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Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne

La voix discordante de Chablis

Alors que la crise semble doucement s’éloigner et que les vins de Bourgogne reprennent des couleurs, l’ambition demeure de poursuivre dans la voie tracée à l’horizon 2015. Et ce, malgré la voix discordante de Chablis qui n'exclut tout simplement pas de quitter l'interprofession pour créer sa propre structure.
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Si certaines assemblées générales se déroulent comme un long fleuve tranquille, le rendez-vous du vendredi 1er juillet à Beaune pour l'assemblée générale du BIVB était à marquer d’une pierre blanche par l’animation qui régnait lors de cette matinée beaunoise. Avec, comme mise en bouche, la présentation de la situation économique de la filière par Pierre-Henry Gagey, président délégué. Alors que nous demeurons dans une période de grande incertitude, les chiffres de la viticulture bourguignonne sont plutôt bons malgré la faiblesse de la récolte, en retrait pour le millésime 2010 de -12.4 % (-8,7 % en blanc, -18,8 % en rouge et -13,2 % en crémant). En dépit de ces chiffres, l'interprofession note une hausse de 2 % des transactions à fin mai 2011 sur dix mois de campagne. On se rapproche ainsi des niveaux records d’achats observés avant la crise, principalement grâce aux AOC régionales, notamment mâcon et aligoté. Quant à la sortie de chais (vrac et bouteilles), on est également proche des performances des campagnes 2006 et 2007. Du côté de l’export, on n’a pas encore retrouvé les niveaux de 2007 même si on se situe à proximité de la moyenne établie sur les quinze dernières années. Des parts de marché ont ainsi été regagnées aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada.
« Aujourd’hui, à la mi-2011, nous pouvons considérer que, comparativement aux autres vignobles, la Bourgogne est en bonne voie de rétablissement », a précisé Michel Baldassini, président du BIVB. Avec notamment une réelle satisfaction au niveau de la grande distribution, « notre premier circuit de commercialisation. Ce bilan, globalement positif, cache cependant des disparités de situation entre les appellations et les entreprises. Dans beaucoup de domaines viticoles, la situation économique reste encore délicate ». Et le président de se dire particulièrement agacé par la décision de l’INAO de ne plus pouvoir inscrire la mention "Vins de Bourgogne " « sur nos étiquettes d’appellations qui ne peuvent pas se replier en Bourgogne… Vous pouvez compter sur notre détermination pour faire évoluer les choses ».

Monter d’un cran


Dans le cadre du Plan Bourgogne 2015 dont l’ambition demeure, pour les vins de Bourgogne, d’être la référence mondiale des grands vins nés d’une viticulture durable, le directeur André Segala a présenté les actions qui seront menées en 2011-2012. Avec, comme objectif, de « faire monter l’ensemble des vins de Bourgogne dans les hauts segments de la gamme et en particulier les appellations régionales ». Côté actions, on notera le lancement du premier grand rendez-vous économique annuel le 4 novembre prochain, mais aussi la réalisation d’une enquête, d’une part sur les coûts de production et de commercialisation en Bourgogne, d’autre part sur les prix des bouteilles départ cave. Côté marketing, les pays prioritairement visés seront, non seulement la France, mais aussi la Belgique, la Chine, Hong-Kong, les États-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne et l’Irlande. On n’oubliera pas non plus de signaler l’organisation des Grands jours de Bourgogne en 2012. En outre, il s’agit dans ce plan d’être extrêmement attentif à la R&D (recherche et développement) et d’apporter un soutien aux actions d’amélioration de la qualité tout en ayant le souci du développement durable. Avec, comme principaux temps forts, les premières rencontres Vinosciences le 3 novembre prochain sur le thème "Le goût des vins hier, aujourd’hui et demain", ainsi que la deuxième édition des Grands rendez-vous techniques les 11 et 12 janvier 2012 consacrés à l’élevage des vins.

La qualité gustative prime


Cette assemblée générale du BIVB a enfin été l’occasion pour Cécile Bassot, directrice générale de Sopexa, de s’intéresser aux enjeux des marchés et de la communication en s’appuyant sur une enquête réalisée en mars et avril derniers auprès de 1.530 professionnels du secteur (grossistes, agents, importateurs, distributeurs GMS ou spécialisés). L’occasion de recueillir leur perception sur douze marchés stratégiques à l’export, en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Si l’on note un degré d’optimisme assez élevé, force est de constater que les vins hexagonaux restent à leurs yeux une valeur sûre. Quant aux critères de référencement, arrive en priorité la constance de la qualité gustative ; suivent ensuite l’attractivité du prix et la qualité de la relation fournisseurs, puis l’image positive véhiculée par le pays producteur et les capacités logistiques des fournisseurs. Enfin, lorsqu’ils sont interrogés sur les régions d’appellations dont la demande devrait selon eux le plus augmenter, le Languedoc, les Côtes du Rhône et Bordeaux trustent le podium. La Bourgogne arrive à une modeste onzième place. Quant aux cépages en vogue, le Sauvignon est le grand vainqueur. Suivent le Pinot noir, le Malbec, le Cabernet-Sauvignon puis le Merlot.

Chablis manifeste sa différence


A l’occasion du vote du futur budget, plusieurs voix discordantes se sont fait entendre. Alors que l’Union des producteurs élaborateurs de crémant de Bourgogne (UPECB), par l’intermédiaire de son président Georges Legrand, s’abstenait lors de ce vote pour exprimer un certain désaccord quant à la mise en valeur des crémants de Bourgogne sans pour autant remettre en cause son appartenance au BIVB, les viticulteurs chablisiens ont par contre rejeté le budget. Ils ont même annoncé, par l’intermédiaire de Frédéric Gueguen, président du comité de défense de l’appellation Chablis, qu’ils entendaient mener une réflexion quant à leur futur au sein du BIVB. Se plaignant d’un manque de représentativité –en regrettant notamment l’absence de Chablisiens au sein du comité permanent– et souhaitant davantage d’autonomie financière au sein de l’interprofession, ils décideront ainsi fin 2011 ou début 2012 s’ils quittent ou non le BIVB.


Chablis l’enfant terrible


« Chablis, c'est un peu l’enfant terrible de la Bourgogne, gâté par une progression exceptionnelle de son vignoble et une notoriété mondiale », soulignait Michel Baldassini. « Nous sommes d’autant plus interrogatifs que le vignoble de Chablis bénéficie, depuis la création du BIVB, d’un statut particulier que tous les autres vignobles de Bourgogne et d’ailleurs lui envient. Ils gèrent directement 50 % de leurs cotisations avec un personnel dédié, tout en bénéficiant, sans limite, de toutes les autres opérations du BIVB… Nous espérons qu’il sortira du débat interne engagé à Chablis une décision responsable, sachant qu’il y a une limite à tout ». Le ton était donné... Pour sa part, la sous-préfète de Beaune, Évelyne Guyon, enfonçait le clou en rappelant que l’inquiétude des Chablisiens était à l’opposé des attentes de l’État et en appelant au bon sens de chacun pour l’intérêt commun.


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