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Pascal Langevin, président du Herd-book charolais

La race charolaise dans une dynamique d'innovation et de réflexion

A l'Agropôle du Marault ce vendredi 8 septembre, le concours national charolais entame sa dernière journée avec les veaux et la vente nationale. Epilogue à trois jours d’échanges entre tous les acteurs de la filière dans une dynamique d'innovation et de réflexion. Entretien avec le président du Herd-book, Pascal Langevin, pour un tour d'horizon de l'état d’esprit des professionnels du secteur.

La race charolaise dans une dynamique d'innovation et de réflexion

Après deux années d’itinérance (au Mans et à Clermont-Ferrand), le concours charolais adultes est à nouveau groupé avec celui des veaux à Magny-Cours. « Cela redonne le tempo ; un soutien à la race qui en a bien besoin car il faut affûter notre place de leader qualité », commente le président du Herd-book charolais (HBC), Pascal Langevin. Lorsqu’on lui pose la question du moral de la filière, le président souligne « qu'il est dans une interrogation permanente. Après des années de métier, c'est toujours la même chose. Parfois, durant deux ans, la situation se stabilise mais cela ne dure jamais ». Et si le contexte est morose, rien n'est pourtant jamais joué, la vigilance et la pugnacité restent de rigueur. Actuellement, ce sont les accords de libre échange entre l'Europe et le Canada qui posent problème. « Rien n'est encore signé mais le problème, ce sont les conditions d’élevage et d’engraissement qui sont différentes. Les échanges, c'est normal, ça ne me choque pas, mais il faut comparer ce qui est comparable ». Autre source d'inquiétude : le prix situé en-dessous de la valeur réelle de la production, car « basé sur la vache laitière ». Pour Pascal Langevin, la qualité du charolais reste sa force. Première race à viande en France, « elle est la mieux adaptée comme race herbagère, à l'évolution des politiques économiques et écologiques actuelles, avec lesquelles elle est totalement en phase ». Depuis longtemps, l'Italie est un marché porteur et reste un partenaire privilégié pour l’exportation « pour les mâles notamment qui y sont très prisés ».  Mais le marché évolue et la concurrence des pays de l'Est - et plus particulièrement celle de la Pologne - fait que rien n'est jamais acquis. 

Génétique, génomique et sélection

Pour conserver ces marchés et les développer, Pascal Langevin estime que « le travail d’amélioration génétique est l'une des clés » du succès. Les concours nationaux sont donc aussi le rendez-vous de l'innovation et de la technologie pour le HBC qui propose des outils de sélection pour permettre aux éleveurs d'améliorer la rentabilité de leur exploitation. La génomique, grâce à laquelle on peut obtenir une évaluation précoce du niveau génétique des animaux, est devenue  incontournable mais il faut des résultats. « Il faut être très vigilant, rassurer les éleveurs dans leur sélection pour que leurs investissements dans la génétique soient récompensés » souligne-t-il. Le HBC propose ainsi depuis le printemps 2016 un service génomique avec de premiers résultats encourageants. Toutefois, il faut faire attention à la communication vers le grand public pour éviter toute confusion.  Un exemple avec Johnny SC, un taureau sans cornes présenté lors de ces trois jours. Pour les non professionnels, « cela peut prêter à confusion », explique Pascal Langevin qui précise « les animaux sans corne sont le fruit d'une sélection affinée sur le long terme, à partir de bêtes peu cornées ». Cette sélection répond à une demande de la filière ; elle évite les accidents et le fait que les animaux se blessent. La génétique reste donc un sujet au cœur de la vie des professionnels, mais peut prêter à controverse. Ainsi, lors de l'assemblée générale de mars dernier, Pascal Langevin a-t-il regretté  que «  certains acteurs (minoritaires) de la génétique charolaise profitent du fait de la mise en application du nouveau règlement européen pour bâtir des projets amenant à une division de notre race ». Il s'y oppose fermement, appelant plus que jamais à « l'unité raciale » laquelle peut, seule, assurer « un avenir serein » à la race charolaise. Il ne doute pas d'ailleurs pas « que le bon sens paysan l'emporte... Je leur fais confiance pour être raisonnable ».

Apaiser le dialogue

Au-delà de ces problématiques purement professionnelles, s'ajoute une question tout aussi difficile à gérer, laquelle pèse à la fois sur le moral des éleveurs et sur le niveau des ventes : les interrogations et les doutes du consommateur sur la filière viande bovine. Pour Pascal Langevin, ce sujet qui fait couler beaucoup d'encre est légitime, mais il est trop souvent traité à charge. « Parfois, lorsqu'il y a un débat dans les médias, je me sens insulté. En matière de bien-être animal, nous avons fait des progrès inimaginables. Un travail extraordinaire a été accompli par les éleveurs, mais on ne cite que des cas d'exception. Il faudrait pouvoir communiquer plus positivement ». Il estime toutefois que les consommateurs font confiance aux éleveurs français et à la qualité de leur production. Seule une « ultra-minorité d'opposants trouve les moyens de faire parler d'eux ». Et d'ajouter : « on va vers le sensationnel alors qu'il faudrait que cela s'apaise. Il faut être plus rationnel, moins épidermique ». Ces attaques répétées suscitent le doute chez les éleveurs alors même qu'ils ont déjà fort à faire pour faire vivre leurs élevages et vivre de leur métier.

Ces trois jours de concours nationaux sont donc l'occasion pour les visiteurs de découvrir au plus près la réalité et la finalité du travail de sélection. Moments privilégiés de rencontres et d'échanges autour de la race en toute transparence, ces journées doivent permettre à tous les visiteurs d'entamer un dialogue direct avec les professionnels et de comprendre les enjeux de la filière.  

La race charolaise dans une dynamique d'innovation et de réflexion

La race charolaise dans une dynamique d'innovation et de réflexion

Après deux années d’itinérance (au Mans et à Clermont-Ferrand), le concours charolais adultes est à nouveau groupé avec celui des veaux à Magny-Cours. « Cela redonne le tempo ; un soutien à la race qui en a bien besoin car il faut affûter notre place de leader qualité », commente le président du Herd-book charolais (HBC), Pascal Langevin. Lorsqu’on lui pose la question du moral de la filière, le président souligne « qu'il est dans une interrogation permanente. Après des années de métier, c'est toujours la même chose. Parfois, durant deux ans, la situation se stabilise mais cela ne dure jamais ». Et si le contexte est morose, rien n'est pourtant jamais joué, la vigilance et la pugnacité restent de rigueur. Actuellement, ce sont les accords de libre échange entre l'Europe et le Canada qui posent problème. « Rien n'est encore signé mais le problème, ce sont les conditions d’élevage et d’engraissement qui sont différentes. Les échanges, c'est normal, ça ne me choque pas, mais il faut comparer ce qui est comparable ». Autre source d'inquiétude : le prix situé en-dessous de la valeur réelle de la production, car « basé sur la vache laitière ». Pour Pascal Langevin, la qualité du charolais reste sa force. Première race à viande en France, « elle est la mieux adaptée comme race herbagère, à l'évolution des politiques économiques et écologiques actuelles, avec lesquelles elle est totalement en phase ». Depuis longtemps, l'Italie est un marché porteur et reste un partenaire privilégié pour l’exportation « pour les mâles notamment qui y sont très prisés ».  Mais le marché évolue et la concurrence des pays de l'Est - et plus particulièrement celle de la Pologne - fait que rien n'est jamais acquis. 

Génétique, génomique et sélection

Pour conserver ces marchés et les développer, Pascal Langevin estime que « le travail d’amélioration génétique est l'une des clés » du succès. Les concours nationaux sont donc aussi le rendez-vous de l'innovation et de la technologie pour le HBC qui propose des outils de sélection pour permettre aux éleveurs d'améliorer la rentabilité de leur exploitation. La génomique, grâce à laquelle on peut obtenir une évaluation précoce du niveau génétique des animaux, est devenue  incontournable mais il faut des résultats. « Il faut être très vigilant, rassurer les éleveurs dans leur sélection pour que leurs investissements dans la génétique soient récompensés » souligne-t-il. Le HBC propose ainsi depuis le printemps 2016 un service génomique avec de premiers résultats encourageants. Toutefois, il faut faire attention à la communication vers le grand public pour éviter toute confusion.  Un exemple avec Johnny SC, un taureau sans cornes présenté lors de ces trois jours. Pour les non professionnels, « cela peut prêter à confusion », explique Pascal Langevin qui précise « les animaux sans corne sont le fruit d'une sélection affinée sur le long terme, à partir de bêtes peu cornées ». Cette sélection répond à une demande de la filière ; elle évite les accidents et le fait que les animaux se blessent. La génétique reste donc un sujet au cœur de la vie des professionnels, mais peut prêter à controverse. Ainsi, lors de l'assemblée générale de mars dernier, Pascal Langevin a-t-il regretté  que «  certains acteurs (minoritaires) de la génétique charolaise profitent du fait de la mise en application du nouveau règlement européen pour bâtir des projets amenant à une division de notre race ». Il s'y oppose fermement, appelant plus que jamais à « l'unité raciale » laquelle peut, seule, assurer « un avenir serein » à la race charolaise. Il ne doute pas d'ailleurs pas « que le bon sens paysan l'emporte... Je leur fais confiance pour être raisonnable ».

Apaiser le dialogue

Au-delà de ces problématiques purement professionnelles, s'ajoute une question tout aussi difficile à gérer, laquelle pèse à la fois sur le moral des éleveurs et sur le niveau des ventes : les interrogations et les doutes du consommateur sur la filière viande bovine. Pour Pascal Langevin, ce sujet qui fait couler beaucoup d'encre est légitime, mais il est trop souvent traité à charge. « Parfois, lorsqu'il y a un débat dans les médias, je me sens insulté. En matière de bien-être animal, nous avons fait des progrès inimaginables. Un travail extraordinaire a été accompli par les éleveurs, mais on ne cite que des cas d'exception. Il faudrait pouvoir communiquer plus positivement ». Il estime toutefois que les consommateurs font confiance aux éleveurs français et à la qualité de leur production. Seule une « ultra-minorité d'opposants trouve les moyens de faire parler d'eux ». Et d'ajouter : « on va vers le sensationnel alors qu'il faudrait que cela s'apaise. Il faut être plus rationnel, moins épidermique ». Ces attaques répétées suscitent le doute chez les éleveurs alors même qu'ils ont déjà fort à faire pour faire vivre leurs élevages et vivre de leur métier.

Ces trois jours de concours nationaux sont donc l'occasion pour les visiteurs de découvrir au plus près la réalité et la finalité du travail de sélection. Moments privilégiés de rencontres et d'échanges autour de la race en toute transparence, ces journées doivent permettre à tous les visiteurs d'entamer un dialogue direct avec les professionnels et de comprendre les enjeux de la filière.  

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