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Fromages au lait cru

Lait cru, les filières contre-attaquent

Face aux nouvelles préconisations des pouvoirs publics sur la consommation de produits au lait cru pour les jeunes enfants, les filières laitières ont décidé de riposter en créant un site Internet à destination des consommateurs. Objectif : alerter sur les risques certes, mais surtout équilibrer le débat en mettant en avant les bienfaits des fromages au lait cru.

Par Publié par Cédric Michelin
Lait cru, les filières contre-attaquent

Tout démarre, l’année dernière. De nombreux rappels et retrait de fromages au lait cru ont lieu pour cause de présence de salmonelles ou de listéria mais surtout, d’Escherichia Coli. Ces rappels concernaient du reblochon, du saint-marcellin, du brie ou encore du fromage de chèvre Saint-Maur de Touraine. En avril 2018, un enfant décède suite à une intoxication à l’E. Coli après avoir consommé du reblochon. Un an plus tard, deux cas de listériose conduisent au décès d’un fœtus in utero et d’une femme. Depuis, la « DGAL (direction générale de l’alimentation) met la pression » sur la filière lait cru, confesse Michel Lacoste, président de la Cnaol (fédération des AOP laitières).

« Les enfants de moins de 5 ans ne doivent en aucun cas consommer les fromages au lait cru », alerte le ministère de l’Agriculture sur son site Internet depuis fin avril. Une information reprise dans une note de service à destination des préfectures et de la restauration collectives qui a fait bondir les filières laitières, vache comme chèvre ou brebis. « Cela a fait un sacré remue-ménage auprès des collectivités. Certaines ont tout bonnement arrêté de s’approvisionner en fromages au lait cru », regrette Jean-Philippe Bonnefoy, vice-président fermier de la Fnec. La filière fromagère de Bourgogne et de Saône-et-Loire a été impactée.

Le 25 juin, l’Anses enfonce le clou en préconisant « d’éviter le lait cru et les fromages au lait cru » pour les enfants de moins de dix ans, dans ses nouvelles recommandations alimentaires pour les « populations spécifiques ». Le discours passe mal auprès des acteurs qui se voient stigmatiser et s’inquiètent que les consommateurs surinterprètent ces consignes.

Faire de la pédagogie

« Le ministère veut que l’on communique mieux », explique Michel Lacoste. Les risques pour les femmes enceintes sont plutôt bien connus mais pour les jeunes enfants beaucoup moins. Une enquête auprès de consommateur réalisée pour la Cnaol en novembre 2018 est d’ailleurs plutôt inquiétante : seul 25 % des interrogés sont capables de parler des précautions liées à la consommation de fromages au lait cru pour les publics dit sensibles (jeunes enfants, femmes enceintes, personnes immunodéprimées…). « Sur le fond, nous travaillons tous les jours sur le plan de maîtrise sanitaire dans les élevages et dans les ateliers de transformation. Mais il faut aussi assurer une bonne information aux consommateurs. Ils doivent être informés de ce qu’ils consomment. Après ils prennent le risque ou non », détaille-t-il.

Aussi, les filières laitières ont créé le site internet www.fromagesaulaitcru.fr destiné à mieux informer les consommateurs sur les risques potentiels mais aussi sur les spécificités de ces produits. « Il y a une véritable volonté de la filière de mettre en avant les bénéfices de la consommation de fromages au lait cru, mais aussi d’être transparent sur le fait que cela peut ne pas être adapté à tous les publics », rapporte Céline Spelle, cheffe de projet au Cnaol et en charge du dossier. Pour toucher le plus de monde possible, l’idée, ensuite, est de mentionner ce site Internet sur les emballages des produits, les vitrines ou les étals grâce à un renvoi.