La Viande bressane s’impose !
prix de la viande bovine notamment, une association d’éleveurs
allaitants bressans a cherché à profiter de la dynamique et
du dialogue engagé avec les grandes enseignes du Louhannais pour
développer un circuit court spécifique identifié en partant de la
démarche "Cœur de gamme". Le 22 février au Carrefour Market de
Louhans, les éleveurs de la FDSEA de Saône-et-Loire présentaient ainsi la nouvelle identité visuelle qui sera apposée dans les rayons, pour le
plus grand plaisir des clients de l’enseigne. Et surtout
avec une meilleure valorisation revenant directement aux éleveurs !
Paradoxalement, les rouages ont plutôt grincé en aval des élevages. « Le planning se fait six mois à l’avance mais, selon la finition des animaux, on abat plus tôt ou plus tard en affinant la semaine en cours », explique Grégory Fréchou. Si du côté de l’abattage - lequel est effectué chez Bigard à Cuiseaux - et de la livraison - laquelle est assurée par Feder - tout s’est bien passé, c’est le volet administratif, en ce qui concerne la facturation au national par le siège de Carrefour, qui a pris le plus de temps. Impliquée dans ce projet, l’animatrice de la FDSEA de Saône-et-Loire, Edith Bruneau a donc « passé un mail revendicatif » à Carrefour Paris, ce qui a enfin permis de débloquer, dès le lendemain, ce problème.
Du côté du Carrefour Market de Louhans, tout s’est bien passé. Adieu donc aux quelques génisses en provenance du Rhône et bienvenue à la viande bressanne… Le directeur du magasin, Gilles Raffin, précise à ce sujet qu’il s’agit pour le Groupe d’un « test » pour apprendre à bien « finaliser toutes les étapes » de ces approvisionnements locaux réguliers.
Triple gagnants
Depuis septembre, une quarantaine de génisses ont ainsi été livrée au Carrefour Market de Louhans, chiffre qui devrait atteindre les 60 animaux sur cette première année. « On s’engage sur une bête par semaine ; 2 à 3 ponctuellement en fonction de la saison touristique mais sinon, on n’a pas encore assez de visibilité », nuance Gilles Raffin. Les premiers retours au rayon traditionnel boucherie sont tous positifs. « Les clients sont satisfaits de la qualité, mes équipes sont contentes de travailler de la viande locale et tous sont heureux de savoir d’où vient la viande ».
Les éleveurs sont bel et bien les premiers gagnants et pas seulement en terme d’image. Eleveur de charolais à Rancy, David Vincent a fait partie des premiers à livrer une génisses, « payées 80 centimes d’€ de plus du kilo de carcasse que la grille Centre Est ». Ce circuit court ne "supprime pas" les intermédiaires traditionnels (15 cents d'€/kg pour l’aval et 5 cents d'€/kg pour l’association) et il reste donc une plus-value finale d’environ 50 cents d'€/kg de carcasse pour l’éleveur, « soit environ 300 € par bête ».
"Treizième mois"
Veillant à ce que la « quote-part » entre tous les adhérents de l’association soit bien respectée, Grégory Fréchou ne crie pas victoire pour autant : « 300 € par bête ou 600 € pour deux, c’est déjà un 13e mois en terme de revenu pour certains éleveurs. Reste qu'une exploitation fait plus de 100.000 € de chiffre d’affaire, aussi ce n’est donc pas une fin en soi », relativisait-il pour démontrer la volonté de tous de continuer de « tisser des liens » avec les autres enseignes du secteur pour amplifier la dynamique.
Du côté des éleveurs, les freins au développement des livraisons ont été anticipés. Si les bovins doivent être de races allaitantes, le deuxième critère du cahier des charges - déposé par l’association en préfecture - est simplement que le siège social de l’exploitation soit situé sur une des 88 communes délimitées par le Syndicat mixte de la Bresse bourguignonne. C’est l’élevage sur place qui compte davantage que le lieu de naissance de l’animal. La chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et le service identification vérifient ces paramètres. « C’est plus un pacte de confiance entre l’association et l’enseigne, plutôt qu’un contrôle », insiste Samuel Chanussot, membre de la chambre d'Agriculture. Le reste correspond aux critères de "Cœur de gamme".
Plus de produits et magasins
« Nous avons débuté par la viande bovine car c’était plus rapide à créer ou plus facile que le lait ou le porc » se souvient-il, lui qui n’oublie pas non plus la volonté de Georges Bos, l’ancien sous-préfet de Louhans qui s'était fortement impliqué dans ce dossier démarré en 2015, alors sous le nom de "La Belle Bresse". « L’objectif était de montrer qu’il est possible d’augmenter la marge revenant aux éleveurs, sans pour autant augmenter les prix aux consommateurs. C’est un peu malheureux de devoir faire ce travail de filière sur une petite échelle », analysent les éleveurs qui invitent maintenant leurs confrères à en faire de même ailleurs dans le département. La grande distribution semble attentive en tous cas à ces démarches d'ancrage territorial et d'approvisionnement de proximité. « La démarche est bonne et on va y aller mais prudemment avant de l’étendre à d’autres magasins », concluait Gilles Raffin. Espérons que ce partenariat sera durable, sinon l’histoire pourrait être amenée à recommencer…
Un logo évolutif
Directeur de l’Office de tourisme (ODT) du Louhannais, Stéphane Gros et sa collègue Elodie Vincent-Jeannin ont présenté le logo et la marque "La Viande bressane : l’agriculture sur votre table". Ces derniers déposés à l’Inpi (Institut national de la propriété intellectuelle) « avec l’accord de l’INAO », ils « appartiennent » à l’ODT du Louhannais, précise Stéphane Gros. Fruit d’un travail collectif, le logo reprend les repères visuels de l’agriculture et de la Bresse avec possibilité, demain, de l’adapter à d’autres produits (miel, viande de porc ou d'agneau…). Le logo fera prochainement son apparition dans les rayons de l’enseigne. Des publicités seront commandées dans les médias locaux. Pour continuer de communiquer sur cette démarche, le Pays de la Bresse bourguignonne monte un dossier pour obtenir des fonds européens (Leader) pour la promotion des produits.