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Conjoncture céréales

La récolte n’est pas compromise

Malgré des conditions climatiques pluvieuses et fraîches, le Conseil
spécialisé de FranceAgriMer considère qu’il est encore trop tôt pour
formuler des prévisions sur la future récolte de céréales en quantité
comme en qualité, si ce n’est qu’elle aura un retard de 15 jours.
Par Publié par Cédric Michelin
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Il a été beaucoup question de la situation climatique à l’occasion du Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, le 15 mai. L’état des cultures a fait l’objet d’un exposé détaillé dont on retiendra, pour la France, un retard irrattrapable pour les céréales à paille mais dont le président du Conseil céréales, Rémi Haquin ne veut pas tirer de conclusions pessimistes. La moisson dépendra, en rendement et en qualité, estime-t-il, de la météo de juin, à condition de retrouver un temps plus clément et sans grosses chaleurs jusqu’à la récolte pour éviter des risques d’échaudage. Pour le moment, hors un retard de l’ordre de deux semaines, les conditions de culture se placent dans la moyenne. Elles étaient jugées, à la date du 6 mai, bonnes à très bonnes à 66 % pour le blé tendre contre 68 % l’an dernier, même époque, à 66 % pour l’orge d’hiver, contre 60 %, à 80 % pour l’orge de printemps contre 88 % et à 58 % pour le blé dur, contre 53 %. Le potentiel de production n’est donc pas entamé. Mais FranceAgriMer se refuse cependant à donner toute prévision de récolte.


L’influence de la météo sur le marché




Ce n’est pas le cas du Département d’état américain (USDA) qui, dans son rapport publié le 9 mai, annonce des récoltes mondiales exceptionnelles, voire record : 701 Mt de blé et 966 Mt de maïs, dont 359 Mt aux Etats-Unis, ce qui paraît exagéré si l’on considère le retard des semis outre-Atlantique. Si cette prévision se concrétisait, la production dépasserait, pour la première fois depuis longtemps les utilisations et permettrait un début de reconstitution des stocks de maïs en régulière régression depuis plusieurs campagnes. Ce rapport a eu des effets baissiers immédiats sur les prix, rapidement contrebalancés par les mauvaises conditions climatiques qui jouent actuellement un rôle primordial dans l’orientation des marchés.
Dans l’Union européenne, les opérateurs observent avec quelque appréhension l’évolution des cultures dans le bassin Mer Noire. Elles y sont actuellement favorables et la concurrence s’annonce rude pour l’Union européenne sur les marchés d’exportation. D’ores et déjà, l’Ukraine offre du maïs de la prochaine récolte sur l’Europe du Sud et le pourtour méditerranéen à des prix très compétitifs, tandis que la Russie prévoit d’aider financièrement l’Egypte pour qu’elle lui achète son blé.


Nouvel alourdissement du bilan maïs




La campagne 2013/2014 d’exportation de blé vers les pays tiers s’annonce plus difficile que l’actuelle pour laquelle FranceAgriMer a maintenu sa prévision d’exportation à 10,1 Mt, 8,9 Mt ayant déjà été chargées dans les ports français, au 1er mai. Les ventes à nos partenaires de l’Union ont été revues en hausse de 130.000 t, à 6,83 Mt. Les utilisations intérieures n’ayant pas été notablement modifiées, le stock de report se trouve encore allégé de 100.000 t, ce qui ajouté au retard des moissons explique l’importante différence de prix entre l’ancienne et la nouvelle campagne. Les 200.000 t de blé dur pour l’alimentation animale, annoncées en début d’année ont été ramenées à 50.000 t, ce qui semble encore très optimiste. La collecte de blé dur est augmentée de 100.000 t et malgré des exportations prévues en hausse de 90.000 t, le stock de report de blé dur est augmenté de 67.000 t, à 201.000 t, soit 30 % de plus que l’an dernier. Le bilan prévisionnel orge n’a subi que des ajustements mineurs et la prévision de report à 1,56 Mt, reste dans une bonne moyenne. La situation du maïs est plus préoccupante. La prévision de stock s’alourdit encore de 160.000 t, à 3,12 M t, en raison surtout, d’une baisse de 10.000 t des incorporations dans l’alimentation animale. Ce serait le plus gros stock de ces dernières années, dans un contexte de disponibilités mondiales élevées, de reprise de la production communautaire et d'exportateurs ukrainiens déjà agressifs sur la prochaine récolte. A moins que d’ici la récolte, le climat arbitre l’équilibre.