La qualité au détriment de la quantité lors des vendanges
Après des vendanges 2018 tout simplement exceptionnelles, la version 2019 est belle et bien plus compliquée. Même si la qualité est au rendez-vous avec un excellent équilibre sucre-acidité, il n’en demeure pas moins que les volumes s’annoncent très en deçà des rendements habituels. Voire même catastrophiques pour quelques secteurs et parcelles.

Positiver et voir les choses du bon côté. Tel était visiblement l’état d’esprit qui régnait lors de cette première semaine de vendanges en Saône-et-Loire. A l’image, dans la Côte Chalonnaise, de Ludovic du Gardin du Clos Salomon à Givry. « Nous débutons les vendanges aujourd’hui (NDLR : mardi). Cela a l’air joli même si nous restons sur deux semaines sans pluie. La vigne a souffert de la sécheresse. Il est encore un peu tôt pour parler des rendements même si je pense que la quantité récoltée sera faible, voire très faible ». Echo sensiblement identique de la part de Pierre Sarrazin du domaine éponyme à Jambles. « Nous avons débuté les vendanges samedi. Côté qualité, les taux de sucre sont intéressants et l’acidité pas mal du tout. Nous avons manqué d’eau et souffert de la sécheresse. La quantité est loin d’être optimale. Nous devrions avoir des rendements oscillants, selon les parcelles, de 30 à 40 hectolitres par hectare ». Alain Roy, installé à Montagny-lès-Buxy, ne déroge pas à la règle. « Nous avons débuté les vendanges samedi. Il y a un bon équilibre sucre-acidité. Nous avons des degrés oscillant entre 13.2° et 13.5°. L’état sanitaire est bon. La vigne a craint la sécheresse. Nous devrions atteindre 25 hectolitres par hectare en vieilles vignes et 40 hectolitres pour les autres ». Le gel aura impacté les vignes de Jean-Noël Pigneret, installé à Rosey. « Nous avons démarré les vendanges samedi par les crémants. Que nous terminerons ce jeudi midi. La qualité est bonne mais nous allons avoir de petits raisins. Nous avons été touchés par le gel mais pas par la grêle. Nous avons manqué d’eau sur la fin. Nous devrions réaliser 45 hectolitres par hectare en pinot noir et 55 hectolitres en aligoté ».
Qualité exceptionnelle ?
Pour sa part, François Raquillet met en avant le potentiel du millésime récolté à Mercurey. « Nous avons démarré les vendanges samedi matin. Les conditions printanières ont été compliquées et nous avons manqué d’eau. Toutefois, la vigne n’a pas trop souffert bien que nous ayons des raisins millerandés. Il n’y a aucune pourriture. Il y a un très bon équilibre sucre-acidité. On se situe à environ 13.5°. Nous serons sur une année qualitative. Par contre, il y a un tout petit rendement, de l’ordre de 25 à 30 hectolitres par hectare. Et il y a des risques de mauvaises surprises en chardonnay ». Pour Jean-Baptise Ponsot, de Rully, l’année aura été compliquée. « Nous avons eu du gel, de la coulure, la sécheresse et des brûlures mais pas de maladie. Les vignes qui ont été grêlées auront de tous petits rendements, de l’ordre de 15 à 20 hl/ha. Dans les autres, nous devrions atteindre 40 hl/ha. Par contre, c’est exceptionnel en qualité avec un équilibre parfait. Côté degrés, on se situe entre 13.5° et 13.7°. »
Petits rendements dans le Mâconnais
Dans le Mâconnais, les premières conclussions sont sensiblement identiques. Comme le confirme Michel Paquet de Solutré. « Les vendanges ont débuté samedi avec le saint véran. La fleur s’est mal passée. C’est une année où il faut faire beaucoup de coupe, ce qui fait que nous n’avançons pas très vite. Toutefois, il y a une super qualité et un bon équilibre sucre-acidité. Nous nous situons entre 13° et 13.7°. » Idem pour Michel Roy du Château du Clos à Solutré-Pouilly. « Nous avons commencé les vendanges ce lundi. Il y a une super qualité, un équilibre sucre-acidité parfait, avec des degrés allant de 13° à 13.2°. Nous avons été touchés par le gel. Par conséquent, nous aurons des rendements de l’ordre de 45 %. Reste à espérer quelques belles surprises sur les vignes les plus tardives. » Enfin, au domaine des Poncetys à Davayé, Sylvain Paturaux garde le sourire malgré la faiblesse des rendements. « Nous avons des rendements très très bas. C’est-à-dire une demi-récolte sur l’ensemble des blancs. Nous avons été gelés, la floraison s’est très mal passée, il y a eu de la coulure sans oublier le millerandage. Nous avons débuté les vendanges vendredi dernier par les jeunes vignes. C’est joli, sain, mûr, assez concentré ». C'est le principal même si ce n'est pas aussi parfait que les si jolis millésimes en 9 des dernières décennies en Bourgogne...