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FDSEA de Saône-et-Loire

La sonnerie d’alarme

Ce 12 septembre, la FDSEA de Saône-et-Loire a fait sa rentrée. Pour être
plus juste, elle n’a pas eu de vacances au regard de l’actualité qui a
sans cesse marqué cet été 2016, un été à l’image de l’année 2016 : en
crise.
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Ambiance morose lors du dernier bureau de la FDSEA, le 12 septembre, à Buxy : rentrée et ambiance obligeaient, les dossiers sont là, ils sont nombreux sur la table et les crises ont gagné la plupart des secteurs de production. Et « la viticulture n’y échappe pas, avec des situations très hétérogènes, des conditions climatiques et sanitaires délicates », rappelait Robert Martin, insistant sur le volet sanitaire alors que tous les vignerons sont confrontés à une recrudescence de la mortalité due à l’Esca.
Ambiance morose, ambiance lourde au sens propre comme au sens figuré. « Nous sommes passés en quelques semaines d’un excès d’eau néfaste aux cultures comme aux prairies à une sécheresse qui s’est durablement installée cet été », notaient tant les représentants des éleveurs que ceux des producteurs de grandes cultures alors que le thermomètre atteignait les 33° C à l’extérieur… Parce qu’autant que la sécheresse, la canicule a fait de nombreux dégâts.
Et ce n’est pas du côté des marchés que les uns ou les autres allaient se remonter le moral. Quasiment partout des prix bas marqués, quand ils ne sont pas à la baisse…

Inverser la dynamique


Dans ce contexte, les responsables de la FDSEA entendaient dégager des points positifs, refusant de baisser les bras tant « les attentes sur le terrain sont là », comme le notait un administrateur. Ainsi, « il est tombé plus de 18 millions d’€ sur le département du fait de la reconnaissance en calamités de la sécheresse qui avait frappé la Saône-et-Loire en 2015 », rappelait Bernard Lacour, président, soulignant au passage la forte implication de la FDSEA dans ce dossier. Reste que chacun sur le terrain semble l’avoir oublié au regard de l’état dégradé des trésoreries…
Dans ce contexte, la gestion des indemnités de la Pac agace, pour ne pas dire plus. Au sujet de ce qui est qualifié par certains de « sacré bordel », on ne peut pas dire que le ministre de l’Agriculture ait été ni clair, ni rassurant alors que « plus personne n’y comprend rien sur ce qu’il attend encore de 2015 ou devrait recevoir pour 2016 ». L’administration départementale a bien conscience de ces difficultés qui relèvent manifestement d’un échelon plus élevé. Au demeurant, la FDSEA insistait sur la nécessité de s’organiser afin que, comme pour les ATR précédentes, celle qui est à faire avant le 20 septembre sur TéléPac au sujet des indemnités de 2016 mobilise les agriculteurs et leurs partenaires.

Des dossiers de fond


Pour chacun, quels que soient le secteur ou la production, il y a une stratégie à mettre en place pour retrouver de la valeur ajoutée « qui retombe dans les exploitations et qui n’est pas captée par la filière comme cela a bien trop souvent été le cas jusqu’alors ». Dans ce domaine, la démarche Cœur de gamme développée par la Fédération nationale bovine porte ses premiers fruits, alors que l’on assiste manifestement à « un changement de logique au sein de la filière », notaient Christian Bajard, président de la section bovine, et Michel Joly, membre du bureau de la FNB.
Il faut dire que, dans son ensemble, notre agriculture doit à la fois faire face au « cumul d’une crise structurelle à des crises conjoncturelles auxquelles peu de secteurs et de productions échappent », observait Luc Jeannin, secrétaire général. « Nous sommes confrontés à un problème d’adaptation de notre agriculture à un environnement mouvant, à des incidents climatiques forts… », poursuivait Bernard Lacour qui n’hésitait pas à dénoncer l’idéologie bruxelloise comme celle de certaines élites françaises dans la gestion des dossiers agricoles au sens large.
Dans ce contexte, la FDSEA entend ne pas passer à côté de deux rendez-vous majeurs : « la reconnaissance des Zones intermédiaires, celles qui ne sont ni du Bassin parisien, ni dans le Massif central », mais aussi la révision des actuelles Zones défavorisées simples (lire à ce sujet notre édition du 2 septembre en page 17). Des actions et des mobilisations, dont celle prévue à Charolles en novembre prochain, sont dès lors inscrites au programme et au sujet desquelles la FDSEA appelait à « l’union sacrée de tous ».

L’ouverture


« Pendant que nous, dans le monde agricole, on s’auto-flagelle, à l’extérieur, les gens restent admiratifs de la structure FDSEA », rappelait Bernard Lacour, qui entend poursuivre avec détermination l’ouverture vers les acteurs du monde rural. Car « notre agriculture demeure bien souvent la pierre angulaire de l’activité économique de nombre de territoires ruraux. Et il faut que nous engagions avec les autres acteurs une reconnaissance et une dynamique à même de permettre à chacun, là où il se trouve, de vivre de son métier ».
A ce titre, la FDSEA travaille à renforcer les convergences avec les maires ruraux notamment, mais les maires plus largement, comme le soulignait Thierry Igonnet, directeur.
Tous soulignaient la nécessité d’« un syndicalisme qui a besoin d’innover », dans la gestion de ses dossiers comme, bien entendu, dans la gestion des crises actuelles. Dans ce contexte, la tenue le soir même d’une réunion du Conseil de l’Agriculture de Saône-et-Loire, relancé le 10 mars dernier à Malay après des années de sommeil, doit y participer, en permettant une meilleure connaissance des acteurs, davantage d’échanges et une meilleure synergie et donc efficacité. La gravité de la situation impose à tous de faire naître un discours plus offensif, plus optimiste alors que notre département dispose de réels atouts.
A ce titre, la lettre ouverte de la FDSEA et des JA (lire notre édition du 5 août en page 2) a eu pour effet de susciter une rencontre à l’initiative de Gilbert Payet, préfet, avec les Parlementaires. Le préfet semble prêt à prendre à bras le corps quelques dossiers et à les appuyer, notamment au sujet des charges qui pèsent sur les exploitations…
Mais plus que d’une énième réflexion de fond, l’agriculture de Saône-et-Loire a urgemment besoin d’une dynamique créative de valeur ajoutée, valeur ajoutée appelée à revenir sur les territoires, au sein même des exploitations. C’est là le grand défi collectif que la profession est appelée à relever.



Des statuts toilettés


Le bureau a validé la révision des statuts de la FDSEA, visant à adapter la représentation professionnelle aux nouveaux découpages territoriaux résultant de la loi NOTRe. Et cela en lien avec le calendrier syndical, l’hiver 2016-2017 correspondant à une période élective au sein du réseau. « Il s’agit, rappelait Bernard Lacour, d’être là où se prennent les décisions ».




L’ensemble de ces modifications sera soumis au vote lors de la prochaine assemblée générale de la FDSEA de Saône-et-Loire.




En attendant, le conseil d’administration travaillera le 26 septembre prochain à l’organisation de la FDSEA, dans le souci de « gagner en efficacité, gagner en attractivité, conforter l’ambiance de confiance », notait Bernard Lacour. Il s’agit aussi de faire émerger des représentants sur l’ensemble des territoires.







« Je n’ai jamais connu dans ma carrière une année aussi difficile que celle-ci », reconnaissait Robert Martin, rappelant les événements climatiques qui ont frappé le vignoble du nord au sud du département, sans parler de la recrudescence de l’Esca, avec des dégâts partout proches de 8 à 10 %. « Certains secteurs ne feront point de vin où seront proches de 5 à 10 hectolitres de l’hectare… », notait-il, soulignant qu’il y aurait immanquablement « des situations très difficiles et très délicates ».