La Saône-et-Loire, pionnière en la matière !
C’est dans ce contexte que s’inscrit la création d’Herbe Hebdo. Conçu dès le départ sous la forme d’un bulletin diffusé par internet, il a d’abord été testé auprès de quinze éleveurs d’un réseau « sentinelle » avant d’être envoyé à une cinquantaine d’exemplaires durant la première saison. Aujourd’hui, près de 1.700 éleveurs le reçoivent en Saône-et-Loire auxquels il faut ajouter 200 techniciens. Dès 2012, la démarche a gagné d’autres départements bourguignons. Cette année en Saône-et-Loire, une version spécifiquement caprine a vu le jour.
Chaque année, la diffusion du bulletin débute aux prémices de la reprise de végétation (fin janvier) avec une périodicité hebdomadaire jusqu’au 1er juillet. Elle devient mensuelle ensuite.
Stades clés du pilotage de l’herbe
L’originalité de la démarche est de s’appuyer sur un calendrier fourrager calé, non pas sur des dates administratives, mais sur des sommes de températures. En effet, c’est cette somme de températures reçues qui déclenche la pousse des graminées. Mise au point par l’Inra de Toulouse, cette méthode a été reprise par les techniciens qui l’ont adaptée au contexte local. Un calendrier fourrager adapté à la Saône-et-Loire a été établi en 2010. Pour chaque typologie de prairies du département, des stades clés importants pour la gestion de l'herbe ont ainsi été calés en fonction des sommes de températures. « A l’époque, nous nous sommes appuyés sur un réseau de quinze exploitations. Aujourd’hui, nous aimerions améliorer la précision de notre modèle en affinant la typologie floristique des prairies (1). C’est en connaissant mieux le type de flore que l’on peut mieux prédire le tempérament des parcelles vis-à-vis des sommes de températures reçues », explique Eric Braconnier.
Calcul des sommes de températures
Pour le calcul des sommes de températures saisonnières, le bulletin est établi à partir des données hebdomadaires issues de dix stations Météo-France couvrant la Saône-et-Loire. Ces dernières sont disponibles chaque lundi matin. La méthode de calcul des sommes de températures est la suivante : « chaque jour, on fait la somme des températures minimum et maximum obtenues sur 24 heures et on la divise par deux pour en obtenir la moyenne. Si le résultat est positif, il est retenu ; s’il est négatif, on retient zéro. Quand cette moyenne dépasse 18°C, alors on retient 18 degrés considérant qu’au-delà il n'y a plus d'effet positif sur la flore. Pour l'apport d'azote, le calcul est fait depuis janvier. Pour le reste de la saison, on calcule à partir du premier février », détaille Eric Braconnier.
Au total, Herbe Hebdo intègre les sommes de températures de quatorze stations. Outre les dix stations Météo France, quatre sont recalculées par « altitude corrigée. Pour chaque tranche de 100 mètres, on retire ou on ajoute 0,6 degré par jour. Alors que les données Météo-France pour Mont-Saint-Vincent sont prises à 600 m, on peut ainsi extrapoler pour une altitude de 400 m », explique le technicien.
Précurseur
Avec Herbe Hebdo, la Saône-et-Loire fait aujourd’hui figure de précurseur en matière de conseils et de pilotage de la conduite à l’herbe. Outre le calendrier des stades fourragers indiquant les sommes de températures relevées, le bulletin comprend des conseils de saison (fertilisation, mise à l’herbe, déprimage, organisation du pâturage, fauche…). Un troisième volet est orienté « stratégie, raisonnement, recherche… ».
Hebdomadaire, facile à lire, adressé directement à l’éleveur et collant au contexte local et saisonnier, les destinataires apprécient cet outil. « Herbe Hebdo nous donne de la crédibilité. On nous demande d’intervenir dans les écoles… Nous sommes impliqués dans différents programmes fourragers nationaux », confie Eric Braconnier. Grâce au travail mené autour d’Herbe Hebdo, la Saône-et-Loire s’est forgé une solide réputation dans le travail sur l’herbe. Pour l’avenir, les animateurs d’Herbe Hebdo rêveraient d’en faire des applications sur portable, tablettes… Un site internet capable de stocker toute l’information sur la pousse de l’herbe serait également le bienvenu. Après la version caprine, une version ovine devrait prochainement voir le jour et la filière équine s’intéresse également de prêt à Herbe Hebdo.
(1) En Saône-et-Loire, il existe une cartographie des types de parcelles avec 41 fiches différentes comprenant les types de sols, les types de flore, les potentiels de rendement…
Pilotage de l’herbe
Prédire la production journalière des prairies
Aujourd’hui, dans le cadre de la démarche Herbe Hebdo, la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire tente d’établir une courbe de production journalière des différents types de praires qui composent le département. Cette donnée, qui manque encore à ce jour, pourrait s’avérer précieuse pour les éleveurs. En système caprins par exemple, la quantité d’herbe disponible permettrait d’optimiser la complémentation et la production laitière. Un réseau de sept exploitations suit la pousse de l’herbe depuis deux saisons. « Nous essayons de comprendre comment poussent les prairies. Il existe un logiciel où l’on peut mettre un certain nombre de données pour calculer une courbe de production. En rentrant les données de sol, les données de flore, les données météo…, on devrait pouvoir calculer les potentiels fourragers réels », explique Eric Braconnier. Cela fournirait un outil de pilotage particulièrement novateur pour les producteurs herbagers.
Rendez-vous
Démonstration de mise en place de clôtures électriques permanentes et mobiles.
Le 10 avril prochain à 14h00 à Rigny-sur-Arroux.