Accès au contenu
Fête Raclet

Le Beaujolais attend un nouveau sauveur !

Ce week-end, la fête en l’honneur de Benoît Raclet - "sauveur de la
vigne" - se tenait à Romanèche-Thorins. Avec une récolte estimée entre
400.000 hl et 500.000 hl, crus compris, et des cours simplement "corrects",
l’ambiance n’était pas au beau fixe.
Par Publié par Cédric Michelin
125442--DSC_0001.JPG
Décidément, le ciel a choisit de "pourrir" la vie des viticulteurs du Beaujolais jusqu’au bout de ce millésime 2012. Le froid s'abattait sur Romanèche-Thorins les 27 et 28 octobre, week-end en l'honneur de Benoît Raclet, vainqueur de la pyrale.
« L’année de tous les malheurs », débutait le maire de Romanèche-Thorins, Maurice Cochet. Malgré des pertes de rendements de 25 à 50 %, malgré une bonne qualité des raisins, les prix restent simplement « corrects » sans toutefois permettre de rassurer les trésoreries fortement dégradées par l’augmentation des charges. Avec le gel de printemps, les vieux vignobles en gobelet ont souffert. Sans compter, la grêle et la grillure et la forte pression sanitaire. Certains secteurs n’ont réalisé que 15 hl/ha au lieu de 52 hl/ha ! Résultat, 350 à 500 viticulteurs sont en graves difficultés financières. « Les grands médias oublient de parler de ce drame », s’indignait le conseiller général du canton qui espère néanmoins que le « ministre du Redressement productif entendra » les atouts du Beaujolais.
Président de l’ODG du cru moulin-à-vent, Denis Chastel Sauzet évoquait également d'autres formes de « craintes » « face aux difficultés » : « nous faisons parti d’un grand bassin viticole, intéressant. Mais nous nous devons, pour qu’il ait du sens, d’unifier nos pratiques. Or, nous continuons d’avoir chacun nos propres règles ». Un message clair en direction des administrations et de la Bourgogne. « Ne créez pas de faux espoirs ou donnez nous les moyens d’éliminer les pratiques d’un autre siècle », terminait-il.

Marchés déstabilisés sur le moyen terme



En attendant, de jeunes vignerons – et des moins jeunes – sont obligés de quitter le métier et les communes. Le négoce de la Grande Bourgogne est à la recherche de belles opportunités foncières.
Les marchés sont également déstabilisés. Traditionnellement, le cru moulin-à-vent se vend le double de l’appellation beaujolais, ce qui voudrait dire cette année, une hausse de +60 % du prix, « ce qui n’est pas raisonnable ».
« Les prix ne compenseront pas les pertes de rendements », alerte Robert Martin. Le président de l’Union viticole de Saône-et-Loire en « appelait aux négoces pour offrir des prix rémunérateurs et stables » dans le temps : « il en va de la survie de notre vignoble ».
Les "gros" négoces européens profiteront-ils - prochainement - de la libéralisation des droits de plantation pour venir s’implanter massivement, face aux viticulteurs et négoces historiques ? Le sénateur-maire de Mâcon, Jean-Patrick Courtois, parlait là de « handicap juridique » avec cette libéralisation actée à Bruxelles : « je ne pense pas que ce soit le moment de le faire ». Pour lui, alors que le commerce extérieur de la France est « catastrophique », c’est bel et bien « l’agriculture qui tire la balance », notamment les vins et spiritueux. « Il faut que les hommes politiques en soient conscients ! ».


Gilles Paris, président de la Fédération des crus du Beaujolais



Une année pour réfléchir

Même si la récolte est très déficitaire et si les prix ne compenseront pas, il ne faut pas être pessimiste. Aujourd’hui, il faut des aides, même si malheureusement nous ne pourrons pas sauver tout le monde. Les collectivités, les banques, la MSA… doivent aider ceux qui ont envie d’être sauvés car les aides globales ne font au final que du saupoudrage. L’accompagnement est essentiel, notamment pour faciliter les reconversions. Nous négocions à FranceAgriMer un plan collectif local sur 3 ans avec des aides à la restructuration. Nous cherchons également à obtenir une année blanche bancaire. Un guichet unique a été mis en place à la préfecture du Rhône.

Avec des prix à 240 € pour le beaujolais nouveau et avec des volumes vendus quasi identiques à d’autres années à 20.000 hl près, 2012 montre qu’après des années à vivre sur le fil du rasoir, ce prix n’a rien d'exceptionnel, loin de là. Il est tout simplement "normal". Même si on restructure dans le futur, les crus doivent passer les 300 €, jusqu’à 400 €, au vu de la qualité des produits et n’ayant pas de souci de positionnement sur les marchés. Il faut valoriser son produit. Ce n’est pas vrai qu’on ne revoit pas souvent des années ainsi. 2003 n’est pas si vieux.

C’est donc surtout une année pour réfléchir. On comprend qu’on ne peut augmenter par trois le prix de vente aux clients. Mais, avec des prix de vente "réels bouteilles", la revalorisation sera plus facile. Après le rendement est un autre problème, les marges permettent de lisser sur plusieurs années.


Images