La race charolaise comme ciment !
A la fin des années 2000, l’éleveur s’est lancé dans la recherche d’un associé. « Je voulais pouvoir partager ; que tout ne repose pas sur mes seules épaules », confie le quinquagénaire.
Originaire de Normandie et de grands-parents éleveurs laitiers, Damien Lemière avait toujours rêvé de s’installer… mais dans le lait ! BTS agricole en poche, le jeune homme a occupé plusieurs postes, notamment dans les travaux publics, avant de devenir technicien agricole. L’opportunité d’un CDI à la chambre d’agriculture l’a fait atterrir en Saône-et-Loire et plus précisément à Dompierre-les-Ormes. Là, avec son épouse, Damien s’est acheté une maison à rénover, à deux pas de la stabulation de Jean-Pierre. C’est ainsi que les deux hommes ont fait connaissance avant de sympathiser davantage à l’occasion d’une intervention du technicien sur la ferme de Jean-Pierre.
Une rencontre
« Un jour, on s’est dit qu’il fallait tenter ! », relatent en cœur les deux associés. Après un « essai » d’un an, le Gaec Benas-Lemière était créé. Pour s’installer, Damien a repris une ferme d’une centaine d’hectares à La Guiche. Une belle opportunité pour l’élevage puisque la structure comprenait les terrains, les bâtiments et un cheptel inscrit de bon niveau génétique. Les deux sites sont à 25 km de distance. Les deux associés logent chacun sur une ferme : Jean-Pierre à Dompierre et Damien à La Guiche. Le cheptel compte aujourd’hui 150 charolaises.
Malgré les deux décennies qui les séparent et des « cultures agricoles » somme toute bien différentes, les deux associés s’entendent à merveille. Bien sûr, Jean-Pierre reconnaît avoir la main sur « les orientations génétiques » du troupeau. La sélection charolaise est une affaire d’expérience. Il faut du temps et de la pratique pour bien connaître ses coutumes et « des notions qui ne se mesurent pas » telles que les qualités de race ou le grain de viande… Mais le jeune Normand au passé laitier apprend très vite. Et son aîné sait à merveille transmettre sa passion.
Passions complices
Il suffit de les écouter parler de leurs deux taureaux, Cadeau et Georges V (1), pour comprendre leur complicité naissante en matière de génétique. Jean-Pierre et Damien fondent beaucoup d’espoir sur ces deux reproducteurs. Depuis Eldorado (Dessauny) et Libéral (issu d’un croisement Vincent X Raymond), Jean-Pierre n’avait plus retrouvé de taureaux aussi marquants. « On est tout le temps à la recherche du meilleur reproducteur », confie l’éleveur. « Sortir un taureau qui marche, c’est primordial. Tant pour la notoriété de l’élevage que pour l’amélioration qu’il apporte aux femelles », explique l’éleveur. Mais la quête du "crack" n’est pas une mince affaire ! « Il faut certes savoir le détecter, mais ensuite il faut être en mesure de l’acheter », insiste Jean-Pierre.
Le Cadeau d’Ungaro !
La chance a aussi son importance. Pour Cadeau, le Gaec avait « raté » l’animal lorsqu’il était veau. « Nous avions bien repéré ce fils d’Ungaro (Lamborot-Baudin) dans l’élevage d’Issy-l’Evêque, mais il était déjà vendu à un éleveur du Cher. Par chance, je connaissais bien ce dernier et je lui ai proposé de racheter le taureau après quatre années de service », explique Jean-Pierre. Ce digne représentant de la « saga Ungaro » - et qui avait très bien produit dans le Cher - était convoité par d’autres éleveurs. L’animal est exceptionnel. Comme son illustre père, il possède un très fort développement squelettique lui permettant de dépasser sans difficulté les 1.650 kg ! Mais ce gabarit hors du commun n’empêche pas une certaine finesse de viande avec un arrière rebondi et une ossature pas trop démesurée. Le tout rendant ce charolais très harmonieux, commente Jean-Pierre. Acheté l’an dernier, Cadeau n’avait jamais été présenté en concours, si bien que Jean-Pierre et Damien ont du le dresser en à peine trois mois de temps ! Il sortait pour la première fois pour le National de Saulieu où il a terminé troisième. Quelques mois plus tard, il manquait de peu le grand prix d’honneur de Charolles avant d’atteindre le podium à Moulins.
Une peluche de 1.650 kg !
Une belle première saison pour ce champion de cinq ans d’âge qui s’est fait attendre. Visiblement très observé par les ténors de la race, le voilà sélectionné pour le Concours général de Paris. « Un honneur, une forme de reconnaissance, car c’est tout de même les meilleurs de la race qui sont retenus pour Paris », concède Jean-Pierre. Mais s’ils savourent cette montée à la capitale, les deux associés ne cachent pas leur anxiété pour cette première. D’abord, ils redoutent les conséquences en termes d’organisation. « Nous allons essayer d’y être tout les deux le jour du jugement. Mais nous laisserons cinq cents bêtes à la maison, en pleine période de vêlages ! », confie Jean-Pierre. « Au total, cela nécessitera une logistique de cinq personnes pour assurer en même temps une présence à Paris et sur la ferme ! », poursuit Damien. A cela s’ajoute l’appréhension sur l’animal lui-même. Cadeau n’est pas une bête de foire. Jusqu’à l’année dernière, il n’était qu’un taureau de monte naturelle, sans cosmétique ni projecteurs et bien loin du bruyant public de la capitale ! Peu habitués à ce genre de sortie, Jean-Pierre et Damien appréhendent tout de même de devoir conduire cet animal de plus d’une tonne et demi dans la foule parisienne. Même bien cardé, un taureau n’est pas une peluche !
(1) Issu de l’élevage Jubert, ce jeune et prometteur taureau a obtenu des premiers prix à Saulieu puis à Charolles en 2012
Concours général race charolaise
Cette année, c’est le jeudi 28 février après-midi !
Cette année, le concours de la race charolaise du Salon de l’agriculture aura lieu le jeudi 28 février à partir de 13 h 00, et non pas le lundi matin comme les autres années. Présent pendant toute la durée du salon, le Herd-book charolais tiendra son stand au sein du "Village charolais", situé Hall 3 stand C 102. Le concours de reproducteurs réunira 41 spécimens, auxquels il faut ajouter les sept génisses de boucheries venues de Saône-et-Loire. Quatre reproducteurs représenteront le département. Il s’agit de Gambette, appartenant à Bernard Andriot d’Issy-l’Evêque ; Déesse, appartenant à Serge Vincent, d’Oudry ; Alésia, appartenant à SCEA Pichard Hugues, Montceau-les-Mines ; Cadeau, appartenant au Gaec Benas-Lemière de Dompierre-les-Ormes. Etatmajor, appartenant à Bernard Dufraigne de Montmort est suppléant.