La qualité des vins comme leitmotiv
La valorisation est un mouvement initié il y a plus de 80 ans dans la filière viticole régionale... Déjà à l’époque, les vignerons recherchaient la montée en gamme pour valoriser leur production par rapport à la vente vrac et pour retrouver un peu d’indépendance par rapport au négoce.
Petit retour sur la politique de recherche de plus-values des dernières décennies avec la fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura, la FCCBJ.

La Bourgogne est la région de valorisation par excellence : c’est elle qui, dans les années 1930, a été précurseur dans la mise en place des appellations d’origine contrôlée, les fameuses AOC (ou désormais AOP) ! L'économie était alors en pleine crise économique et les vignerons bourguignons cherchaient également à lutter contre les fraudes. Ces professionnels ont ainsi voulu mettre en avant la qualité de leur production et se distinguer définitivement des vins de table. « Cela a conduit à baisser la quantité produite mais aussi à augmenter la qualité et donc la valeur des vins », explique Marc Sangoy, qui présidait la Fédération des caves coopératives Bourgogne Jura au moment de notre interview et qui vient de laisser la présidence à François Legros, président de la cave de Buxy.
Cette recherche de valorisation s'est concrètement traduite par la mise en place de cahiers des charges précis et contraignants. « Cela a joué sur les vendanges : plus propres, plus mûres, plus saines. Et pour atteindre cette montée en gamme collective, il fallait que tout le monde soit dans la même dynamique. Et pour cela, il a fallu rémunérer ». La viticulture Bourguignonne a su s'organiser et miser sur les marques collectives que sont les AOC. Les coopératives étant alors en première ligne. À l’heure actuelle, la Bourgogne regroupe 23 % des AOC viticoles françaises. Il en est ainsi pour Saint Véran, Viré-Clessé, Montagny, etc. ; autant de noms de communes désormais symboles de qualité et donc de valorisation.
Des notions de valorisation
Ce système a fait ses preuves mais ces dernières années ont montré la nécessité d'innover. L’une des filières de valorisation la plus récente est celle de la sélection parcellaire : « depuis une quinzaine d’années, la reconnaissance se fait aussi en appellation communale, rajoute Marc Sangoy. En précisant de cette façon les lieux-dits, la typicité de chaque terroir est mise en avant ».
En parallèle à tout ceci, des mentions spécifiques ont elles aussi fait leur apparition et se sont multipliées, « on trouve parmi celles-ci vieilli en fût de chêne, élevage long, vieilles vignes, des précisions sur la méthode de vinification ou des éléments sur le rendement, etc. » Autant de spécificités qui permettent des plus-values. « Les concours des vins et les récompenses ont également contribué à cette valorisation et à la notoriété des vins de Bourgogne auprès du grand public », rajoute Marc Sangoy.
Au-delà de l’environnement
Et les choses continuent d’évoluer : désormais sont plébiscitées, « les démarches environnementales comme le label VDD, pour vignerons en développement durable. Près de la moitié des caves que nous représentons sont soit labellisées soit en cours de conversion », précise l'ex-président de la FCCBJ. Ces évolutions, attendues par les consommateurs, le sont donc aussi par les grandes surfaces. « La lutte raisonnée est effective depuis 1990, la démarche VDD va encore plus loin en intégrant, aux critères environnementaux, des notions à la fois sociétales et économiques ».
Et dans cette même mouvance, on retrouve également la démarche Haute valeur environnementale (HVE) et le bio. « Pour la filière bio, les premières vendanges ont eu lieu à la cave de Lugny en septembre dernier, nous en sommes à la première année de conversion. Dans cette filière, le coût de production est de 20 à 30 % plus important… mais c’est aussi l’augmentation appliquée au prix public ». D'autres caves se lancent également comme les Terres Secrètes par exemple.
La valeur humaine
De façon générale, Marc Sangoy ne voit que du positif dans toutes ces recherches de plus-values : « cela contribue à fédérer les vignerons entre eux et à apporter un intérêt complémentaire au collectif. Toutes ces démarches représentent aussi des avancées techniques qui donnent des arguments positifs sur nos pratiques, notamment par rapport à notre voisinage. Cela nous apporte plus de confort, de sérénité et des réponses face aux critiques car on peut expliquer ce que l’on fait ». Les nouveaux viticulteurs se montrent particulièrement sensibles à ces problématiques : « les jeunes vignerons sont désormais plus intéressés aux questions techniques qu’économiques. De ce fait, ils échangent beaucoup entre eux et avec les consommateurs, ce qui apporte de la valeur humaine »… soit une autre forme de valorisation, elle aussi loin d’être négligeable !