Ferme de la Manche à La Charmée
Lait et cultures, le bon équilibre
Le 5 mars dernier, une visite d’élevage avait lieu à la Ferme de la Manche à la Charmée. Elle était organisée par Saône-et-Loire et Ain Conseil Elevage dans le cadre de la quinzaine nationale du conseil. L’occasion de découvrir une exploitation de polyculture-élevage performante, qui a jusqu’ici toujours misé sur l’équilibre entre lait et céréales.
Originaire de l’Ain, la famille Convert est arrivée dans le Chalonnais en 1969 en achetant une ferme de cinquante hectares à La Charmée. La production laitière s’est d’abord faite avec vingt vaches avant de se développer avec la construction d’une salle de traite en 1973 puis d’une stabulation en 2001. Les terres, plutôt ingrates au départ, ont été drainées très tôt et la famille Convert a toujours fait en sorte de maintenir un équilibre entre les cultures et le lait.
Stéphane s’est installé en 1999 en s’associant avec son père Maurice. A l’époque, le jeune éleveur n’avait pu ramener qu’une vingtaine d’hectares et les quotas supplémentaires étaient très difficiles à obtenir. « Comme nous étions bridés en lait, nous sommes plus partis sur les céréales. Et nous avons fait en sorte d’optimiser l’existant sans investir véritablement dans du neuf », explique Stéphane. Aujourd’hui, l’exploitation couvre 218 hectares dont environ 180 de cultures (blé, colza, maïs, tournesol, orge). Le quota atteint 500.000 litres de lait produits par 60 montbéliardes.
Avantage agronomique indéniable
Bien qu’il ait été entièrement reconstitué pour cause d’ESB au début des années 2000, le troupeau est aujourd’hui performant (8.200 kilos de lait par vache en moyenne). Mais c’est surtout dans la productivité de la main-d’œuvre et sur la maitrise des charges que l’exploitation sort du lot. « Nous avons toujours privilégié l’autonomie : faire cracher la surface fourragère », telle est la devise de la famille Convert. « On le gère comme une culture. Il faut que la surface fourragère principale produise comme un maïs ! », confie Stéphane. Assolées, les terres de l’exploitation sont très polyvalentes. En cela, la double vocation lait/céréales est un avantage agronomique indéniable. Les effluents organiques dispensent des apports de potassium et de phosphore. Le ray-gras produit bien ici ce qui permet de maintenir toujours une part d’herbe ensilée dans la ration. Chaque année, une douzaine d’hectares de prairies temporaires sont ainsi ensilées juste avant d’être retournées puis ensemencées en maïs fourrage. « Cela suffit à nourrir le troupeau ! », résume Maurice.
Prix de revient très bas
Le pâturage demeure incontournable sur l’exploitation : « c’est du lait facile à produire ! », argumentent en cœur les deux éleveurs. Conséquence : la consommation de tourteaux parvient à descendre jusqu’à 500 grammes/vache laitière en pleine pousse herbagère. Le coût de la ration baisse alors à 70 €/1.000 litres et il remonte à 110 €/1.000 l en hiver. Sans surprise, la consommation moyenne de concentrés par kilo de lait produit est nettement en dessous de la moyenne départementale : 170 g/litre de lait contre environ 230 en moyenne en Saône-et-Loire. « Nous avons toujours privilégié des aliments simples », explique Stéphane. La ration fait la part belle à l’orge auto produite ainsi qu’au tourteau de colza. Les rares produits achetés sont commandés par camions de 25 tonnes.
A la Ferme de la Manche, le prix de revient des mille litres de lait est de seulement 220 €. La part de la mécanisation dans le coût alimentaire n’est que de 66 € alors qu’elle est souvent du double dans de nombreuses exploitations.
La raison plutôt que la passion
Pour parvenir à ce niveau de productivité et de maitrise économique, la famille Convert applique une maxime : « ici, ce n’est pas la passion qui dirige mais la raison ! ». Comme son père avant lui, Stéphane se fie avant tout à l’analyse financière de son entreprise pour prendre ses décisions. Les conseils du centre de gestion et du contrôle laitier priment sur tout le reste. Sur le plan purement technique, Stéphane apprécie le fait que Saône-et-Loire Conseil Elevage « n’ait rien à vendre ».
Dans l’expectative…
En dépit de la productivité de son atelier lait, Stéphane Convert comme de très nombreux éleveurs laitiers aujourd’hui, est un peu « dans l’expectative » quant à l’avenir. Faute d’avoir pu investir durant les années de restriction de quota, l’exploitation se retrouve aujourd’hui avec un outil de travail vieillissant. La salle de traite 2 X 4 n’est plus à la hauteur et le troupeau « est bloqué » à 60 vaches. « Aujourd’hui, si je voulais développer le lait, il suffirait d’appeler le banquier ! », plaisante Stéphane. Mais le jeune éleveur reconnait que la différence de revenu au profit des céréales est assez dissuasive.
Embauche plutôt qu’agrandissement
Il y a deux ans, Stéphane a fait le choix « de soulager le travail plutôt que d’agrandir ». Ses parents étaient désormais tous les deux à la retraite et bien que Maurice continue de participer aux travaux, le jeune chef d’exploitation a décidé d’embaucher un salarié. Un choix qu’il ne regrette pas. Le salarié donne beaucoup plus de souplesse et est plus opérationnel qu’un apprenti. Avec l’aide du père, la structure dispose de trois personnes pour assurer les roulements. La qualité de vie s’en ressent. Dans les années à venir, Stéphane aura sans doute de nouveaux choix à opérer lorsque son père cessera complètement de travailler. Une association avec un autre exploitant est peu envisageable. Lucide, Stéphane constate que « ceux qui restent tout seul sont en général ceux qui ont le plus de caractère ! ». Reste alors l’option de la robotisation de la traite. Mais avant de franchir ce pas là, « il faudra bien regarder le prix du lait », conclut Stéphane.
Rentabilité économique
Les hectares attribués au lait mieux valorisés que ceux attribués aux céréales
Stéphane s’est installé en 1999 en s’associant avec son père Maurice. A l’époque, le jeune éleveur n’avait pu ramener qu’une vingtaine d’hectares et les quotas supplémentaires étaient très difficiles à obtenir. « Comme nous étions bridés en lait, nous sommes plus partis sur les céréales. Et nous avons fait en sorte d’optimiser l’existant sans investir véritablement dans du neuf », explique Stéphane. Aujourd’hui, l’exploitation couvre 218 hectares dont environ 180 de cultures (blé, colza, maïs, tournesol, orge). Le quota atteint 500.000 litres de lait produits par 60 montbéliardes.
Avantage agronomique indéniable
Bien qu’il ait été entièrement reconstitué pour cause d’ESB au début des années 2000, le troupeau est aujourd’hui performant (8.200 kilos de lait par vache en moyenne). Mais c’est surtout dans la productivité de la main-d’œuvre et sur la maitrise des charges que l’exploitation sort du lot. « Nous avons toujours privilégié l’autonomie : faire cracher la surface fourragère », telle est la devise de la famille Convert. « On le gère comme une culture. Il faut que la surface fourragère principale produise comme un maïs ! », confie Stéphane. Assolées, les terres de l’exploitation sont très polyvalentes. En cela, la double vocation lait/céréales est un avantage agronomique indéniable. Les effluents organiques dispensent des apports de potassium et de phosphore. Le ray-gras produit bien ici ce qui permet de maintenir toujours une part d’herbe ensilée dans la ration. Chaque année, une douzaine d’hectares de prairies temporaires sont ainsi ensilées juste avant d’être retournées puis ensemencées en maïs fourrage. « Cela suffit à nourrir le troupeau ! », résume Maurice.
Prix de revient très bas
Le pâturage demeure incontournable sur l’exploitation : « c’est du lait facile à produire ! », argumentent en cœur les deux éleveurs. Conséquence : la consommation de tourteaux parvient à descendre jusqu’à 500 grammes/vache laitière en pleine pousse herbagère. Le coût de la ration baisse alors à 70 €/1.000 litres et il remonte à 110 €/1.000 l en hiver. Sans surprise, la consommation moyenne de concentrés par kilo de lait produit est nettement en dessous de la moyenne départementale : 170 g/litre de lait contre environ 230 en moyenne en Saône-et-Loire. « Nous avons toujours privilégié des aliments simples », explique Stéphane. La ration fait la part belle à l’orge auto produite ainsi qu’au tourteau de colza. Les rares produits achetés sont commandés par camions de 25 tonnes.
A la Ferme de la Manche, le prix de revient des mille litres de lait est de seulement 220 €. La part de la mécanisation dans le coût alimentaire n’est que de 66 € alors qu’elle est souvent du double dans de nombreuses exploitations.
La raison plutôt que la passion
Pour parvenir à ce niveau de productivité et de maitrise économique, la famille Convert applique une maxime : « ici, ce n’est pas la passion qui dirige mais la raison ! ». Comme son père avant lui, Stéphane se fie avant tout à l’analyse financière de son entreprise pour prendre ses décisions. Les conseils du centre de gestion et du contrôle laitier priment sur tout le reste. Sur le plan purement technique, Stéphane apprécie le fait que Saône-et-Loire Conseil Elevage « n’ait rien à vendre ».
Dans l’expectative…
En dépit de la productivité de son atelier lait, Stéphane Convert comme de très nombreux éleveurs laitiers aujourd’hui, est un peu « dans l’expectative » quant à l’avenir. Faute d’avoir pu investir durant les années de restriction de quota, l’exploitation se retrouve aujourd’hui avec un outil de travail vieillissant. La salle de traite 2 X 4 n’est plus à la hauteur et le troupeau « est bloqué » à 60 vaches. « Aujourd’hui, si je voulais développer le lait, il suffirait d’appeler le banquier ! », plaisante Stéphane. Mais le jeune éleveur reconnait que la différence de revenu au profit des céréales est assez dissuasive.
Embauche plutôt qu’agrandissement
Il y a deux ans, Stéphane a fait le choix « de soulager le travail plutôt que d’agrandir ». Ses parents étaient désormais tous les deux à la retraite et bien que Maurice continue de participer aux travaux, le jeune chef d’exploitation a décidé d’embaucher un salarié. Un choix qu’il ne regrette pas. Le salarié donne beaucoup plus de souplesse et est plus opérationnel qu’un apprenti. Avec l’aide du père, la structure dispose de trois personnes pour assurer les roulements. La qualité de vie s’en ressent. Dans les années à venir, Stéphane aura sans doute de nouveaux choix à opérer lorsque son père cessera complètement de travailler. Une association avec un autre exploitant est peu envisageable. Lucide, Stéphane constate que « ceux qui restent tout seul sont en général ceux qui ont le plus de caractère ! ». Reste alors l’option de la robotisation de la traite. Mais avant de franchir ce pas là, « il faudra bien regarder le prix du lait », conclut Stéphane.
Rentabilité économique
Les hectares attribués au lait mieux valorisés que ceux attribués aux céréales
Si de prime abord, le prix des céréales produites semble jouer en défaveur du maintien de la production laitière sur une exploitation, c’est sans tenir compte de l’intérêt agronomique de la production animale pour les cultures. « Sur cette exploitation, les hectares attribués au lait gagnent trois à quatre fois plus que les hectares de cultures de vente », calculait Denis Chapuis de la chambre d’agriculture.