La parité au coeur

« 50 ans de combat pour avoir le statut de conjoint collaborateur ». Face à la caméra de Daniel Vigne, Marie-Thérèse Lacombe, agricultrice à la retraite dans l’Aveyron et pionnière de la lutte syndicale des femmes, témoigne pour le documentaire « Femmes en campagne ». 50 ans c’est long mais c’est une réalité. Ce n’est que depuis 1999 que les femmes ont droit au statut de conjoint collaborateur. « Nous étions répertoriées comme "femmes inactives", alors qu’on travaillait sur la ferme de 6h du matin à 23h. Ça fait plaisir ! », s’indigne celle qui est aussi la veuve d’un ancien président de la FNSEA. Aujourd’hui, le statut de conjointe collaboratrice leur permet d’être reconnue, de percevoir un salaire, de prendre la suite de leur époux…
Depuis 2008, les chefs d’exploitations ont également droit à des congés maternités au même titre que les salariées agricoles. Cette année, pour les élections aux chambres d’agriculture, les listes devaient avoir obligatoirement 30 % de femmes. Trois d’entre elles ont été élues présidentes aux Chambres d’agriculture. Des avancées pour ces agricultrices devenues au fils des années plus indépendantes de la structure familiale et gèrant aujourd’hui des exploitations. « Le vieux style esclavagiste est bel et bien résolu », lance l’une des agricultrices témoignant pour le documentaire de Daniel Vigne. Ce réalisateur, originaire de l’Allier, s’est toujours intéressé aux transformations de la campagne. Il y a 30 ans, il avait déjà tourné le documentaire « inventaire de campagnes ».

Feuille de route

Devant un parterre de 200 femmes invitées à la présentation du documentaire au ministère de l’Agriculture le 8 mars, Stéphane Le Foll s’est engagé « à la parité ». « Aujourd’hui, il y a 1.100 élues aux chambres d’agriculture. La prochaine étape sera la parité », a-t-il confirmé. « Les femmes cherchent une place, mais il faut prendre toute votre place » a-t-il lancé. En effet, le débat après le visionnage du documentaire a porté sur le partage des responsabilités. « Malheureusement dans la répartition des sièges et dans les instances nationales la parité n’est pas respectée. Il faut que les hommes veuillent bien laisser leur place aux femmes », insiste une agricultrice présente au visionnage du documentaire. Pour répondre de façon concrète aux questionnements de ces agricultrices, Stéphane Le Foll a présenté sa « feuille de route » de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Parmi 20 mesures proposées, le ministère prévoit d’encourager le remplacement des agricultrices en congé maternité, d’améliorer les droits sociaux pour la retraite, de soutenir les projets d’installation, de renforcer la communication sur le statut des agricultrices. Côté enseignement, le ministère souhaite lutter contre les stéréotypes et inciter les filles à choisir des filières traditionnellement dédiées aux garçons comme l’agroalimentaire ou l’agroéquipement. Ces mesures devraient être appliquées d’ici la fin 2013 et sont consultables dans leur totalité sur : http://femmes.gouv.fr/wp-content/uploads/2012/12/CIDF-FeuilledeRoute-MAAF.pdf

La FNSEA prône l’équité

Dans une lettre ouverte envoyée à la presse le 8 mars - journée de la femme, la FNSEA a rappelé les engagements de ses agricultrices : « nous sommes le seul syndicat à disposer d’une commission des agricultrices qui veille et se bat pour la reconnaissance des droits des femmes en agriculture (reconnaissance de leur statut de chef d’exploitation, de conjointe, amélioration de leur protection sociale…) Dans ce domaine, les progrès sont réels, mais il reste encore du chemin à parcourir. » Le syndicat rappelle qu’un chef d’exploitation sur trois est une femme et que « les épouses d’agriculteurs jouent souvent un rôle indéniable tant sur le plan économique que psychologique. » La FNSEA rappelle aussi son engagement pour que toutes les listes présentées aux chambres d’agriculture soient composées de femmes à hauteur de 33 %. Au niveau mondial, le syndicat estime que « la femme et plus particulièrement les agricultrices, ont un rôle considérable dans la lutte contre la faim et la sécurisation des moyens de subsistance des populations rurales. » Dans le monde, 50% des agriculteurs sont des femmes et produisent plus de 50% de la nourriture cultivée sur la planète. « L’engagement des femmes dans notre société n’est plus à prouver, elles méritent d’être encouragées et reconnues à leur juste valeur », conclut la lettre ouverte.