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Coûts de production en élevage

La répercussion est incontournable

Comme en 2008, le coût de l’alimentation devient très élevé. Mais
contrairement à 2008, la tendance semble s’inscrire sur le long terme.
Dans ce contexte, la hausse des prix perçus par les producteurs sur
leurs animaux ne suffit pas et la répercussion des coûts est
incontournable.
Par Publié par Cédric Michelin
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Le prix des productions animales est élevé. En production porcine, la tendance positive de 2011 s’est poursuivie début 2012, même si le prix se replie progressivement. En production bovine, la même évolution s’est opérée sur les jeunes bovins. Et le récent tassement des cours n’efface pas les niveaux historiquement élevés qui se maintiennent depuis début 2012 (13 à 18% au-dessus des niveaux de 2011 selon l’Institut de l’élevage). La conjoncture est également favorable aux femelles : « La cotation de la vache R, à 3,90 euros le kilo de carcasse, s’établit ainsi à 19% au-dessus de son niveau de 2011 et 23% au-dessus de son niveau de 2010 », constatent les experts de l’Institut de l’élevage. Concernant les productions avicoles, la hausse spectaculaire du prix des oeufs en 2011 se résorbe depuis plusieurs semaines. Mais les prix restent au-dessus des niveaux de ces dernières années.
Les raisons de cette amélioration des prix payés au producteur sont multiples, mais pour la plupart conjoncturelles. Les opportunités à l’export ont largement contribué à cette amélioration. Ainsi, les pays tiers représentent 35% du total exporté en production porcine en 2011. En production bovine, « les exportations en vif vers la Turquie sont reparties fortement depuis fin avril » après avoir ralenti en début d’année, expliquent les experts de l’Institut de l’élevage. Si les exportations ont permis et pourraient permettre de soutenir des niveaux de prix élevés sur le moyen terme, elles restent dépendantes des décisions politiques (doublement des droits de douane en Turquie depuis le 8 juillet par exemple) et des fondamentaux du marché (offre, demande). Néanmoins, les prévisions montrent que la demande de viande devrait progresser dans les années à venir, soutenue par la consommation chinoise notamment.

Hausse durable des coûts de production


Quoi qu’il en soit, les filières d’élevage subissent de plein fouet la hausse des coûts de production. « En 2011, ce sont les charges alimentaires qui ont entraîné une nouvelle baisse des résultats économiques des élevages, alors que la bonne situation du prix du porc et l’amélioration de la plus-value technique auraient pu donner un nouveau souffle », expliquent les experts de l’Institut technique du porc (Ifip). Un raisonnement qui semble faire l’unanimité dans toutes les filières d’élevage. « La différence avec 2008, c’est que toutes les matières premières agricoles sont à des niveaux très élevés. Les céréales comme les tourteaux », explique-t-on au Syndicat national de l’industrie de l’alimentation animale (Snia). Cependant, les activités d’élevage ne sont pas touchées de la même manière.
Pour les élevages hors-sol (porcs, volailles), le poste alimentaire peut représenter jusqu’à 70% des coûts de production. « Le prix de l’aliment devrait ainsi atteindre des niveaux historiques, autour de 276 euros la tonne à la fin de l’été pour se stabiliser jusqu’à la fin de l’année », lit-on dans une étude de l’Ifip du mois de juin. En filière avicole, l’indice coût matières premières dépasse les niveaux de 2011 depuis le mois de juin (+2,6%).
L’élevage de bovins allaitants et de bovins laitiers n’est pas épargné par la flambée du coût de l’alimentation selon les professionnels. Face à ce constat, ces derniers sont inquiets : la volatilité du coût de l’alimentation n’est plus exceptionnelle. Elle s’inscrit dans la durée, contrairement à la situation de 2008. Ainsi, à moyen terme, « l’aliment Ifip devrait encore se renchérir au second semestre 2012 », prévoient les experts de l’institut technique.

Prévenir plutôt que guérir


« Le système actuel a ses limites », explique-t-on au Snia. Et pour cause, les fabricants d’aliments incorporent les ingrédients en fonction de leurs prix afin de minimiser le coût pour les éleveurs. Sauf que lorsque tous les ingrédients sont à des prix élevés, la hausse du coût de l’alimentation est inévitable. « La conjoncture actuelle a des conséquences sur l’équilibre économique des secteurs situés en amont de la commercialisation des denrées alimentaires », poursuit-on au Snia. Et une des questions qui préoccupent les filières d’élevage concerne la répercussion du coût des matières premières jusqu’à la distribution. « La répercussion tout au long de la chaîne est incontournable », rappellent les experts du Snia. Dans ce contexte, l’observatoire de la formation des prix et des marges alimentaires a été de nouveau saisi pour établir au mieux les coûts le long de la filière. Face à une volatilité des prix qui semble s’installer sur le long terme, les opérateurs ont besoin de sécuriser leur revenu. Et pour les experts des filières bovines, porcines et avicoles, des décisions de fond doivent être prises. Au sommaire des priorités figurent, la répercussion du coût des matières premières jusqu’à la distribution, un positionnement fort sur les marchés à l’export, mais également un soutien appuyé aux investissements pour moderniser les outils de production français (bâtiments d’élevage, abattoirs notamment).