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Abattoir d’Autun

La première pierre du nouvel abattoir d'Autun est posée !

Les travaux de rénovation de l’abattoir d’Autun ont débuté. A la veille des premiers coups de pioche, les financeurs de ce projet collectif innovant posaient "la première pierre" en présence du sous-préfet et de nombreux élus. Une victoire pour tous ceux qui se sont battus contre la fatalité et un impératif, celui de se tenir prêts à faire tourner ce nouvel outil une fois les travaux terminés.

La première pierre du nouvel abattoir d'Autun est posée !

Le 16 février, la première pierre des travaux de rénovation de l’abattoir d’Autun a été posée en présence du sous-préfet Eric Boucourt. Une cérémonie certes symbolique mais qui marquait une grande avancée pour les défenseurs de l’outil de proximité. Car depuis 2011, alors que l’abattoir public, cinquantenaire, ne répondait plus aux normes sanitaires d’aujourd’hui, une mobilisation sans précédent avait vu le jour pour éviter la fermeture annoncée. Sous l’impulsion de la communauté de communes du Grand Autunois, propriétaire des murs, élus, organisations professionnelles, éleveurs, acteurs économiques se sont mobilisés pour sauvegarder l’un des derniers abattoirs de proximité multi-espèces de la région.

Prête à consentir l’investissement nécessaire - la création d’une nouvelle chaîne d’abattage - la communauté de communes exigeait cependant que la filière dans son ensemble manifeste clairement son engagement. Encouragée par la profession, une association de défense a vu le jour. Cette dernière a permis de rassembler les 66.000 € d’engagement demandés par FranceAgriMer. Une somme qui a rejoint le capital social de la Sica et qui déclenchait ainsi le processus de subventionnement de l’investissement.

2 millions d’€ d’aides sur un total de 5,8 millions d’€ HT

Devant la volonté du territoire de sauvegarder cet outil économique de proximité, les pouvoirs publics ont accepté de soutenir substantiellement le projet. A lui seul l’Etat financera à hauteur de 896.800 €. Avec les fonds européens Feader, la Région contribuera pour sa part à hauteur de 965.000 €. Le Conseil départemental consent, quant à lui, une subvention de 142.500 € et l’Agence de l’Eau 32.000 €. Cela représente au total environ 2 millions d’€ d’aides publiques sur un total d’investissement s’élevant à 5,8 millions d’€ HT.

Les travaux - qui devaient débuter le lundi 19 février - consistent en la création d’une nouvelle chaîne d’abattage multi-espèces ainsi que le remaniement de la bouverie existante, de l’atelier de découpe avec local de transformation. La fin des travaux est prévue pour mars 2019 et l’activité de l’abattoir ne sera jamais arrêtée durant ce laps de temps.

« Le pari de l’avenir »

Pour la communauté de communes du Grand Autunois Morvan, il s’agit de son deuxième plus importants investissements après le parc des expositions, L’Eduen, confiait la présidente Marie-Claude Barnay. Un projet audacieux motivé par la conviction « qu’un avenir est possible », justifiait l’élue évoquant aussi l’enjeu en matière d’emplois directs et indirects, mais aussi le développement d’une nouvelle offre commerciale (circuits courts, approvisionnement local, vente directe…), sans oublier la formation professionnelle dans cet abattoir école unique en son genre. Très impliqué dans le dossier pour avoir été le président de l’intercommunalité au moment des faits, le député Rémi Rebeyrotte évoquait son expérience autunoise en se souvenant que pour « l’Hopital, comme pour l’industrie ou l’abattoir…, on nous disait à chaque fois que c’était fini ! ». Pourtant, « pour préparer l’avenir du territoire », plaidait-il, « il faut savoir résister et faire le pari de cet avenir ».

Et c’est bien ce pari de l’avenir que représente cet investissement consenti par la collectivité. Un projet qui tient compte des « mutations profondes » tant de la filière que de la consommation. Avec des consommateurs de plus en plus demandeurs de productions locales et vertueuses. Un outil « au service du territoire et de la relocalisation de la production », argumentaient les intervenants.

Un nouveau modèle pour l’agriculture du territoire

Mieux encore, l’aboutissement de ce projet pourrait bien « enclencher un mouvement », estimait le président de la Sica, Bernard Joly. « Force est de constater que notre modèle agricole est remis en cause. Nous avons besoin d’autres perspectives pour notre agriculture territoriale », poursuivait-il. Et dans un territoire où la profession a su instaurer des partenariats avec la grande distribution, l’intercommunalité, la population, le président de la Sica incitait à poursuivre cette nouvelle tendance à « discuter » davantage et construire avec les différents acteurs, même si l’ancien responsable syndical concédait « qu’il fallait toujours se battre sur le prix ».

« Mais l’affaire n’est pas gagnée pour autant », mettait en garde Christian Gillot, vice-président en charge des questions agricoles à la communauté de communes. D’abord, il faudra réussir à maintenir l’activité de l’abattoir durant cette année de travaux. « Une période de jonction délicate », prévenait l’élu, au cours de laquelle le personnel de la Sica travaillera dans des conditions difficiles. Ensuite, « plus délicat encore sera peut-être le temps du fonctionnement », une fois le nouvel outil terminé. « Il faudra alors que nous contribuions tous (communauté de communes, éleveurs, chevillards…) à faire tourner cet outil », invitait d’ores et déjà Christian Gillot.

« Assurer la rentabilité économique »

« S’il y a de quoi être soulagé, nous ne sommes pas pour autant dans un optimisme béat ! », confirmait Bernard Joly. « C’est un investissement lourd qui va peser sur les finances de la communauté de communes. Un investissement qui ne fait pas plaisir à tout le monde », reconnaissait-il, faisant allusion au choix de la filière de privilégier les outils industriels au détriment des petits abattoirs de proximité. Pour Bernard Joly, le territoire n’avait pas le droit de passer à côté d’un tel outil au regard de l’environnement économique et des enjeux de production locaux. Au terme de cette rénovation, la Sica aura à cœur d’assurer la rentabilité économique de l’abattoir, dont les prestations auront un coût. « Il faudra raisonner davantage en chiffre d’affaires et en tonnes transformées qu’en tonnes abattues », poursuivait le président, faisant comprendre que l’outil à venir n’aurait plus rien à voir avec un abattoir municipal. Ce sera un outil économique d’un nouveau genre, tourné vers un produit d’excellence, répondant aux différents besoins des entreprises locales (éleveurs, bouchers, distributeurs, restaurateurs…), des consommateurs et des collectivités. « Un outil générateur d’emplois et de valeur ajoutée qu’il était dans notre devoir de soutenir », partageaient l’ensemble des personnalités présentes.

 

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