sont pas pressés » et attendent les baisses des cours. En blé, le Matif est à 190 €/t (en date du 25 septembre) « en dessous des coûts de production ».
Les marchés oléagineux sont eux aussi « compliqués » avec des colzas impactés (366 €/t au Matif) par l’annonce de la réduction d’incorporation dans le biogaz. Enfin, les tournesols sont « très impactés » sur le secteur de la coopérative « avec la perte de la moitié des surfaces ».
Seule « bonne nouvelle », c’est la première année ou le soja non OGM est valorisé (plus de 400 €/t) - soit plus cher que le colza - en raison de la demande forte des filières de qualité ayant inscrit ce type d’approvisionnements dans leur cahier des charges.


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