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Sommet de l'élevage 2025
Label Clé verte

Un label « vert » valorisant

Junior Ligan, référent régional de l’association Ter’Agir, en charge du label Clef Verte et Christophe Michaud, consultant OOOPP Tourisme, ont présenté ce label et les démarches environnementales qui peuvent réduire les charges et augmenter la fréquentation d’une clientèle valorisant cette approche du tourisme durable.

Par Cédric Michelin
Un label « vert » valorisant
Le 6 février, le Département organisait une journée dédiée au tourisme durable, dans le cadre de son schéma départemental lié à l'attractivité des territoires, dont la Mission Tourisme est piloté par Elisabeth Roblot (en bleu)

Selon une étude de l’Agence de l’environnement (Ademe) datant de 2022, 11 % des émissions de gaz à effet de serre, responsable en grande partie du réchauffement climatique, en France proviennent du secteur du tourisme. « C’est donc loin d’être neutre », faisait un double jeu de mots, Christophe Michaud, pour ce secteur certes économique, mais aussi de loisirs principalement et non essentiel si l’on en revenait à la période de confinement du Covid qui avait durement marqué le secteur. S’en était ensuivi un plébiscite pour les vacances locales, à faible émission de carbone. Force est de constater que les promesses d’un autre monde n’ont pas toutes été tenues et beaucoup de concitoyens sont retournés, aussi rapidement que les vols low cost, à l’autre bout du monde à la moindre occasion d’un prix bradé.

Mais, il reste néanmoins une prise de conscience collective que le tourisme « pollue », comme toutes les activités humaines. Et toutes les générations ont une envie de mieux faire. Cependant, la clientèle n’entend pas se priver, mais attend des entreprises (à 84 %) qu’elles prouvent leurs engagements en faveur de la planète. Et face au greenwashing, il y a urgence à trouver des indicateurs et des labels fiables. C’est là où le label Green Key, Clé verte en français, est une référence en la matière. « 62 % des Français attendent un label pour voyager de façon plus responsable et 59 % sont prêts à utiliser un filtre (de sélection sur une plateforme de réservation en ligne, N.D.L.R.) en ce sens ». Mais sur les grandes plateformes, majoritairement Américaines (Booking, Airbnb…), ces filtres n’existent pas pour l’heure.

Le label Clé verte est un label international, présent dans plus de 70 pays et sur tous les continents. « En forte progression cette année », plus de 2.400 établissements sont ainsi labellisés Clé verte en France, et plus de 6.700 dans le monde. Reconnu par l’Ademe comme par l’Organisation mondiale du tourisme entre autres, ce label Clé verte est attribué aux établissements qui « démontrent réellement une gestion environnementale forte ». Il concerne tous les types d’établissements : auberge de jeunesse, résidence de tourisme, hôtels, campings, gîtes, meublés, chambres d’hôtes et les villages et centres de vacances. En Saône-et-Loire, 12 établissements sont labellisés sur les 60 que compte la Bourgogne-Franche-Comté. Soit un équivalent de 900.000 nuitées en région. Il faut préciser que la forte progression des chiffres, vient principalement de la labellisation des chaînes d’hôtels Best Western et Ibis. On retrouve également d’autres établissements, « principalement le long des axes autoroutiers », qui finissaient de faire grimacer la salle, sur la réalité des engagements des Français. « Peu importe, le groupe Accor a choisi d’accentuer sa politique RSE, à chacun sa grille, ce n’est pas un label prévu pour les chaînes hôtelières et nous, on les accompagne et on accompagne chacun selon sa catégorie », recadrait Junior Ligan. Christophe Michaud rajoutait que c’était d’autant plus important que des « indépendants » s’inscrivent dans cette démarche, à l’image des campings labellisés, Château de l’Épervière à Gigny-sur-Saône ou Au bon Endroit à Paray-le-Monial.

Une démarche de progrès

Ce label évolue d’ailleurs, car il est le fruit d’une approche « collaborative » et s’inscrit dans des démarches de progrès, avec des évolutions majeures tous les cinq ans. Concrètement, la démarche de labellisation d’un établissement repose sur un socle commun international (avec Green Key), pour ensuite, voire d’autres critères adaptés selon le type d’établissement touristique. Mais, il y a des critères impératifs pour être labellisés et d’autres « conseillés pour encourager les améliorations » à faire.

Christophe Michaud donnait des exemples de critères, relevant de la politique environnementale (formation des employés, gestion environnementale de l’entreprise…), la sensibilisation de la clientèle (écogestes…), la gestion de l’énergie (chauffage, climatisation…) et de l’eau (WC, arrosage…), la gestion des déchets (tri sélectif, gaspillage…), les achats responsables (travail avec les producteurs locaux, produits d’entretien…) ou encore le cadre de vie (environnement intérieur et extérieur). Junior Ligan fait un « pré-accompagnement » des établissements et vérifie les critères – dont une quinzaine peut « poser problème généralement » — et propose des solutions avant la visite des auditeurs. Les auditeurs sont « en majeure partie » des conseillers CCI (Chambre de commerce et d’industrie), comme en Saône-et-Loire notamment. Un suivi post-audit est également assuré par Ter’Agir. Évidemment, ce label a un « coût » pour être labellisé et le retour sur investissement est à calculer, faisait remarquer un hébergeur qui est déjà référencé sur des « grandes » plateformes de réservation en ligne qui sont également payantes. « J’ai zéro label pour mon gîte, mais il est passif (en énergie, N.D.L.R.), avec un parc arboré, une cuve de récupération d’eau de pluie, des panneaux solaires, de la géothermie… mais cela me gêne de voir des labellisés, comme Ibis, avec des parkings bitumés, c’est contreproductif », faisant ainsi ressortir l’ambivalence de vouloir un label pour le grand public avec des critères encore limités à une "niche de marché". Enfin, des « mises en conformité » (assainissement…) peuvent aussi vite chiffrer avant d’envisager d’être labellisés.

Raisonner et réduire ses charges

D’autres certifications existent. Les Gîtes de France ont par exemple développé leur label à eux, Écogîtes de France.

Mais pour Christophe Michaud, il faut aussi résonner à l’inverser. Outre les bienfaits écologiques pour la biodiversité, la préservation de l’eau… le fait de rentrer dans cette « démarche de progrès » permet de faire aussi des économies d’énergie, de veiller à la santé du personnel et la sienne en premier, de diminuer les charges d’exploitations à moyen et long termes, répondre à des attentes de la clientèle, attirer de nouveaux clients ou fidéliser des anciens, en améliorant son image, y compris auprès de ses prestataires, à commencer par les agriculteurs aux alentours qui peuvent approvisionner et intervenir auprès des clients « pour favoriser de justes retombées économiques » pour tous les acteurs d’un même territoire. Le mot de conclusion était donc juste et tempéré : « Évidemment, il y a des contraintes comme pour tout label, mais surtout, Clé verte est une nouvelle approche de son entreprise, de son management, d’associer ses équipes et de mettre en place de bonnes pratiques » pour un tourisme vraiment durable.

La conseillère départementale, élue de Saône-et-Loire en charge de la Mission Tourisme, Élisabeth Roblot confirmait que ce genre de label « met en valeur » les initiatives environnementales au même titre que le Département avec son travail sur l’application Route71 qui les référence ou dans des brochures spécifiques de la Mission Tourisme. Les Offices de tourisme sont également des relais de ce genre d’initiatives.

Tourisme durable : Exemples de bonnes pratiques

-          Utilisation de panneaux solaires pour chauffer l’eau et éclairer les espaces communs

-          Mise en place de systèmes de récupération des eaux de pluie pour l’arrosage des jardins

-          Utilisation de produits de nettoyage écologique et encouragement du tri des déchets par les clients

-          Baisse de pression des robinets, avec des réducteurs et mousseurs d’eau aux douches

-          Chasses d’eau double-flux

-          Plaques à induction séquentielle qui ne chauffent que par intermittence

-          Nettoyage à vapeur sèche

-          Accueil LPO

-          Ampoules Led à faible consommation pour l’éclairage

-          Régulateurs de températures dans certaines pièces

-          Bornes solaires pour les cyclistes

-          Bacs de tri sélectif

-          Composteur pour les déchets organiques

-          Politique de réduction des emballages à usage unique

-          Ou encore, proposer cafetière, bouilloire… « pour favoriser les voyageurs en train »