La politique du Gouvernement dépite les producteurs de grandes cultures...
Alors que le revenu de la filière céréalière n’excède pas 900 millions d’€ par an, le gouvernement accroît de 2,3 milliards d’€ par an leurs charges, dénonce l’AGPB qui se dit dépitée.

« Le président de la République veut-il encore des céréaliers ? » a lâché Philippe Pinta, président de l’AGPB, en dressant un réquisitoire très sévère de la première année d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Selon le président de l’AGPB, les 100.000 céréaliers sont ignorés alors que le solde commercial des exportations de céréales de 6 milliards d’€ par an demeure le quatrième poste excédentaire français !
Pour l’heure, seuls l’agriculture bio et les circuits courts semblent avoir les faveurs du Gouvernement et de son ministre de l’Agriculture, déplore Philippe Pinta qui estime que la souveraineté céréalière de la France n’est manifestement plus une priorité.
Dans une motion adoptée le 18 avril, le conseil d’administration de l’AGPB déclare qu’il « est inacceptable de demander aux céréaliers toujours plus d’efforts sans considération du contexte et de la réalité économique profondément dégradée ».
« Personne au Gouvernement ne semble comprendre que les producteurs ont des problèmes », s’inquiète le président de l’AGPB. Certes, le président de la République n’a pas la main sur les marchés ni sur le cours de l’€, mais son Gouvernement « doit donner aux céréaliers les moyens d’être compétitifs en baissant les charges ».
Le montant de la facture
Pourtant, les distorsions avec les voisins s’accroissent.
En un an, les différentes mesures décidées par le Gouvernement qui affectent les céréaliers représenteraient 2,3 milliards d’€ de charges annuelles supplémentaires alors même que le revenu de la filière n’excède pas les 900 millions d’€.
Ces charges supplémentaires, l’AGPB les liste. Les 7 points de baisse de cotisations MSA effacés par le Gouvernement qui avaient été accordés par l’ancien premier ministre Manuel Valls. A cela s’ajoute la ponction de 120 millions d’€ opérée sur les aides du premier pilier de la Pac pour financer le second pilier. Au total, les deux prélèvements représentent un manque à gagner de 300 millions d’€ par an. Les différentes mesures prises, portant sur l’emploi des produits phytosanitaires, s’élèvent à plus de 500 millions d’€ par an. La fin des remises, des rabais et des ristournes rendra leurs achats plus onéreux. Quant à la prochaine interdiction du glyphosate et des néonicotinoïdes, remplacés par des matières actives moins efficaces à l’emploi, celle-ci aura un coût supplémentaire ! Par ailleurs, l’émission d’un nombre insuffisant de "Certificats d’économie de produits phytosanitaires" générera des pénalités qui devront être payées par les céréaliers. Alors que ces derniers sont, par ailleurs, menacés de devoir s’acquitter d’une redevance de produits phytosanitaires plus élevée… Enfin, la séparation du conseil et de la vente de ces produits, prévue dans le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable, pourrait bien générer de nouveaux services payants.
« Même une bonne récolte ne suffira pas à compenser les 2,3 milliards d’€ de charges en plus », met en garde Philippe Pinta. Les céréaliers en ont bien conscience. Ils n’ont d’ailleurs aucune visibilité sur l’avenir et sur la Pac post 2020. La conséquence majeure de cette situation économique dans les prochains mois pourrait bien être des arrêts d’activité, des cessions d’exploitations et la disparition d’agriculteurs, alerte l’AGPB.