Un logis éco-tiers-lieu, modèle de pérennité
La Roche Bleue, nichée au cœur de la Bourgogne du Sud à La Roche-Vineuse, est bien plus qu’un gîte : c’est un éco-tiers-lieu exemplaire, pensé dès 2009 pour incarner des pratiques responsables, inclusives et tournées vers l’avenir. Portée par la structure éCogit’Actions, cette initiative locale rayonne aujourd’hui bien au-delà de son territoire, à la croisée du tourisme durable, du développement local et de l’innovation sociale. Séverine Lasserre, associée gérante à l’initiative du lieu, espère que son projet pourra en « inspirer d’autres ».

Dès sa création, le projet de La Roche Bleue s’est structuré autour d’une conviction : vivre et travailler autrement est non seulement possible, mais souhaitable. De là est né un modèle hybride et cohérent, à la fois hébergement touristique écolabellisé, organisme de formation, lieu de conseil en RSE et transition, et espace de coworking. Après avoir travaillé dans l’industrie, Séverine Lasserre est tombée amoureuse du Mâconnais et son projet de reconversion professionnel et familial l’a amené à étudier cette magnifique bâtisse à la Roche-Vineuse qui avait en plus la qualité d’être proche des voies de circulation (TGV, RCEA…) et des lieux touristiques majeurs du département (Roche de Solutré, Cluny…).
Un site exemplaire aux multiples facettes
Ce logis pas comme les autres est labellisé Écolabel Européen et Tourisme & Handicap pour 4 déficiences. Un hôte sur quatre est en situation de handicap moteur ou cognitif. « Tout est adapté ».
600 m² de bâtiments, 2.800 m² de jardin classé refuge LPO, des salles de réunion, des hébergements chaleureux, un espace de vie collectif : tout est pensé pour favoriser la rencontre, la coopération et l’inspiration. « C’est un parcours de sensibilisation, tout simple, pour expliquer comment utiliser des branchages, par exemple pour faire une séparation dans le jardin, qui sert aussi aux insectes et aux hérissons. Et en plus, cela éviter le broyeur ou d’aller à la déchetterie », sourit Séverine Lasserre. Et pour attirer les touristes par les photos, il faut une offre de qualité « pour un séjour tout en douceur », la piscine est chauffée par des panneaux solaires et entretenue « sans produit toxique ».
Un lieu vivant, utile et en constante évolution
La Roche Bleue a aussi été le premier espace de coworking privé de Bourgogne dès 2013, et n’a cessé depuis de renforcer son empreinte positive : récupération des eaux de pluie, production d’électricité autonome, politique zéro déchet, etc. Il faut dire que des ingénieurs travaillant dans un bureau d’étude en biodiversité ont élu domicile au premier étage. 8 salariés à temps plein qui croisent d’autres « indépendants », avec même le choix entre deux formules : bureau simple ou formule « Élan » pour des conseils en développement. Et après (ou pendant) la journée de travail, une salle de réunion permet aussi des cours de yoga, avec une professeure venant à la demande. Dans ce « tiers lieu », tous les meubles et décorations sont de la « récupération » avec beaucoup d’ingéniosité. L’ensemble est harmonieux dans cette « sobriété joyeuse ».
En 2024, La Roche Bleue a accueilli 160 femmes engagées dans l’entrepreneuriat, organisé une dizaine de séminaires, assuré des formations RSE pour des structures locales comme Schneider Electric ou le Parc des Oiseaux, et fédéré des dizaines d’acteurs autour d’événements collaboratifs.
Pour 2025, les ambitions sont claires : intensifier la démarche de transmission, lancer un centre de formation immersif, renforcer les actions sur le territoire, et toujours, garder le cap sur la coopération, l’écoresponsabilité et l’innovation locale. « Je travaille beaucoup avec les entreprises d’insertion locales ».
Un modèle inspirant
Avec pour raison d’être de « donner envie de vivre et travailler autrement, dans une logique plus respectueuse de la Personne et de la Planète », La Roche Bleue n’est pas un simple lieu : c’est un laboratoire d’avenir, un “jardin de talents à partager”, comme le revendique sa fondatrice, Séverine Lasserre. « Je crois en la transition par la gourmandise, s’il n’y a pas de plaisir, à quoi bon changer ? », met-elle en avant les producteurs locaux, que ce soient des agriculteurs ou des vignerons. Les touristes viennent dans le Mâconnais avec des envies de découvrir les vins. « Je travaille avec différents domaines (Château de la Greffière ou Bonnet) ou les Terres Secrètes pour des événements plus importants pour la logistique et leur gamme Cerço et Vignerons Engagés ».
Dans une époque en quête de sens et de solutions concrètes, ce tiers-lieu exemplaire démontre que les territoires ruraux peuvent être moteurs de changement, en s’appuyant sur les forces vives locales, la coopération, et une vision joyeuse du développement durable. « J’ai vraiment envie de transmettre une façon de vivre plus simple, proche de mes racines paysannes, après une vie passée à Paris. Je reviens à l’essentiel, partager des moments », même s’il y a des astreintes et parfois une passion dévorante dans tout ce qu’elle entreprend, concède-t-elle comme pour se mettre elle-même en garde.
« Notre idée est d’essaimer, de démultiplier les petites actions et d’inspirer les gens pour qu’ils les refassent chez eux », conclut-elle.
Un concept novateur, ancré dans le concret
Loin des discours abstraits, tout est ici mis en œuvre pour accompagner les transitions, en s’appuyant sur une triple expertise : environnementale, sociale et territoriale. L’équipe – composée de profils complémentaires et engagés – incarne cette philosophie avec passion.
Arrivé en 2018, Laurent Dekeyser incarne à lui seul la polyvalence et la cohérence qui font la force du tiers-lieu. Titulaire d’un BTS Gestion et Protection de la Nature, ce professionnel de l’animation environnementale cumule les casquettes avec passion : intendant, cuisinier, formateur en hygiène alimentaire, référent de l’écolabel européen et co-animateur des accompagnements RSE aux côtés de la fondatrice. Il veille au bon fonctionnement quotidien du site – des réservations à la maintenance – tout en participant activement aux actions de fond de l’entreprise à mission. « J’apprécie la cohérence entre mes activités et la possibilité d’agir concrètement, chaque jour, pour un accueil durable et de qualité. » Un rôle clé, à la croisée du terrain, de la transmission et de l’engagement environnemental.
Lucy Picard est en charge de la communication au service des transitions. Arrivée en septembre 2024, Lucy Picard incarne la nouvelle génération de communicants engagés. Titulaire d’un BTS Tourisme et actuellement en Bachelor Chargée de communication en alternance, elle a rejoint l’éCo-tiers-lieu pour mettre ses compétences au service d’un projet porteur de sens. Son rôle ? Valoriser les actions d’accueil, de formation et de conseil par des supports visuels clairs et percutants, en lien avec les valeurs de l’entreprise à mission. « J’apprends à intégrer les principes de la communication responsable dans chacune de mes missions. » Elle pilote également la stratégie de communication digitale, aussi bien en B2B qu’en B2C, et contribue ainsi activement à faire rayonner les engagements de La Roche Bleue sur les réseaux comme sur le terrain.