Désherbage chimique
La réalité des chiffres
Aujourd’hui, les herbicides sont encore utilisés sur une majorité des parcelles, mais la tendance est à la localisation des herbicides sous le rang, l’inter-rang étant entretenu soit en enherbement permanent tondu, soit par désherbage mécanique. En octobre dernier, l'IFV a mené l'enquête sur l’ensemble des vignobles enquêtés. Ses enseignements sont intéressants...
Sur l’ensemble des vignobles enquêtés, 70 % des surfaces sont en désherbage chimique localisé, 20 % des surfaces sont en désherbage chimique en plein. Au-delà de cette tendance générale, l’enquête a mis en évidence une disparité régionale importante. Cette répartition des pratiques est cohérente avec les données de l’enquête Agreste Pratiques culturales de 2006. Le désherbage total à l’aide d’herbicides reste en effet encore présent dans les vignobles où la mise en place des alternatives est difficile en raison de la configuration particulière du vignoble : forte pente et/ou forte densité de plantation essentiellement. Dans un certain nombre de vignobles, des actions sont en cours pour modifier et adapter les pratiques : c’est par exemple le cas en Champagne, avec la mise en place du "Plan eau".
Les freins au développement des alternatives
Quel que soit le vignoble concerné, l’enquête auprès des techniciens fait ressortir comme frein principal au développement des alternatives le facteur économique, facteur aggravé par un contexte économique globalement morose. Les freins d’ordre économique sont de différentes natures.
Des temps de travaux accrus et une réorganisation nécessaire
Les techniques alternatives au désherbage chimique nécessitent des temps de travaux supplémentaires qui expliquent en grande partie le surcoût de ces techniques. Le coût plus élevé du désherbage mécanique s’explique en grande partie par un temps de travail plus important. Les conditions climatiques de l’année vont conditionner la repousse des adventices, donc le nombre de passages nécessaires (4 à 8 passages en climat méditerranéen selon l’année). Les facteurs organisationnels prennent alors une importance non négligeable dans le choix des modalités d’entretien des sols sur l’exploitation. La disponibilité de la main d’œuvre peut constituer un frein au développement du travail du sol sur une exploitation. Les interventions de désherbage mécanique ont en effet lieu à une période de l’année où la charge de travail est importante (traitements phytosanitaires, palissage…). Les surcoûts peuvent également être liés à l’investissement dans du matériel (tondeuses, matériel de désherbage mécanique), mais aussi à d’éventuels aménagements du vignoble, notamment dans le cas des vignobles difficilement mécanisables. La structure et la topographie du vignoble (pente, densité élevée) sont des facteurs maximisant les surcoûts en cas d’adoption de techniques alternatives. En vignes étroites, les alternatives sont plus difficiles à mettre en place et plus coûteuses. Le plus grand nombre de passages nécessaires, et le matériel spécifique (tracteur enjambeur) à mettre à œuvre expliquent ce surcoût par rapport aux vignes larges. La surface gérable par un ensemble tracteur-chauffeur est ainsi différente dans les deux cas de figures : elle est limitée à 8 ha en vignes étroites, et peut atteindre 20 ha en vigne large. Les cahiers des charges de certaines AOP imposant des densités de plantations élevées ne permettent pas d’adapter le vignoble de façon à lever ce frein. Ces facteurs économiques et organisationnels sont par ailleurs encore plus contraignants pour les petites exploitations, nombreuses dans la filière viticole.
Le risque d'une perte de productivité
Les techniques alternatives ont aussi des conséquences économiques indirectes via des effets dépressifs sur le rendement. Le risque d’une concurrence entre l’herbe et la vigne constitue aussi un frein important à l’abandon du désherbage chimique. Cette concurrence est la première raison évoquée par les viticulteurs dans leur réticence à enherber leur parcelle, notamment en zone méditerranéenne. La perte de rendement engendrée par la mise en place d’un enherbement sur l’inter-rang (50 à 60 % de la surface) peut être importante.
Les différents essais menés par les organismes de recherche et développement (CA, Inra, IFV) ont mis en évidence des baisses de rendements en moyenne de -10 à -20 % par rapport à un témoin désherbé, mais pouvant atteindre -40 à -60% dans les cas les plus extrêmes. Cet impact sur le rendement est toutefois très variable en fonction du type de sol, du type d’enherbement présent (légumineuses ou graminées, espèce semée…), de la climatologie de l’année, des objectifs de production, etc. L’enherbement a aussi un impact sur la qualité des vins, impact souvent positif sur les vins rouges, mais parfois négatif sur les vins blancs en lien avec un stress azoté accentué (perte d’arômes de type "thiols", apparition d’arômes de vieillissement atypique dans certains vignobles).
La mise en place d’un désherbage mécanique sous le rang a également un impact sur la vigne par destruction des racines superficielles, et entraîne des baisses de rendement de -4 à -18 % en moyenne sur 4 ans selon les situations (essais IFV Midi-Pyrénées, 2009). Cet impact est d’autant plus marqué lorsque l’implantation des souches n’est pas favorable au passage des outils. Cette perte de productivité impacte l’équilibre économique de l’exploitation : pour les vins d’entrée de gamme, la clé de l’efficience économique et de la compétitivité est le diviseur des coûts de culture, c’est-à-dire le rendement par hectare (Couderc et Cadot, 2006).
Les freins au développement des alternatives
Quel que soit le vignoble concerné, l’enquête auprès des techniciens fait ressortir comme frein principal au développement des alternatives le facteur économique, facteur aggravé par un contexte économique globalement morose. Les freins d’ordre économique sont de différentes natures.
Des temps de travaux accrus et une réorganisation nécessaire
Les techniques alternatives au désherbage chimique nécessitent des temps de travaux supplémentaires qui expliquent en grande partie le surcoût de ces techniques. Le coût plus élevé du désherbage mécanique s’explique en grande partie par un temps de travail plus important. Les conditions climatiques de l’année vont conditionner la repousse des adventices, donc le nombre de passages nécessaires (4 à 8 passages en climat méditerranéen selon l’année). Les facteurs organisationnels prennent alors une importance non négligeable dans le choix des modalités d’entretien des sols sur l’exploitation. La disponibilité de la main d’œuvre peut constituer un frein au développement du travail du sol sur une exploitation. Les interventions de désherbage mécanique ont en effet lieu à une période de l’année où la charge de travail est importante (traitements phytosanitaires, palissage…). Les surcoûts peuvent également être liés à l’investissement dans du matériel (tondeuses, matériel de désherbage mécanique), mais aussi à d’éventuels aménagements du vignoble, notamment dans le cas des vignobles difficilement mécanisables. La structure et la topographie du vignoble (pente, densité élevée) sont des facteurs maximisant les surcoûts en cas d’adoption de techniques alternatives. En vignes étroites, les alternatives sont plus difficiles à mettre en place et plus coûteuses. Le plus grand nombre de passages nécessaires, et le matériel spécifique (tracteur enjambeur) à mettre à œuvre expliquent ce surcoût par rapport aux vignes larges. La surface gérable par un ensemble tracteur-chauffeur est ainsi différente dans les deux cas de figures : elle est limitée à 8 ha en vignes étroites, et peut atteindre 20 ha en vigne large. Les cahiers des charges de certaines AOP imposant des densités de plantations élevées ne permettent pas d’adapter le vignoble de façon à lever ce frein. Ces facteurs économiques et organisationnels sont par ailleurs encore plus contraignants pour les petites exploitations, nombreuses dans la filière viticole.
Le risque d'une perte de productivité
Les techniques alternatives ont aussi des conséquences économiques indirectes via des effets dépressifs sur le rendement. Le risque d’une concurrence entre l’herbe et la vigne constitue aussi un frein important à l’abandon du désherbage chimique. Cette concurrence est la première raison évoquée par les viticulteurs dans leur réticence à enherber leur parcelle, notamment en zone méditerranéenne. La perte de rendement engendrée par la mise en place d’un enherbement sur l’inter-rang (50 à 60 % de la surface) peut être importante.
Les différents essais menés par les organismes de recherche et développement (CA, Inra, IFV) ont mis en évidence des baisses de rendements en moyenne de -10 à -20 % par rapport à un témoin désherbé, mais pouvant atteindre -40 à -60% dans les cas les plus extrêmes. Cet impact sur le rendement est toutefois très variable en fonction du type de sol, du type d’enherbement présent (légumineuses ou graminées, espèce semée…), de la climatologie de l’année, des objectifs de production, etc. L’enherbement a aussi un impact sur la qualité des vins, impact souvent positif sur les vins rouges, mais parfois négatif sur les vins blancs en lien avec un stress azoté accentué (perte d’arômes de type "thiols", apparition d’arômes de vieillissement atypique dans certains vignobles).
La mise en place d’un désherbage mécanique sous le rang a également un impact sur la vigne par destruction des racines superficielles, et entraîne des baisses de rendement de -4 à -18 % en moyenne sur 4 ans selon les situations (essais IFV Midi-Pyrénées, 2009). Cet impact est d’autant plus marqué lorsque l’implantation des souches n’est pas favorable au passage des outils. Cette perte de productivité impacte l’équilibre économique de l’exploitation : pour les vins d’entrée de gamme, la clé de l’efficience économique et de la compétitivité est le diviseur des coûts de culture, c’est-à-dire le rendement par hectare (Couderc et Cadot, 2006).